Aussi imperturbable devant les attaquants stéphanois que face aux micros à l’heure de commenter sa remarquable performance, Hugo Lloris a réussi hier un de ces matches qui sortent de l’ordinaire. Durant les vingt premières minutes puis les dix dernières de ce duel pour la sixième place, que conserve finalement Nice, le gardien du Gym fut aussi sollicité que le Père Noël début décembre.

 

Dernis, Landrin, Tiéné, Feindouno et Faye ont tour à tour buté sur sa vigilance et sa classe, qui s’exprime par des arrêts d’une grande sobriété, d’un classicisme presque anachronique.

« On ne pouvait espérer mieux qu’un nul, admettait Olivier Echouafni, et Hugo a réussi un très gros match. Après avoir subi quelques critiques, il a remis les choses à leur place. » Le doux Lloris, lui, avoue juste « s’être régalé » dans « une belle ambiance » , et si on lui dit qu’il a écoeuré les attaquants stéphanois, il lève un sourcil étonné, sourit sans ironie et dit juste : « C’est gentil. » Nice, qui porte à six matches sa série sans victoire en L 1 mais qui n’a plus perdu à l’extérieur en Championnat depuis le 6 octobre dernier au Mans (0-2, 10e journée), n’avait sans doute pas les moyens de faire mieux que de défendre son but jusqu’au bout. L’OGCN préserve donc sa 6e place, que lui aurait subtilisée SaintÉtienne en cas de victoire. « On est toujours satisfait d’un nul à l’extérieur, commentera Frédéric Antonetti, ovationné par Geoffroy-Guichard, qui n’a pas oublié son passage au club (2001-2004). Saint-Étienne était en confiance, a mis un gros impact physique durant la première demi-heure et Hugo nous a aidés à rester dans le match. Ensuite, les débats se sont équilibrés, nous avons été plus performants dans les duels, mais on a manqué de confiance et de fraîcheur. »

Un penalty non sifflé pour une faute sur Dernis ?

De fait, les Verts n’auront été inquiétés qu’à deux reprises : sur un précoce tir lointain d’Hellebuyck qui trompa Viviani, tout heureux de voir sa barre le sauver (2e), puis sur une tentative d’Ederson en début de deuxième période (49e). Mais si Saint-Étienne réussit une belle première demi-heure, sous la conduite d’un Feindouno transformé en « Feindounho » tant il multiplia des gestes que l’on chérit au Brésil, la suite fut moins tranchante pour les joueurs de Laurent Roussey. À l’image de Landrin ou de Matuidi, ils subirent un passage à vide important après le repos, et leurs idées furent moins claires. La réussite offensive, si palpable contre Nancy (4-0) et à Caen (3-1) n’était plus là, Lloris si.

« On est déçus, mais pas abattus, pondère Roussey d’une rime assez riche. On espérait évidemment enchaîner une troisième victoire d’affilée et faire un bond au classement, mais on continue d’avancer malgré tout.On a manqué de pep, de percussion et parfois de légèreté sur certains appels. » Jouant allégrement du carton jaune, M. Bré aurait pu changer le cours du match en sifflant un penalty pour une intervention très suspecte de Kanté sur Dernis (33e),mêmesi le Stéphanois avait déjà frappé au moment du contact. « On m’a parlé d’un vrai coup de cisaille sur Dernis », glissa Roussey, sans avoir revu les images. Ce nul, finalement assez logique au vu des efforts trop désordonnés d’un côté et de la belle résistance adverse de l’autre, ne laisse pas un goût trop amer aux Verts. « On vient de prendre sept points en trois matches, on a vu du jeu et il est inutile de se plaindre, plaide Christophe Landrin. Ce n’est pas un coup d’arrêt. » Tout de même un bon coup de frein avant dimanche prochain et une visite au Vélodrome, où l’OM ne laisse guère de points en route depuis plusieurs semaines.

Tout le contraire de Nice à domicile ces derniers temps, comme le rappelle Cyril Jeunechamp. « On vient d’aligner notre dixième match à l’extérieur sans défaite, mais pour bonifier cette performance, il nous faut absolument gagner à nouveauau Ray », analyse l’ancien Rennais.  Le prochain visiteur s’appelle Le Mans, pour un duel de haut de tableau que verront encore de loin les Stéphanois.

 

Les joueurs

L’homme clé : LLORIS (Nice), 8,5

Sur sa ligne ou dans les airs, le gardien du Gym fut extrêmement sollicité en première période et réussit un véritable sans-faute. Ses prises de balle furent souvent très nettes, en particulier devant des frappes lointaines (8e, 11e, 14e). Ensuite, la menace fut plus diffuse mais il maintint sa vigilance (51e, 70e),  jusqu’à une ultime reprise de Maodo Faye (90e + 3).

 

 

SAINT-ÉTIENNE

VIVIANI (5) : faillit être surpris  d’entrée par une frappe d’Hellebuyck(2e). Peu sollicité ensuite, il  gagna un duel face à Ederson (49e).L.

PERRIN (6,5) : nouvelle sortie  convaincante côté droit. Propre défensivement et du jus dans ses montées.

SALL (6) : une ou deux hésitations  au marquage mais il fut précieux dans les airs.

TAVLARIDIS (6) : on vit peu les  attaquants niçois dans l’axe, c’est donc qu’il fit bien son travail.

TIÉNÉ (6,5) : match réussi pour  l’Ivoirien, qui laissa peu d’espaces à Koné et fut très utile dans la construction.

LANDRIN (6) : toujours précieux pour mettre en scène le jeu stéphanois, il baissa de pied au fil des minutes.

MATUIDI (4,5) : prestation décevante.  Des imprécisions et des ballons vite perdus.

PAYET (5,5) : de bonnes idées, du  travail défensif mais il ne fut pas décisif. Remplacé par DABO (61e).

DERNIS (5,5) : moins en réussite, il  força quelques frappes et buta souventsur Lloris. Remplacé par Maodo  FAYE (86e).

P. FEINDOUNO (6,5) : il ne fut pas  décisif mais tenta énormément de choses. Des gestes techniques encore sidérants.

B.GOMIS(5) : rarement en position  de frappe, il parut assez émoussé. Remplacé par ILAN (74e), dont une tête frôla la barre (90e + 2).

 

NICE

LLORIS (8,5) : voir ci-dessus.

JEUNECHAMP (5,5) : des difficultés  en première période mais, au final, un match sérieux.

APAM (6) : duel physique face à  Gomis, qu’il remporta souvent. Placement judicieux.

CID (6) : remplaça en dernière  minute Rool (gastro-entérite). Flotta parfois avant le repos, se reprit ensuite.

KANTÉ (5) : aurait pu être sanctionné d’un penalty (33e). Pas toujours à  son aise sur le flanc gauche.

ECHOUAFNI (5,5) : une mise en  route difficile mais il trouva ses marques en seconde période.

BALMONT (5,5) : il connut lui aussi  des débuts délicats mais son ardeur reste impressionnante. Remplacé par DIAKITÉ (81e).

HELLEBUYCK (6) : trouva la barre  d’une lointaine et inattendue frappe qui aurait pu tout changer. Un joli coup d’oeil par ailleurs.

EDERSON (4) : première période  transparente. Un duel perdu face à Viviani (49e). Remplacé par Mahamane  TRAORÉ (78e).

B. KONÉ (4,5) : peut tellement mieux faire… De rares opportunités.

MODESTE (3,5) : jamais dans le  tempo, il toucha peu de ballons. Remplacé à la pause par BAMOGO (4), qu’on ne vit guère plus.