Ca y est, c'est reparti ! Samedi, le Gym accueille l'ex roi-Lyon pour une ouverture de la saison qui, avouons-le, après l'appétissante mise en bouche du Frioul, a, pour le dire simplement, sacrément de la gueule. C'est surtout que cette saison nous fait envie. Particulièrement. Après une longue nuit de deux saisons et demi, voila enfin, du moins l'espère-t-on, la fin du tunnel. 

 

En fait de tunnel, nous, supporters niçois, pourtant habitués aux sombres perspectives, aux galeries noires et interminables, c'est bien le tunnel du Mont Blanc que nous venons de traverser. Un tunnel qui aurait pu nous mener tout droit dans les entrailles de la L2, nous enterrer peut-être définitivement. Au lieu de cela il y eut pourtant, au cœur de la nuit la plus noire, là bas, tout au bout de cette douloureuse ligne droite pavée de déception et de honte, une lumière, simple chandelle, qui, depuis, n'a cessé de briller plus intensément, pour nous guider vers la sortie. Rappelez-vous, c'était à Nungesser, Nice était mené, Nice était presque en L2. Au fond du trou. Un Nice qui, de toute évidence n'avait pas le ressort - on l'avait tous compris lors de la scandaleuse raclée caennaise - pour s'en sortir tout seul. Et puis le miracle est arrivé au Louis II. Un stade où s'est joué décidément l'avenir du Gym, entre l'égalisation d'Eric Mouloungui, les buts lensois et lyonnais de fin de saison. Miracle. Nous ne l'avions pas mérité. Mais Monaco sans doute encore moins.



 

Cette soirée d'angoisse fut tout de même le couronnement logique d'une longue descente aux enfers entamée il y a plusieurs années. Les raisons sont connues et multiples. Moyens insuffisants ; politique de développement inexistante ; "investissements" catastrophiques sur des joueurs sur-côtés ou inutiles constituant un lourd héritage de la gestion précédente, un boulet même ; erreurs de casting au plus haut niveau. Depuis décembre 2008 a commencé la longue nuit du Gym et la litanie des non-matchs, ponctués de sursauts éphémères et vains. Le Gym avait perdu ses valeurs. On ne s'y battait plus, on entrait sur le terrain pour ne pas perdre… Et encore nous sommes bien charitables dans notre présentation des faits. D'humiliation en humiliation ce fut le cauchemar de Nungesser. Et comme si le malheur entraînait le malheur, le Gym perdait aussi son Kop sud. La dissolution de la Brigade Sud allait peser bien lourd dans la spirale catastrophique, dans cette presque mort annoncée du club. Car le Kop sud est au Gym, ce qui a toujours fait que parmi les sans-grades que nous sommes, les galériens du ballon rond, nous sommes encore là, nous, au plus haut niveau. Tristesse d'un stade vide, qui est passé en trois ans de 11 000 à 8 500 spectateurs, presque muet, pour un spectacle qui en une cinquantaine de matchs n'aura accouché que d'une demi-douzaine de parties de football dignes d'intérêt.

 

Alors, oui, tout cela mis bout à bout, nous devrions aujourd'hui être morts. Mais comme, fort heureusement, la médiocrité est bien partagée, et que nos "amis" du Rocher font n'importe quoi depuis encore plus longtemps que nous, nous sommes là, tous étonnés d'être encore vivants, à l'orée d'une nouvelle saison que l'on s'apprête à déguster avec la boulimie du miraculé.

 

Revenons à cette lueur, tout là-bas, au bout du tunnel. L'improbable chandelle est devenue un phare puissant guidant nos espérances. On a rêvé d'un petro-apparatchik ou d'un Cheikh tout puissant, et ce fut M. Rivère. Qu'à cela ne tienne, lorsqu'on a failli mourir, on ne demande pas la Lune. Un coin de ciel bleu suffira. M. Rivère a déjà tenu ses engagements. Il nous a permis de garder nos meilleurs éléments (Mounier-Digard) et de recruter deux techniciens de valeur (Mériem-Monzon), un ou deux attaquants étant par ailleurs attendus. En moins d'un mois, il a redonné confiance aux supporters et envie aux Ultras de chanter, de bâcher, afin d'offrir à notre bon vieux Ray les adieux qu'il mérite. Surfant sur la politique municipale d'investissement dans le sportif (l'homme est certes passionnés, mais aussi intelligent en affaires !), il a saisi le bon moment pour inscrire son projet au cœur du développement du club enfin relancé. Fin communicant, il ne promet pas l'impossible, mais nous assure qu'il jouera les coups à fond, comme l'a révélé "l'affaire Trezeguet" ; fin politique, il a déjà identifié les supporters qui comptent et les a brossés dans le sens du poil. L'homme est habile. Réussira-t-il ? Nous l'espérons tous. Quoi qu'il en soit, nous nous sentons bel et bien vivants, prêts à croquer dans cette ligue 1 comme rarement auparavant.

 

2002, 2005, sont les dernières fois que nous avons attaqué une saison avec autant d'envie. Pourtant, à chaque fois, ce fut dur. Terrible désillusion strasbourgeoise en 2002, un poussif nul contre Troyes en 2005 dans un 4-3-3 inauguré pour la circonstance et qui allait depuis accompagner le lent déclin du spectacle offert au Ray et transformer lentement mais sûrement en parodie le football qui y sera pratiqué.

 

Alors MEFI !

 

Mais l'essentiel est ailleurs. Nous tous, supporters, nous sommes repris à rêver. A rêver d'un Gym ambitieux, s'appuyant sur un recrutement intelligent (comme il le fut entre 2002 et 2005). A rêver d'une politique de formation des jeunes qui, enfin, après des années de quasi-désert, semble à nouveau porter ses fruits. A rêver d'un mouvement ultra ressuscité par le soutien nouveau trouvé au sein du club et des Niçois en général, à défaut des "premiers" d'entre eux, esclaves serviles de la politique sécuritaire-autoritaire de Sarkozy. A rêver d'une politique municipale d'investissement dans les équipements dont on ose espérer qu'elle n'accouchera plus de ratages monumentaux pour de sombres raisons de concurrence politicienne pour la mairie ou de corruption. A rêver qu'un staff technique, plus que tout autre attaché au Gym et estimable, aura tiré les leçons de son échec évident de l'an dernier (et qui aurait pu être autrement plus dramatique !).

 

Le Gym a, depuis trente ans, raté tous les virages du foot français : soutien de C+ qui lui était promis au milieu des années 1980 et qui, en raison sans doute de l'image catastrophique du médecinisme, a finalement échu à l'OM, fin du financement municipal des clubs au début des années 1990, précipitant le club en L2, grand stade de 1998 qui sera finalement construit à Montpellier, développement indispensable des infrastructure dans les années 2000 et dont aucune (centre d'entraînement ou stade) n'a vu le jour, obligeant le club à évoluer sur le fil du rasoir. Aujourd'hui, un nouveau virage décisif s'offre à lui. Comme une dernière chance, miraculeuse, de combler en quelques années le retard de trois décennies d'incurie. Alors, s'il vous plaît, messieurs les dirigeants, municipaux, administratifs, sportifs, messieurs les joueurs, et toi, public niçois si prompt à bouder les tiens... Ne ratez pas cette ultime courbe du destin, car cette fois-ci, la sortie de route serait bel et bien fatale. Vivants nous sommes, vivants nous resterons !

 

Photos: Webtvmenton, Alex (ogcnice.com), Nice Matin, L'équipe, ogcnice.info-lateralenissart.com