Rentrée des classes. Début septembre, c’est la rentrée des classes. Le train-train du quotidien qui recommence, la sarabande des cartables, le ballet des bagnoles à la sortie des écoles, et bientôt les premières notes et les premiers mots sur les carnets. La rentrée quoi !

 

Les footballeurs rentrent en août, en juillet, même, car il paraît que tout cela réclame un petit peu de préparation. Mais la reprise du championnat marque toujours, au fond, le début de la fin des vacances. La rentrée du Gym, c’est beaucoup de promesses, une belle victoire à l’extérieur, toute en envie et en maîtrise, un nul solide contre une grosse équipe et 44 minutes de rêve chez le leader. C’est aussi beaucoup de déception : 46 minutes de cauchemar à Bordeaux, et un Nice-Montpellier catastrophique, cataclysmique.

 

Est-ce l’heure des premiers bilans ? Non. Trop tôt. On le sait, pour les bilans, il faut attendre le premier conseil de classe, un bon trimestre de travail pour être fixé sur la valeur de chacun. Qui pourra croire que Boulogne continuera sur le même rythme, qui avalera que Lille sera en L2 l’an prochain ? Non, il est trop tôt pour être fixé sur quoi que ce soit. Et puis, est-ce du Nice du Chaudron ou du Nice du Ray contre les Héraultais que l’on parle ? Pour autant, s’il est trop tôt en cette période de rentrée, pour s’exercer au bilan, on peut se laisser aller à quelques observations.

 

La rentrée c’est toujours une période délicate. On le sait, les petits dorment mal la veille du grand jour… Et parfois, ce sont les parents qui se retrouvent la larme à l’œil. On se cherche, on s’observe, les pitchouns veulent savoir ce que le prof a dans le ventre ; le prof veut rester le seul maître à bord. La complicité, ce sera pour plus tard. Et puis, à la rentrée, on découvre la « classe supérieure » (enfin, quand tout va bien). C’est toujours intimidant de franchir un pallier. Pour certains, il s’agit même de changer d’école, de quitter celle des petits pour le collège ou le lycée des grands, voir l’université des adultes. Pas une mince affaire tout ça.

 

Vous allez me dire, « mais le Gym est en L1 depuis 7 ans » ! Ah, oui, mais voilà, entre temps on a quitté un staff et on en a retrouvé un autre. Ce n’est pas rien ! Certains cadres, vieux briscards de L1, des Rool ou des Kanté, sont partis. Le Gym repart « pour un nouveau cycle ».

 

Prenons le coach, justement. Didier Ollé-Nicole a déjà quitté l’école élémentaire du professionnalisme, le National, pour le collège, la L2. Et Clermont, qui, si elle est une ville de ballon, n’est pas à proprement parler une terre de ballon rond, s’en porte à merveille. Car Clermont en L2, c’est un peu comme Lorient en L1…Un petit miracle permanent. Mais voilà, là, c’est le lycée. « M. Ollé-Nicole est un élève travailleur, appliqué, qui se donne tous les moyens pour réaliser son objectif professionnel et obtenir des résultats très satisfaisants. Tableau d’honneur », aurait-on pu lire sur son bulletin de notes, dans la case « appréciation générale », rédigé de la main de « M. le Principal de la L2 »… Mais voilà, si après le premier match, on aurait volontiers noté un « de l’imagination, de la perspicacité », si après Rennes on aurait opté pour un « travail sérieux, ensemble solide », si après Bordeaux, conciliant on aurait pu écrire « Un accident de parcours lié à un exercice proposé particulièrement ardu », on aura tous envie de noter après Montpellier à l’élève Ollé-Nicole le fameux « plus proche de la porte que de la moyenne », que plus d’un enseignant rêverait de coller à un cancre.

