Jim Ratcliffe veut racheter l'OGC Nice

Comme nous vous l'indiquions en exclusivité la semaine dernière, Chien Lee a bien refusé de vendre le club, il y a un mois, grâce à Nice Matin nous savons maintenant qui était derrière cette offre : Jim Ratcliffe. Le milliardaire anglais qui vient de racheter l'équipe cycliste Sky.

 

Son frére Robert gère ce dossier et indique à propos du rendez-vous du début du mois de mars :"Oui, on a eu un rendez-vous. Il a été charmant. C’était il y a un mois environ. La rencontre s’est très bien déroulée, on pensait que ça allait déboucher sur quelque chose puisqu’il m’a indiqué qu’il était ouvert à la vente. On a même visité le centre d’entraînement et le stade avec son accord. Vingt-quatre heures plus tard, on nous a fait savoir qu’il ne voulait plus recevoir d’offre. On a trouvé ça quelque peu surprenant. On n’est pas habitué à ça. Il nous a donné le sentiment qu’il était prêt à vendre le club. On avait un dossier solide, des arguments. On avait effectué une analyse rapide et l’offre de rachat était prête. On ne voulait pas traîner pour préparer la saison prochaine."

 

Concernant l'avenir du club, il précise qu'ils peuvent apporter: " Des investissements conséquents, un plan de développement clair et ambitieux sur le long terme. La Ligue des champions, c’est un objectif bien sûr...et que l'objectif (est d’être à la bagarre avec Marseille, Lyon ou Monaco), mais peut-être pas dès la première saison. Il faut toujours un peu de temps pour que les choses se mettent en place."

 

A propos du choix de Nice, Robert Ratcliffe déclare : "On a regardé beaucoup de clubs, plusieurs championnats… Premièrement, on veut être impliqué dans le football de très haut-niveau et vivre des moments spéciaux, particuliers. Toutes les entreprises ne s’intéressent pas au football. Nous, oui, on veut investir dans ce secteur. La Ligue 1 possède de grands joueurs comme Mbappé et Neymar, quelques-uns des meilleurs du monde. Il y a de belles oppositions, c’est très intéressant. Il y a du spectacle. Ensuite, c’est important pour nous de nous positionner sur un club qui possède une longue histoire, beaucoup de supporters. L’atmosphère d’un club est capitale. On ne veut pas quelque chose de fade. J’ai même appris que les tramways de la ville étaient peints en rouge et noir. Cela veut dire beaucoup de choses sur l’enthousiasme que suscite ce club. On aime vraiment ça. J’ai fait l’erreur de dire que les couleurs du maillot ressemblaient à celles du Milan. En fait, c’est l’inverse (sourires)…. L’histoire d’un club est très importante." A suivre!

 

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Le portrait de Jim Ratcliffe fait par l'Equipe la semaine dernière

 

Milliardaire, partisan du Brexit, le patron d’Ineos, géant de la pétrochimie qui succède à Sky dans le cyclisme, a fait du sport son nouveau terrain de jeu.
Jim Ratcliffe n’est pas vraiment réputé pour ses opinions progressistes, mais le premier mai prochain, date de la fête du travail, sera aussi un peu son jour. Ineos, un géant de la pétrochimie que le milliardaire a fondé il y a un peu plus de vingt ans, prendra alors officiellement le contrôle de l’équipe cycliste phare du peloton, sponsorisée depuis dix ans par Sky. L’investisseur est généreux (environ 40 millions de livres (46,6 M€) par an) et la formation colle parfaitement à son image de Britannique dominateur, controversé et secret. Ratcliffe, qu’un syndicat anglais avait un jour surnommé Dr. No, le méchant dans les James Bond, donne rarement d’interview. Mais il trouve toujours le moyen de se faire entendre, notamment pour critiquer l’Europe, ses taxes et sa législation environnementale, comme il l’a fait en février dernier dans une lettre ouverte au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

 

Anobli l’an dernier, il a trouvé avec le cyclisme un nouveau porte-voix pour faire avancer les affaires d’Ineos, sa compagnie régulièrement critiquée par les associations de défense de l’environnement. L’arrivée d’un sponsor issu de la chimie auprès d’une équipe dont l’actualité a été marquée la saison dernière par un contrôle anormal de son leader (finalement blanchi) au salbutamol, un produit utilisé contre les crises d’asthme, a évidemment fourni un lot de blagues faciles aux railleurs. Mais aussi des quolibets plus circonstanciés. « C’est un changement cruel de voir que le maillot de la campagne Sky Ocean rescue en faveur du nettoyage des océans de la pollution plastique sera remplacé par un maillot faisant la promotion d’Ineos, l’un des plus grands producteurs de plastique en Europe », déplore ainsi Tony Bosworth, un militant de l’association Friends of the earth, impliqué dans la campagne contre les méthodes d’extraction des gaz de schiste, l’une des activités d’Ineos. Ratcliffe a d’ailleurs demandé récemment au gouvernement britannique d’assouplir la régulation sur l’exploitation de ces gisements, qu’il veut notamment établir dans le Yorkshire. Le Yorkshire où son équipe inaugurera son maillot à l’occasion du Tour de la dite région dont la première étape (le 2 mai) passera près de son ancienne école, à Beverley, dans la banlieue de Hull, à l’est de l’Angleterre…

