En marge de la rencontre France-Paraguay, Jean Pierre Rivère est revenu pour le journal le Monde sur l'OGC Nice. Extraits:

 

 

Presque un an après l'inauguration de l'Allianz Riviera, quel bilan dressez-vous de l'utilisation de ce nouveau complexe ?

 

C'est un bilan positif pour une multitude de raisons. Déjà, en termes d'image. Le fait d'avoir un outil comme l'Allianz Riviera illustre ce que veut être l'OGC Nice demain et après-demain : un club qui avance et qui se développe. Et sans un grand stade, on ne peut pas grandir. On est passé d'une affluence de 10 000 personnes au Stade du Ray à près de 25 000 personnes cette saison à l'Allianz Riviera. On recevra le FC Barcelone, le 2 août, lors d'un match amical. Ce fut une année de découverte mais on a considérablement élargi notre population de supporters tout en conservant nos plus fidèles. Ce stade est très bien conçu, très agréable. On a un public familial qui est une cible pour nous de plus en plus importante. Sur le plan économique, nous avions été prudents dans nos prévisions initiales.Notre objectif était d'équilibrer nos recettes et nos dépenses pour une première année d'exploitation.


L'OGC Nice dispose-t-il de marges dans ce domaine ?

 

Oui. Nous avons encore énormément de travail à effectuer dans différents domaines tels que le sponsoring afin de dégager des recettes complémentaires. Ce stade est censé incarner un football populaire. Nous n'avons pas augmenté nos tarifs de billetterie alors que les conditions d'accueil n'ont plus rien à voir avec les anciennes. En termes de charges, l'Allianz Riviera est beaucoup plus lourd pour le club que le Ray. Mais notre souhait était que l'ensemble de la population niçoise puisse y accéder.ogcnice.info

 

Qu'en est-il au niveau des abonnements ?

 

Nous avions autour de 15000 abonnés cette saison. Nous en avions un peu moins de 5000 dans l'ancien stade. La saison dernière, nous avions réalisé un très bon parcours (4e de Ligue 1 à l'issue de l'exercice 2012/2013) avec l'arrivée imminente du nouveau stade. Nous sommes en train de lancer la campagne d'abonnements pour la saison 2014-2015. Nous espérons que, malgré la saison plus difficile en terme de résultats, nos supporters nous resteront fidèles et seront aussi nombreux.


A l'été 2012, vous déclariez que Nice allait « basculer dans un nouveau monde » avec l'inauguration prochaine de l'Allianz Riviera…

 

Nous avons un projet sur cinq ans. Il passait notamment par le grand stade. Maintenant, il est là. Il nous a fait basculer dans un autre monde. Nous lançons à l'automne la construction de notre nouveau centre d'entraînement et de formation qui va nous permettre de disposer de vrais outils, de vraies structures qui permettent à un club de grandir. On se donne du temps avec les moyens que nous avons bien évidemment et avons l'ambition que l'OGC Nice soit un club permanent du top 10 et qui, de temps en temps, vienne se positionner en haut de tableau.

Quels sont vos revenus en matière de droits télévisuels ?

 

La répartition est faite en France selon différents critères tels que le classement en championnat au terme de la saison et la notoriété. Aujourd'hui, l'OGC Nice se situe dans ce domaine entre la 12ème et la 13ème place. Nous avons aujourd'hui une visibilité sur nos droits télé sur les six années à venir. Sur les deux prochaines années, les droits à la répartition sont figés et il me semble capital que nous ouvrions entre présidents de clubs un débat dans le but de faire évoluer les choses. Peut-être en s'inspirant de ce qui se fait dans d'autres championnats comme la 1ère League où les écarts de répartition entre le premier et le dernier sont beaucoup plus faibles.

 

Sur le plan sportif, quel bilan tirez-vous de cette saison, qui fut plus difficile que la précédente ?

 

Sur le plan sportif, c'est une saison durant laquelle on a rencontré différents écueils. Il y a eu cette élimination en Ligue Europa qui fut un préjudice sur le plan mental. Cela a été un accident, un accroc qui n'a pas été très bénéfique pour nous, également sur le plan financier. Malheureusement, on a eu énormément de blessés cette année. On essaye de comprendre comment et pourquoi. On s'est retrouvés pendant de longs mois avec beaucoup de cadres blessés. On a dû puiser plus que prévu dans les jeunes. Mais ces derniers sont en période d'apprentissage. Ils ne reproduiront demain et après-demain pas les erreurs qu'ils ont pu commettre aujourd'hui. On a eu de la réussite la saison dernière, ce qui nous a fait défaut cette saison. Nous avons aussi connu quelques soucis d'arbitrage même si je n'ai pas trop l'habitude d'évoquer ça. Néanmoins, le club est resté droit et serein dans cette période délicate. On a gardé notre ligne de conduite. Je tiens à souligner et saluer l'attitude remarquable de nos supporters. On a subi sept défaites d'affilée et ils ont toujours été derrière nous. C'est une immense force. Il faut en tirer une expérience et ne pas commettre les mêmes erreurs la saison prochaine.


