Alors que l’offre du milliardaire britannique Jim Ratcliffe a accru l’agitation autour de la vente du club, les Niçois préparent quand même la saison prochaine.


Un club de L1 convoité par la plus grosse fortune du Royaume-Uni peut-il fonctionner normalement ? C’est ce qu’essaye de faire l’OGC Nice, qui a communiqué hier la date de reprise du groupe pro, comme si de rien n’était. Ce sera le 1er juillet, au centre d’entraînement, avant le traditionnel stage à la montagne, mais personne ne certifie que les propriétaires n’auront pas changé d’ici là. Président du conseil de surveillance, Chien Lee a bien reçu une offre du milliardaire Jim Ratcliffe (66 ans), déterminé à acheter le club.

 

Le Britannique est passé à l’action en proposant 100 M€, une très belle somme, mais elle ne devrait pas suffire à convaincre tout de suite les actionnaires sino-américains, qui en veulent davantage. Les discussions se poursuivent, le processus de vente n’est surtout pas bloqué et Gauthier Ganaye est plus que jamais un président en sursis. Arrivé le 1er février pour succéder à Jean-Pierre Rivère, qui est parti fâché avec les actionnaires qu’il rêve de déloger grâce à Ratcliffe, l’ancien secrétaire général du RC Lens traverse les turbulences avec une sérénité et un fatalisme désarmants.

 

Il sait qu’il ne maîtrise pas son destin mais se projette quand même, s’est fait installer la fibre à son nouveau domicile niçois et s’est présenté hier devant la direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) pour défendre le projet du Gym avec Sébastien Collin, le directeur administratif et financier. Ils ont répondu à toutes les questions, notamment au sujet de l’emprunt de 22 M€ contracté en décembre par le club auprès d’un fonds luxembourgeois, et ils ont été efficaces puisqu’ils ont obtenu le feu vert sans restriction. Moins clinquant que les ambitions de Ratcliffe, le budget actuel du Gym doit soutenir un mercato préparé depuis l’arrivée en mars de Gilles Grimandi. Le directeur technique travaille en harmonie avec l’entraîneur Patrick Vieira et Ganaye, qui les tient aussi au courant de l’avancée des tractations avec Ratcliffe. En vacances depuis ce week-end, Vieira s’est entretenu hier au téléphone avec les actionnaires, et il a aussi échangé avec Ganaye, qui va rester à Paris cette semaine pour honorer des rendez-vous à la Ligue et avec des agents.

 

« On n’est pas à l’arrêt complet en train d’attendre ce qu’il va se passer », assurait vendredi le président quand on l’a vu au siège du club, où il venait de recevoir Grimandi dans son bureau. Il reste animé par la même volonté et la proposition de Ratcliffe n’a pas bouleversé son quotidien : « Il faut faire en sorte que tout le monde garde le cap malgré une actualité bouillonnante, même si on dépense beaucoup d’énergie à expliquer la situation aux joueurs qui peuvent nous rejoindre. Une relation de confiance doit se lier, et c’est plus difficile quand on parle dans la presse d’un éventuel rachat du club. » Pendant que les supporters rêvent de moyens démesurés, les joueurs qui évoluent déjà à Nice se posent aussi des questions. Ganaye les renseigne comme il peut : « Je suis très transparent sur les éléments en ma possession. Quel que soit le propriétaire du club dans quelques mois, il est important que les personnes travaillent dans la sérénité car ce qu’on fait maintenant a un impact sur l’avenir du club. Ça rend le boulot plus compliqué mais on travaille pour protéger le club dans cette période d’agitation. Mon cas personnel m’importe assez peu. »

 

L’éventuel retour de Fournier ne réjouit pas tout le monde


Il n’a aucune raison de se faire d’illusions en cas de vente, car Ratcliffe a déjà peaufiné son futur organigramme, où figurera Julien Fournier, l’ancien directeur général parti en janvier avec Rivère. L’éventualité de ce retour ne fait pas sourire tout le monde au club, où l’exigence de Fournier et sa dureté n’ont pas laissé que les bons souvenirs liés aux excellents résultats sportifs sous sa direction. Sa réintégration jetterait aussi un voile sur l’avenir de Vieira, qui a peu goûté la façon dont ses anciens patrons ont quitté le navire au milieu du mercato hivernal.

 

L’entraîneur s’était depuis rangé derrière les actionnaires si-no-américains, et il tient désormais une place centrale. Il ne veut plus s’exprimer tant que la situation du club n’est pas éclaircie mais la tendance du moment n’est pas au grand chambardement sur le banc pour lancer l’ère Ratcliffe. Si la situation de Grimandi est plus fragile car il s’est déjà attiré quelques critiques d’agents sur sa façon de travailler, les spéculations autour de son futur ne prendront pas d’épaisseur tant que la vente ne sera pas entérinée. Une seule chose est sûre, à ce stade : le flou ne va pas durer longtemps