 

Fils de la petite classe moyenne, Jim Ratcliffe a passé ses premières années un peu plus loin, à l’ouest, dans la banlieue de Manchester. Crédité récemment du titre d’homme le plus riche d’Angleterre par le Sunday Times (21 milliards de livres (24,5 Mds €), dont 60 % des parts d’Ineos), il a raconté avoir appris à compter en énumérant les cheminées d’usine qu’il pouvait voir depuis sa chambre. Recruté par un fonds d’investissement américain en 1989 (Advent International), il a fait l’essentiel de sa fortune sur deux coups de dés. Diplômé en ingénierie chimique, il a d’abord acheté à bas prix la division chimique du pétrolier BP, Inspec, en 1992 (qu’il appellera Ineos en 1998), y investissant toutes les économies familiales.« J’ai commencé à l’époque où l’on devait mettre tous ses biens sur la table pour emprunter. J’ai dû engager 100 % du patrimoine que je possédais alors, ma maison, mes économies et même celles de ma femme et de mes enfants », a-t-il confié à la revue de la London Business school, son université. Deux ans plus tard, ses quarante millions de livres investis en valaient cent.

 

En 2005, Jim Ratcliffe a racheté Innovene, une autre filiale de BP à l’envergure beaucoup plus importante, sur un simple coup de fil à neuf milliards de dollars. Lors d’une sortie en VTT dans les montagnes écossaises, le directeur financier du pétrolier britannique lui a en effet expliqué au téléphone que dans le deal, il ajoutait deux raffineries en difficulté (dont celle de Lavéra près de Marseille). Ce qui faisait forcément monter les prix… « On était tout d’un coup en train de racheter deux énormes raffineries et on y connaissait que dalle […] », a raconté Ratcliffe au Sunday Times l’an dernier. Il a réfléchi et donné son accord assis sur un rocher, couvert de boue, alors que ses compagnons de sortie « s’étaient tirés ». Doté d’une ligne impeccable à soixante-six ans, le patron d’Ineos ne pratique pas que le vélo, mais aussi la voile et le ski et il s’est même offert une expédition à moto de trente-trois jours en Afrique, il y a trois ans. Il possède également une société de vêtements de moto (Belstaff) et s’est lancé dans la production d’un 4x4 britannique censé remplacer le Defender dont Land Rover a arrêté la production.

 

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Mais son investissement dans le sport n’a vraiment débuté que récemment. En novembre 2017, quand Ineos a acheté un club de foot suisse, Lausanne Sport, situé à quelques kilomètres de Rolle où le siège de l’entreprise avait été momentanément délocalisé en 2008. Ratcliffe avait alors mis à exécution la menace faite à Gordon Brown, le Premier ministre britannique de l’époque, qui lui refusait un moratoire de six mois sur la TVA. En avril 2018, il a aussi convaincu Ben Ainslie etTeam UK, le défi britannique engagé dans la prochaine Coupe de l’America en 2021, d’accepter son sponsoring, après une soirée dans un pub. « Je voulais juste prendre un gin tonic et ça m’a coûté 110 millions de livres (128 M€) », aurait-il plaisanté après avoir évincé au passage les autres partenaires. Depuis, des associations écologistes militent pour qu’il se retire de ce projet. On dit aussi qu’il aimerait également racheter le club de foot de Chelsea, le quartier de Londres où il réside.

 

Mais cette ambition récente semble plus liée à son envie de lisser son image de « pollueur » plutôt qu’à la volonté de s’offrir un nouveau jouet. « Pour dire les choses franchement, Ineos s’est lancé dans une bonne vieille opération de greenwashing », lance Pascoe Sabido, chercheuse à l’Observatoire de l’Europe industrielle (Corporate Europe Obervatory), une association militante basée à Bruxelles, qui s’intéresse à l’activité des lobbies auprès des institutions européennes. « Les sports dans lesquels il a investi ne sont pas un hasard. Le cyclisme est très populaire et la voile est très liée à l’environnement », abonde Julian Jappert, directeur du think tank Sport et Citoyenneté, basé lui aussi à Bruxelles. Qui pense aussi que tout cela pourrait aussi servir une autre ambition : « C’est un mec qui, clairement, a des envies de mise en lumière politique, alors qu’on est dans un moment de chaos institutionnel. Il représente en Angleterre un courant politique très marqué, pour le Brexit et anti-européen. »

 

En attendant, à Lausanne, Jim Ratcliffe vient de placer son frère Bob à la tête du club descendu en deuxième division, la saison dernière. Et on ne l’a jamais vu à un match, même s’il semble garder une bonne image dans la région où son entreprise participe, de façon minoritaire, à la construction d’un nouveau stade. Au sein de l’équipe Sky, personne ne veut s’exprimer à son sujet avant sa prise de contrôle officielle. Seule l’ancienne star de l’équipe, Bradley Wiggins, a qualifié « d’idéale » l’arrivée d’un sponsor encore plus généreux que Sky.