Trois semaines après le choc né de la détresse d’Alexis Beka Beka, le Gym essaie d’évacuer le traumatisme et de conserver le lien avec son milieu.

Comment vit-on cela ? Comment, alors que sportivement la dynamique n’a jamais semblé aussi solide (Nice est la seule équipe encore invaincue en Ligue 1 cette saison), un groupe affronte-t-il l’absence de l’un des siens pour de telles raisons médicales ?

 

Depuis trois semaines et cette matinée d’effroi, où le club azu- réen a été suspendu aux nouvel- les venant d’un viaduc, à dix kilomètres du centre d’entraînement du Gym, duquel Alexis Beka Beka menaçait de sauter, Nice a connu, hors terrain, d’encombrants épisodes. Entre la suspension de Youcef Atal pour une publication polémique  et le « rire gate » de Jean-Clair Todibo (*) avec les Bleus. Et pour- tant, il flotte toujours au-dessus de l’OGC Nice une ombre. Celle d’un jeune milieu de 22 ans, en souffrance psychologique et désormais hospitalisé dans un établissement de la région.

 

Passé le choc – certains de ses coéquipiers souhaitaient se rendre sur le viaduc pour tenter de le dissuader –, dans les premières heures ou les jours qui ont suivi, des joueurs Niçois, entre stupéfaction et tristesse, se sont refait le film de ces dernières semaines. Ces absences ponctuelles de Beka Beka depuis fin juillet, ces séances aussi où l’ex-Caennais, d’ordinaire si solaire, paraissait comme las, déconnecté de la réalité et du jeu.

 

Le joueur n’a plus de contacts avec le club

 

Face à l’événement, les uns se sont réfugiés dans la prière, les autres ont souhaité zapper le sujet rapidement. Comme pour mieux l’éloigner. Peu mesuraient vraiment le degré de souffrance de leur jeune coéquipier. Les dirigeants, jamais encore confrontés à ce type de maux, ont tenté d’y faire face. En aménageant ses horaires ou en cherchant des solutions de prise en charge, notamment via la psychologue du club Sophie Huguet, choquée et placée en repos après les événements.

 

Depuis cette matinée du 29 septembre, le Gym, qui a réuni ses salariés pour un moment d’échange quelques heures après, s’est réfugié dans le silence. Au nom du secret médical d’abord, mais aussi par obliga- tion. Les médecins actuellement en charge du suivi du milieu ont demandé qu’il n’y ait plus de contacts avec le club.

 

Des coéquipiers au soutien de sa famille

 

Les joueurs de Nice, comme des dizaines d’autres croisés au cen- tre de formation à Caen, en équipe de France de jeunes ou au Loko- motiv Moscou (où Beka-Beka a joué de 2021 à 2022), ont pourtant tenté leurs chances en lui envoyant des vidéos ou des messages. Des messages de soutien, d’affection, d’amour envers l’un des leurs dont ils n’appréhendaient pas, jusque-là, la douleur. Avec, compte tenu du contexte, des retours épars. En interne, au club, le sujet survient ponctuellement. En aparté. « Les gens en parlent un peu, par pudeur sans doute. Ils demandent des nouvelles mais il y a peu de retours. On attend d’avoir des nouvelles officielle- ment », détaille un salarié du Gym.

 

Le lien est maintenu par le mé- decin du club, qui est en relation régulière avec l’équipe médicale qui entoure le joueur, et par le directeur sportif Florent Ghisolfi qui s’enquiert très régulièrement, via la famille, de l’évolution de l’état de son jeune milieu.

 

Certains joueurs, dont Todibo, ont proposé de mettre à disposition de la famille de Beka Bekatout ce dont elle aurait besoin pour, dans une région qui n’est pas la leur – ils sont originaires de Normandie – pour traverser au mieux cette épreuve. Au club, on veut lui offrir un contexte apaisant : « L’objectif est qu’on ne soit pas une source de stress pour lui et qu’il puisse se remettre dans de bonnes conditions. On sera présents pour lui », explique-t-on au Gym. Chacun sait que la route vers un possible retour au haut niveau sera longue. 

 

(*) Le défenseur niçois s’était vu reprocher d’avoir ri lors de la minute de silence aux Pays-Bas.