Nice ne fait pas semblant
L'Équipe
Soucieux d’entretenir la dynamique de son équipe, Patrick Vieira a averti qu’il ne ferait pas tourner ce soir. Irréguliers à cause de leur inefficacité à domicile, les Niçois enchaînent trop peu les bons résultats pour ne pas ressentir pleinement le besoin de valider contre Auxerre leur victoire à Bordeaux (1-0). Dixièmes de L 1, ils ne sont pas accaparés par des objectifs trépidants en Championnat et sont d’autant plus séduits par la Coupe de la Ligue. La réception du dix-huitième de L 2 ne compose pas un obstacle bien effrayant sur le papier, mais Patrick Vieira sait que son équipe est jeune, et son discours prévient tout relâchement : « On veut aller le plus loin possible, c’est important. On ne peut pas se permettre de choisir nos matches. Je ne suis pas dans l’esprit de faire tourner ou de faire des cadeaux. Je vais bâtir une équipe pour gagner, comme je le fais depuis le début de saison. »
Titulaire lors des trois premières journées avant de perdre sa place dans le but au profit de Walter Benitez, Yoan Cardinale devrait donc rester sur le banc ce soir. «Je suis très content de Walter, il est très bien physiquement, n’a aucun problème pour enchaîner les matches, poursuit l'entraîneur azuréen. On a un capital confiance qu’on a envie de garder et qui est important pour la saison. On prend ce match au sérieux et c’est pour ça que je ne ferai pas de changement. »
Sous l'oeil de Seedorf et Pirlo
L’équipe qui a gagné dimanche ne sera toutefois pas reconduite car Dante et Mario Balotelli sont suspendus, tandis que Wylan Cyprien est ménagé. Buteur en Gironde, le milieu envisageait avec appétit la Coupe de la Ligue : « On n’a pas de Coupe d’Europe cette saison, ce sera notre Coupe d’Europe à nous. » Il la commencera dans les tribunes car il a beaucoup joué jusque-là, et le rétablissement de Jean-Victor Makengo laisse à Vieira des solutions dans l’entre-jeu. Il en a aussi devant, avec Myziane Maolida qui doit se relancer et Ignatius Ganago qui remplacera Balotelli. Moins connu, le Camerounais n’est pas moins performant que l’Italien depuis le début de saison, et il a notamment égalisé à Caen (1-1, le 18 août). À dix-neuf ans, il dort encore au centre de formation mais il est déjà un peu plus qu’une promesse. « Je sais que le coach me fait énormément confiance, apprécie-t-il. S’il me voit titulaire, c’est qu’il compte sur moi. Il fait en sorte que je m’améliore sur des points que je n’arrive pas à voir, me montre des trucs. » Hier, il lui a aussi montré de vieux amis, puisque Clarence Seedorf et Andrea Pirlo ont assisté à l’entraînement des Niçois, qui ne pouvaient vraiment pas se relâcher en si bonne compagnie.
Ganago, une étape de plus
Nice Matin
L’attaquant camerounais de 19 ans devrait connaître sa première titularisation chez les pros ce soir
Il devrait vivre sa première titularisation chez les professionnels ce soir. Ignatius Ganago n’est pourtant pas un inconnu pour les suiveurs du Gym. Puissant, le Camerounais a déjà goûté à la Coupe d’Europe (3 matchs) et marqué deux buts en Ligue 1 (9 apparitions). «Mon préféré reste celui que j’ai marqué contre Monaco (4-0), retient l’attaquant de 19 ans qui a vécu son baptême devant la presse hier. Parce que c’était dans le derby!»
Appel en profondeur, feinte de frappe, crochet sur Subasic du droit et finition du gauche. Un enchaînement qui a fait grimper sa cote de popularité chez les supporters, qui lui ont déjà dédié un chant sur le tube “No Limit” de 2 Unlimited, sorti en 1993. «Go, go, Ganago-go, Ganago-go... »
Difficile en effet de fixer des limites à un jeune joueur qui n’a découvert l’Europe qu’en mars 2017. Le buteur des Brasseries du Cameroun venait d’à peine fêter ses 18 ans quand un recruteur azuréen lui a permis de traverser la Méditerranée. Avec hébergement au centre d’entraînement et contrat stagiaire à la clé.
«Je vis encore au centre, je m’y sens bien. Je suis bien nourri, a timidement soufflé le natif de Douala. Vivre ici m’a beaucoup aidé pour m’acclimater, comprendre comment les choses marchaient ici.»
Séduit par le côté «familial du club» et son «beau jeu», Ganago a fait ses armes avec la réserve de Laurent Bonadéi d’abord.
«Un bon apprentissage. J’ai découvert un football physique, des matchs difficiles. On m’a donné du temps de jeu et j’ai marqué des buts, je me sentais bien.»
De quoi attirer l’attention de Lucien Favre en début de saison dernière. «Nice fait jouer beaucoup de jeunes, je savais que j’aurais un jour ma chance. Mais je ne m’attendais pas à ce que ça aille aussi vite, j’étais fier de moi, explique un garçon qui ne regrette pas d’avoir choisi Nice plutôt que Lyon. Ça m’a donné envie de travailler encore plus pour aller plus loin.»
Pas du tout grisé par le succès, l’enfant de Douala, «un joueur travailleur qui croyait en son talent et qui rêvait de devenir professionnel», a épousé le rôle de «grand frère» avec les jeunes du centre de formation. « Ils me demandent comment ça se passe chez les pros, je leur donne des conseils.»
Vieira : « Un joueur qui m’a beaucoup impressionné »
*
« Ganago est un joueur qui m’a beaucoup impressionné, lance Patrick Vieira, admiratif. Il a malheureusement été freiné dans sa progression par pas mal de blessures. Il peut être très intéressant. C’est un profil différent de nos autres attaquants, c’est celui qui aime le plus attaquer l’espace et qui a le plus de présence dans les dix-huit mètres.» « Le coach est très proche des joueurs, il me parle et m’aide beaucoup», atteste l’auteur de l’égalisation à Caen (1-1), qui devrait profiter de la suspension de Super Mario pour débuter la rencontre face à Auxerre. Une faveur de plus de l’attaquant italien pour son cadet. «Balotelli me donne beaucoup de conseils, détaille le jeune buteur. C’est un très bon joueur, qui sent bien le jeu, qui est très adroit devant le but. J’apprends beaucoup de lui. Il me demande toujours de ne pas tirer en force face au but, de chercher à bien placer mon ballon. J’essaie de faire comme lui.»
Et quand un journaliste lui fait remarquer que Super Mario use parfois de la force, “Gana” répond que «Balotelli est abouti, lui. Moi, je ne suis pas complètement adapté au football français. Il y a un changement de rythme, des exigences au haut niveau. Je travaille beaucoup pour apprendre à bien sentir les coups notamment.»
Ça passe par des entrées en jeu convaincantes et une première titularisation en Coupe.