Il ne faut jamais toucher à l'Aiglon. Jamais !


Il y a une vingtaine d'année, déjà, ils avaient voulu nous traîner dans la boue. C'était à Coubertin. Bien sûr ce n'était déjà pas bien malin de lancer des pétards sur le terrain. Mais les pétards s'étaient miraculeusement transformés en boules de pétanque et le dénommé Chabert avait été pris, finalement, d'un malaise diplomatique, son équipe étant menée 0-1. Quel déchaînement de haine, il faut le dire, RACISTE, avions-nous subi alors, et cela jusqu'à l'Assemblée Nationale. Les Niçois étaient devenus, dans les colonnes de l'impayable France Football, de "dangereux récidivistes", des "animaux". Oui, on parlait bien de racisme.

 

 

 


Et pour quel résultat ? La bande à Pablito enchaîna les succès sur un terrain "neutre" envahi par les supporters rouges et noirs et décrochait son maintien en deuxième division, avant d'aller chercher la montée l'année suivante. On ne terrasse jamais l'Aigle niçois. Mefi !


Aujourd'hui, n'en doutons pas, ils vont encore s'en donner à cœur-joie. Pensez-vous, le terrain envahi. Des joueurs courant pour échapper à quelques excités. De quoi, assurément mettre en péril la République. On va tous les voir radiner, les donneurs de leçon cathodiques, les frustrés du micro. Ils vont pouvoir déblatérer leur haine du Niçois, ce quasi rital, ce Sud mafieux, pourri, où il fait trop chaud, trop beau, où la mer est trop belle et trop bleue, où ils ne peuvent résider que deux malheureuses semaines dans l'année. Racistes. Ces ânes bâtés qui se piquent de connaître le football et qui, pourtant, ne savent rien de l'histoire du plus chaud derby de France, Nice-Bastia. Eux qui voudraient qu'un presque demi-siècle de rivalité méditerranéenne se solde par des échanges courtois sur et en dehors du terrain. Eux qui confondent le football avec le patinage artistique. Eux qui stigmatisent le peuple et le méprisent, affectant de penser que la populace devrait se plier à leurs codes, à leur vision consuméro-capitaliste de la société bien rangée des élites. Eux qui achètent Télérama sans avoir la télé à la maison. Les mêmes qui, le soir, chez Calvi, portent un costard trois pièces et, du haut de leurs 15 000 euros gagnés par mois en rédigeant trois papiers ou en donnant 10 heures de cours s'intitulant pompeusement "spécialistes", , demandent aux trimards-smicards de "faire des efforts".


Bref, les parasites. Les nuisibles, qui ont opinion sur tout et pignon sur Tube. Des connards, quoi !


Certes, la connerie est assez bien répartie en ce monde. A commencer par le dénommé Leca, dont la provocation, sans doute concertée et préméditée, ne pouvait que mettre le feu aux poudres. Après tout, on existe comme on peut lorsque l'on est, selon le (bon) mot de Bosetti le "remplaçant du remplaçant". Mais au fond, elle est dans l'esprit du derby cette provocation, et ce n'est donc pas elle, en soi, que nous lui reprochons. Le problème est ailleurs. Leca est vraiment la quintessence de la culture corse. Le bonhomme joue les marioles, sachant qu'au moindre mouvement de foule, une armée de stadiers est sommée de donner sa vie pour lui. Qu'il est facile de faire les cadors derrière un service d'ordre ou devant les caméras. Pauvre imbécile qui, tout penaud, vient jouer les pauvres victimes à la télé, là où son seul courage aurait été d'assumer sa provocation. Bref, fort avec les faibles, faible avec les forts, et victime en toutes circonstances. En somme, un Corse. Sans parler des autorités, une fois de plus en dessous de tout, ayant pondu un arrêté liberticide de plus, ayant privé le derby de sa passion et ayant créé l'incident. Si les Corses avaient pu se déplacer et brandir légitimement l'emblème de leur culture et de leur terre, rien ne se serait passé. Il n'y a qu'un préfet ou un maire de Nice "motodidacte" pour penser qu'il est "républicain" d'interdire un drapeau. Et pour finir, les supporters qui ont envahi massivement le stade. Là, on pourra toujours parler de défense de l'honneur. Chacun aura son opinion, mais on observera qu'à partir du moment où l'on sait la sanction inévitable, c'est prendre une bien grande responsabilité, à une poignée, de priver de matchs à venir 20 000 personnes. Alors, oui, bien sûr, il était difficile d'organiser un référendum avant d'agir. Et que dire des crétins qui, tout en courant vers le feu de l'action, se faisaient des selfies ? Défense de l'honneur ou culture préadolescente du "j'y étais et chuis un fouale" ? Bref, rien de bien malin non plus.


Mais le problème n'est vraiment pas là.



Tout d'abord, il y a dix ans, tout cela aurait fait deux lignes dans l'Equipe et 12 secondes à "Télé Foot". Et politiques comme journalistes auraient traité l'incident pour ce qu'il est : le non-événement par excellence. Zéro blessé, pas le moindre bleu. Zéro dégradation, pas le moindre vandalisme. Durée de la pagaille : 1 minute trente. Il y a de quoi mobiliser les instances du football. Assurément. Il est vrai que s'attaquer à l'arbitrage, à l'impunité des gros clubs (au fait, Marseille et Bordeaux, combien de points volés cette saison, déjà ???), c'est vraiment secondaire.


Et puis surtout, quoi que l'on pense de la réaction des supporters niçois, complètement hors sujets dans le foot moderne mais ô combien à sa place et légitime dans un football populaire qui n'ignore pas la vraie culture du derby et des rivalités régionales, ces supporters sont les nôtres. Les sanctions seront donc aussi les nôtres. Il ne sera pas dit qu'un joueur de Bastia pourra venir provoquer le peuple niçois sur ses terres. Nous en sommes tous fiers. Nous devons donc TOUS en subir la sanction, injuste, totalement disproportionnée, voire incongrue, dans l'unité et le rassemblement.


Allons plus loin. Que les autorités discréditées (Luzenac, ça ne vous dit rien ?) nous frappent le plus fort possible. Notre rassemblement n'en sera que plus complet, autour des frères condamnés, autour de nos joueurs, qui, s'ils ont perdu le match, à l'image de Didier Digard, ont aussi montré qu'ils partageaient notre vision du football, notre culture, et d'une manière générale, autour de notre club et de notre identité. Mefi, sieu Nissart, degun m'esquissa ! Voila qui pourrait bien ranimer la flamme vacillante autour d'une équipe que l'on dit volontiers sans âme et d'un club devenu bien propret à l'image de son stade, qui attendait sans doute son "baptême du feu!". Comme après la "boule de pétanque de Coubertin", la "charge génocidaire des escadrons de la mort fascistes niçois" n'aura qu'un résultat : nous rassembler, nous rendre plus fort.


Parce qu'on ne touche JAMAIS impunément à l'Aiglon !

 

 

Crédits Photos:  CDS, France3, Canal+, l'Equipe et ogcnice.info