Roman des aiglons : la cour des miracles

De 2010 à 2012, le club rouge et noir a toujours sauvé in extremis sa peau en Ligue 1. Retour sur ces années sous haute tension marquées par les coachs Ollé Nicolle, Roy et Marsiglia


Mesurer le chemin parcouru par l’OGC Nice lors de la dernière décennie, c’est débuter par une période peu glorieuse, traversée sur un fil, avec des changements d’entraîneur en cours de saison (Ollé-Nicolle par Roy en 2010, Roy par Marsiglia en 2011), des vestiaires en ébullition et des maintiens miraculeux.

Point de départ de ce premier chapitre : le mois de mars 2010. Il y a dix ans, le Gym est un club à la dérive, Didier Ollé-Nicolle un coach qui a perdu le soutien de ses cadres, à commencer par ceux de Lionel Letizi et Olivier Echouafni qu’il a écartés de son projet, sans leur donner d’explications. Arrivé de Clermont pour remplacer Frédéric Antonetti, « DON » est plein de bonnes intentions pour sa première expérience sur un banc en Ligue 1 mais la greffe ne prend pas. Au cœur de l’hiver, lors d’une réunion dans l’intimité du vestiaire après une énième défaite, Ollé-Nicolle s’en prend violemment à ses garçons qu’il compare à des joueurs de DH. Pour Lionel Letizi, revenu deux ans plus tôt pour sauver le club, déjà, c’est la goutte d’eau.

Lionel Letizi pète les plombs


Sous le regard incrédule de ses jeunes partenaires, le gardien se lève et entame un monologue de cinq minutes. Droit dans ses bottes, il affirme, haut et fort, à son entraîneur qu’il n’a pas le niveau, ni les épaules pour mener à bien l’opération maintien. « C’est la seule fois de ma carrière où je suis sorti comme ça de mes gonds, confirme Letizi, dix ans plus tard. Au bout de deux semaines, je savais qu’on allait dans le mur. Je m’en suis voulu par la suite car c’était devant tout le monde. Mais c’était pour le bien du club, qui était en grand danger. En cinq minutes, je lui ai dit tout ce que j’avais sur le cœur. » Ollé-Nicolle ne s’en remettra jamais. Lâché par ses joueurs, « DON » le sera ensuite par le duo Stellardo-Governatori qui avait pourtant prétendu qu’il n’était pas un entraîneur menacé.

Digard : « J’arrive dans un club où plus de dix mecs sont à la CAN »


« En janvier, j’arrive dans un club où il y a une dizaine de mecs à la CAN, se remémore Didier Digard, recruté lors du mercato hivernal, tout comme Renato Civelli, sous l’impulsion d’Eric Roy, alors directeur sportif du club azuréen. Je me dis rapidement qu’il y a un problème. Et puis, je vois des mecs vraiment pas bien, qui tirent la gueule parce qu’ils ne jouent pas. » A la tête de l’exécutif depuis septembre après avoir éjecté Maurice Cohen, Gilbert Stellardo et Patrick Governatori, convaincus par Echouafni et Letizi, décident de faire confiance à des hommes du cru pour sauver la patrie.

Le 9 mars, le triumvirat Roy-Marsiglia-Gioria est intronisé. « Ce staff 100 % niçois, c’était vraiment la bonne idée, affirme Digard. Ça a donné un nouveau souffle. En réalité, avec eux, j’ai toujours su qu’on allait se maintenir. » Avant d’accepter ce challenge hautement périlleux, les trois hommes se réunissent au deuxième étage de l’ancien siège du club. Roy n’a jamais été entraîneur mais part au front, alors qu’il avait dans un premier temps préparé une liste de successeurs potentiels à Ollé-Nicolle. Il est épaulé de deux adjoints qui se connaissent par cœur depuis plusieurs années. « En quelques heures, on a dû monter un staff, glisse Roy. Il a fallu improviser, avoir les bonnes idées. On devait se serrer les coudes pour sauver le club. C’était notre unique motivation, on ne s’est pas défilé. »

Patrick Governatori, le DG, n’est pas totalement convaincu et garde le contact avec Rolland Courbis, dont le nom revient avec insistance pour devenir le futur coach de l’OGC Nice. Celui d’Elie Baup est également évoqué mais le trio « made in Nice » est finalement intronisé à quelques jours d’un déplacement périlleux au Mans, décisif dans la course au maintien. Dans la Sarthe, le Gym s’en sort par bonheur grâce à un but de Loïc Rémy. « C’était ma grande première sur un banc, ma première causerie, mais il n’y avait aucune peur, aucune crainte, jure Roy. Pourtant, je savais qu’en tant que Niçois, j’allais être plus exposé, prendre plus de coups. » « Il y avait de forts caractères dans cette équipe, des vrais morts de faim, se rappelle Digard. Et puis, on avait Loïc (Rémy)…»

 

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Vidéo de la sison 2009/2010