Quelle sera votre enveloppe budgétaire la saison prochaine ?

 

On avait budgété la 12e place cette saison mais avons fini 17èmes. Malgré tout, nous gardons l'ambition d'avoir une équipe compétitive la saison prochaine avec un budget avoisinant les 40M€. A notre arrivée en août 2012, nous avions un déficit d'exploitation de onze millions d'euros que nous avons ramené à 5 M€. Nous avons l'ambition d'arriver dans les années à venir à l'équilibre sans vendre de joueurs tout en restant compétitifs sur le plan sportif. Nous avons un coach, Claude Puel, qui a de l'ambition. Notre objectif n'est pas de végéter dans la zone des relégables.

Combien va coûter l'édification de votre centre d'entraînement ?

 

Nous allons bientôt lancer les appels d'offres. Mais j'estimerai le coût à entre 13 et 15 millions d'euros. On aura recours à un emprunt. Nous avons l'ambition d'y développer notre centre de formation afin qu'il devienne une référence dans le grand bassin méditerranéen. Sa mise en service est prévue pour juin 2016. Il se situera très symboliquement au milieu de la future Cité des sports qui elle verra le jour lors du second mandat du maire (UMP Christian Estrosi). Nous avons la chance d'avoir un maire qui est sportif dans l'âme, qui nous soutient et qui est là dans les bons et les mauvais moments. Ce qu'il dit, il le fait. Cet outil est indispensable afin d'offrir un accueil de qualité à nos jeunes qui doivent pouvoir disposer des meilleures conditions de travail. Aujourd'hui, nos outils sont obsolètes. On ne peut pas se vouloir ambitieux sans un centre d'entraînement et de formation aux outils actualisés. Je souligne que malgré cela les résultats scolaires de nos jeunes sont excellents avec un taux de réussite au baccalauréat proche de 100%. Parallèlement, quand une famille nous confie un adolescent, nous avons une responsabilité footballistique mais aussi éducative. Parmi ces ados, il y aura malheureusement beaucoup de déçus. On se substitue donc de temps en temps à l'autorité parentale en leur apprenant ce qu'est la politesse et le respect, afin de leur permettre d'aborder une vie professionnelle hors football dans les meilleures conditions.

 

L'ADN de l'OGC Nice, c'est la formation…

 

Ce nouvel outil va nous permettre de développer notre projet qui s'étend sur le long terme. Dans le football, les choses vont très vite dans un sens ou dans l'autre. Quand nous avons vécu cette série de sept défaites d'affilée, il n'y a jamais eu de volonté de tout remettre en cause, notamment l'entraîneur. On se disait que c'était une mauvaise passe. On ne s'est pas enflammé l'an dernier lorsque nous avons fini 4e. On ne s'est pas inquiété cette saison lorsque nous étions très mal classés. Un vrai travail de fond est effectué dans tous les domaines. Les gens ne voient souvent que les résultats de l'équipe première. C'est compréhensible. Ce travail ne se voit pas aujourd'hui mais il portera ses fruits demain et après-demain. Quand vous ne disposez pas des moyens financiers du PSG et Monaco, vous empruntez ce chemin-là. Un centre de formation permet de nourrir l'équipe première. On a démontré en deux ans qu'on pouvait être la plus jeune équipe de Ligue 1, entraînée par un coach révélateur de talents. Beaucoup de jeunes s'intéressent à notre projet car ils peuvent constater qu'il y a une place pour évoluer au plus haut niveau. D'autres clubs de Ligue 1 ont choisi ce même modèle. Par ailleurs, quand l'équipe première évolue avec des jeunes issus du centre de formation, c'est extrêmement fédérateur pour nos supporters. Il y a une identité « club » qui est très symbolique.


Quel regard portez-vous sur le retour en Ligue des champions de l'AS Monaco, votre voisin et rival régional ?

 

Je suis ravi que l'AS Monaco soit en Ligue 1 avec les moyens dont elle dispose. Cela ne peut que tirer la ligue 1 vers le haut. Nous avons chacun notre modèle et une rivalité très saine.


L'OGC Nice est-il en mesure de reproduire la même performance en Ligue 1 que lors de la saison 2012-2013 ?

 

2012-2013 fut la saison de référence. On a l'ambition de reproduire ce genre de saison. Est-ce l'année prochaine ou celle d'après ?