Nice attire cette saison des salaires plus importants mais bénéficie de plusieurs prêts de joueurs pour minimiser les risques.



Ambitieux avant de se révéler très décevant cette saison, le Gym (12e de L1) ne change pas sur un point : il est toujours prudent car l’apport financier d’Ineos, l’entreprise du milliardaire britannique Jim Ratcliffe qui a racheté le club en août 2019, reste raisonnable. Décidés à passer un cap l’été dernier, les Niçois ont largement renouvelé leur effectif et leur masse salariale a naturellement gonflé, mais ils utilisent beaucoup les prêts avec option d’achat pour attirer des recrues de classe supérieure. La majorité des plus gros revenus sont ainsi touchés par des joueurs qui appartiennent à d’autres clubs, comme Rony Lopes (Séville FC), William Saliba (Arsenal), Jean-Clair Todibo (FC Barcelone), et Jeff Reine-Adélaïde (Lyon).

 

 

Après avoir dû se précipiter en août 2019 pour acheter des éléments qui peinent à tenir les promesses suscitées (le défenseur Stanley Nsoki notamment), les Niçois sont encore capables d’assumer des salaires importants malgré la crise liée au coronavirus, mais ils minorent les risques en s’engageant sur des durées courtes. «On fait de la gestion d’actifs et de la gestion de risques. On a toujours fonctionné comme ça, par rapport à nos moyens financiers. Il ne s’agissait pas de prêts mais on l’a fait avec Hatem Ben Arfa (2015-2016) ou avec Wesley Sneijder (2017-2018), avec des salaires qu’on peut assumer sur une seule année, explique le directeur du football Julien Fournier, qui n’a pas l’impression d’être très original. Si vous demandez à n’importe quel club ce qu’ils préfèrent, entre acheter un joueur ou avoir un prêt avec option, seuls les fous vous répondront qu’ils veulent ache- ter. Et si vous demandez à un club vendeur, il préférera vendre tout de suite plutôt que prêter. »


Fournier avait déjà tenté un coup similaire la saison dernière avec Adam Ounas, reparti à Naples sans avoir su séduire sur la durée. Le prêt était dans son cas un filet de sécurité qui vaut cette année pour Rony Lopes, en quête de rebond après une saison quasi blanche avec le Séville FC. Ce qu’a montré le milieu offensif jusqu’en début d’année n’incitait pas Nice à lever l’option, tandis que Todibo fait tout pour prolonger son passage. Arrivé lors du mercato d’hiver avec Saliba afin de pallier la grave blessure de Dante, le défenseur réussit à se relancer et il veut absolument rester sur la Côte. Il va être acquis pour une dizaine de millions d’euros par les Niçois, qui n’ont pas obtenu d’option d’achat pour Saliba. Ils songent toutefois à la possibilité de prolonger son prêt si son statut à Arsenal ne s’améliore pas, en s’appuyant sur son bienêtre sportif et sur leur capacité à prendre en charge son salaire.

 


Concilier prêts et vision à long terme

 


Voici un atout central pour accueillir un joueur en prêt, et Nice aimante ainsi des cibles qui paraissaient inaccessibles. Pour Reine-Adélaïde, c’était aussi une question de timing car l’opération s’est conclue à quelques minutes de la fin du mercato de l’été dernier, alors que le milieu se retrouvait dans une impasse à l’OL, qu’il voulait absolument quitter. Un jour plus tôt, un transfert ailleurs était privilégié mais le prêt avec option d’achat est devenu un dernier recours dont a profité Nice, qui souhaite maintenant renégocier l’option pour garder le capitaine des Espoirs malgré sa rupture des ligaments croisés du genou gauche subie le 3 février. Preuve que la stratégie des prêts n’empêche pas de développer une vision à long terme, et que les concours de circonstances peuvent accoucher de situations pérennes.

 

 

Schneiderlin, le revenant anglais

 

Les Niçois ont profité de l’impatriation pour engager l’international français, habitué aux salaires de Premier League.

 


En quête d’expérience dans l’entrejeu, l’OGC Nice a acheté Morgan Schneiderlin à Everton pour plus de 2 M€ l’été dernier. Le transfert ne représente donc pas un grand investissement, mais le salaire d’un joueur qui vient de passer douze saisons en Premier League est souvent inaccessible pour un club de L1. L’international (31 ans, 15 sélections) savait bien qu’il n’allait pas toucher les mêmes revenus en France où il souhaitait rentrer, quitte à écarter des propositions plus rémunératrices.

 


Convoité en Angleterre, il a refusé deux offres ferme, de Russie et de Chine, et a parlé d’un « choix sportif ». Rapides, les négociations ont abouti à la rédaction d’un contrat qui assure 250 000 € par mois au milieu défensif, jusqu’en 2023. Son long séjour en Angleterre lui permet de bénéficier de l’impatriation, qui l’exonère d’une partie de ses impôts sur le revenu (voir page 4). Cet avantage a aidé les Niçois à être attractifs sans faire exploser leur politique salariale, centrée sur les jeunes joueurs qui incarnent une future plus-va-lue. Ce ne sera pas le cas de Schneiderlin qui a été recruté pour apporter immédiatement sur le terrain, ce qui n’est pas encore perceptible car il a plutôt été happé par la mauvaise dynamique du Gym.

 


« Morgan a besoin d’un contexte où on performe et on a été chahutés, c’est difficile d’exprimer ce qu’il peut faire, confie l’entraîneur Adrian Ursea. C’est dû au contexte dans lequel beaucoup de joueurs ont été en difficulté. » Mais le beau contrat de Schneiderlin l’expose plus que les autres.