 

Mais Didier Ollé-Nicole est-il un cancre ? Non. Ca se saurait. A-t-il du mal à s’adapter à la classe supérieure ? Sûrement. Et comment en serait-il autrement, avec le départ des cadres, l’amertume d’un exercice précédent avorté, une défense en chocolat ? Mais il nous semble surtout que Didier Ollé-Nicole souffre en ce début d’exercice d’un syndrome que connaissent tous les élèves passés en classes supérieure : la volonté de trop bien faire. Ollé-Nicole sait que la L1, c’est difficile, alors il bosse, bosse, bosse, réfléchit, pense, imagine. Trop. Son duo Ben Saada-Traoré, anciens abonnés du banc il y a peu, a fait des étincelles à Saint Etienne. L’imagination paye parfois. Mais pas toujours. Parce qu’il avait avec prudence géré le nul contre Rennes, l’élève Ollé-Nicole s’est dit qu’il devait oser d’avantage. Erreur… de débutant. A 2-0 à Bordeaux, un vieux briscard aurait fermé la porte pour éviter l’humiliation. Contre Montpellier, Ollé-Nicole a voulu soigner le mal par le mal en alignant une équipe ultra offensive, en cherchant à mobiliser tout son groupe, entraînant la titularisation de joueurs loin de leur poste, un Hellbuyck latéral gauche (nécessité oblige, tout de même !), Bamogo milieu ou Mouloungui, pur joueur de tête, ailier gauche. Pas l’idéal pour se rassurer. M. Ollé-Nicole, le mieux est l’ennemi du bien, et il n’y a que vous à vous être adressé des reproches après le nul de Rennes.

 

Mais voilà, Ollé-Nicole a une qualité qui plaît aux profs. Il assume. Il reconnaît ses erreurs et cherche à comprendre les raisons de ses échecs. C’est la seule qualité qui permette de progresser. Ca nous change au Gym, on n’avait pas connu ça depuis longtemps. Alors il y a fort à parier que l’élève Ollé-Nicole va vite remédier à tout ça. Et il y a fort à parier que le Gym reprendra avec lui sa progression et que les compositions d’équipe reflèteront vite un esprit « chasse au points » qui est hélas le lot d’une quinzaine d’équipes en L1. Ollé-Nicole a payé pour apprendre, mais il a appris. C’est en soi un progrès.

 

La rentrée, ce sont aussi des petits nouveaux dans la classe, les départs, les arrivées. Tiens d’ailleurs, le cancre des cancres, Moussilou, élément ayant récolté chaque trimestre depuis son arrivée les « avertissements travail », auxquels on aurait dû ajouter la conduite pour foutage de gueule caractérisé, a été viré. Blam ! Conseil de discipline. Ne gangrènera plus la classe. Modeste lui, a redoublé. Bien lui en fasse, il reviendra plus fort en classe supérieure et collectionne déjà les bonnes notes à Angers. Des départs, oui, mais la tête de classe est restée : Rémy, lauréat du concours général de conduite de balle féline est encore avec nous. Le problème, ce sont les tauliers, ceux qui motivaient et rassuraient le groupe à l’approche des examens importants. Remplacés par des petits jeunes ou des seconds couteaux. Résultats, sept buts en deux matches. Mais là aussi, ne condamnons pas trop vite le Gym au redoublement, car un Mabiala a du potentiel, car un Traoré monte en puissance, car un Ben Saada s’épanouit – peut-être fallait-il simplement le faire jouer ? –, parce qu’un Paisley est solide et ne nous fera pas une bourde à chaque match (promis, hein ?). Et puis… la rentrée, c’est toujours pareil, après un mois d’école, il y a toujours un nouveau qui arrive, le nouveau-nouveau. Anthony Mounier. Et là, les amis, vous allez arrêter de tirer la tronche et vite, parce qu’il y a trois mois, si on vous avez promis une attaque Mounier-Bagayoko-Rémy, vous auriez sablé – sans jeu de mot – le champagne non ?

 

Alors, champagne, c’est la rentrée !