Roman des aiglons : Rivère, le coup d’avance + vidéos

Arrivé à la tête du club en 2011, Jean-Pierre Rivère a donné une autre dimension au Gym


Il n’avait pas tout prédit, mais presque. L’intuition, voilà ce qui a toujours accompagné et guidé Jean-Pierre Rivère lors de son parcours professionnel. Une philosophie qui lui a permis, dans une première vie, de bâtir en 1996 une société immobilière – ISelection – de près de 200 salariés, dont il a légué 80 % des parts, en 2005 puis en 2008, à la Caisse d’Epargne contre environ 100 millions d’euros. Cette coquette somme lui a permis « de mettre sa famille et ses enfants à l’abri, l’essentiel », comme il dit souvent et lui ouvrir de nouvelles perspectives dans le milieu du football.

 

« Que vas-tu faire dans cette galère ? »


A Nice, où il a déménagé à l’âge de 10 ans en compagnie de son père, employé à EDF, sa mère, femme au foyer, son frère et sa sœur. Elevé aux exploits des Baratelli, Huck, Guillou, Jouve et Bjekovic, sans être non plus un fanatique absolu, Rivère est devenu, par le biais de son entreprise, un partenaire privilégié de son club de cœur. « Pas plus que ça, non plus, précise-t-il. J’avais 3, 4 places pour chaque match au Ray. »

 

En 2011, quand il se rapproche de Gilbert Stellardo pour racheter 51 % des parts de l’OGC Nice contre un versement de douze millions d’euros, « JPR » a l’intime conviction qu’il peut refaire de son club de cœur une place forte dans le paysage du football français. Mais il part de loin, très loin même… Le Gym n’est alors guidé que par une seule idée, celle de se maintenir en Ligue 1, ni plus, ni moins. « C’est le challenge qui m’a motivé », rembobine Rivère qui avait fait de la formule « on laboure, on sème et on récolte » son slogan de campagne. Pourtant, on lui déconseille l’aventure. « Tellement de gens me disaient : ‘’Mais que vas-tu faire dans cette galère ?’ Dans le foot, on perd toujours de l’argent’’… »

 

« Un petit grain de folie »


Il a d’abord pioché au cours d’une première saison marquée par un maintien lors de la dernière journée à Lyon et la mise à l’écart en novembre d’Eric Roy, celui qui avait joué les entremetteurs pour le faire venir au club. Les deux hommes se connaissent depuis de longues années. Rivère a été le surveillant de Roy, qui connaît également très bien son frère, au Parc Impérial. Ils fréquentent les mêmes endroits sur la Côte d’Azur, leurs femmes se connaissent. Ils font du ski ensemble à Auron, où il est souvent question de l’OGC Nice sur les remontées mécaniques. Charmeur et convaincant, Roy incite Rivère à se rapprocher des anciens actionnaires du club (Stellardo, Governatori, Bacchialoni, Bessi), qui ont contribué à sauver le club, en 2002 (année où Rivère s’était déjà rapproché du Gym en compagnie de Luc Dayan), mais n’ont plus l’intention de remettre la main au pot. Roy, alors coach du Gym, a un plan en tête : il consiste à aider « JPR » à devenir le nouveau propriétaire du club. Ce sera effectif en juillet 2011.

 

A l’époque, Rivère accorde son premier entretien à Nice-Matin (voir deuxième page). « Il savait qu’on travaillait sur son portrait. Il m’a appelé, on s’est rencontré en plein centre de Nice raconte Philippe Camps, chef du service des sports de « NM ». Il avait un plan en tête. Ce n’était pas un illusionniste comme tant d’autres passés par ce club. On sentait l’homme d’affaires réfléchi avec un truc en plus : un petit grain de folie. Ça m’avait marqué... »

 

« Ça semblait trop beau pour être vrai »


Quelques semaines plus tôt, Rivère a rencontré Julien Fournier par l’intermédiaire de… Roy. Le rendez-vous est pris au restaurant la Villa d’Este, à Nice. Fournier sort d’une aventure très courte de président à Strasbourg. Le déjeuner dure près de trois heures. Tout se passe bien mais Fournier rentre chez lui, près d’Aix-en-Provence, tiraillé par le discours de Rivère. « J’avais l’impression qu’il m’avait dit tout ce que je voulais entendre, se souvient-il. Ça semblait trop beau pour être vrai car il était le prototype de la personne avec qui je souhaitais bosser. En réalité, ça a matché de suite entre nous. » Le binôme est formé. Le pacte est signé entre Rivère, prolixe et habile en communication, et Fournier, plus austère au premier abord et missionné pour mettre de l’ordre dans la maison rouge et noire. Lors de l’été 2011, Rivère, fraîchement intronisé président et plein d’allant, passe une journée au club. Il rencontre les salariés et espère rapidement poser les bases de son fameux projet. Or, il prend peur face à l’immensité du chantier et l’état de déconfiture du club, « malgré des forces vives », comme aiment rappeler les deux dirigeants. « Il faut que tu me rejoignes au plus vite, je ne m’en sortirai jamais tout seul », lance Rivère à Fournier, comme un SOS. L’ancien dirigeant de l’OM ne s’attendait également pas à ça, « même si Jean-Pierre ne m’a jamais menti ». Il hallucine lorsqu’il voit les partenaires du club dans les couloirs du Ray, à quelques minutes du coup d’envoi d’un match. Bruno Valencony et David Ospina doivent régulièrement stopper leur échauffement pour prendre une photo avec un supporter ou signer un autographe, dans le couloir menant à la pelouse du Ray. A la mi-temps d’un match, alors que le Gym perd, Fabian Monzon descend dans le vestiaire avec sa fille dans les bras, comme si de rien n’était. « La seule ambition de l’OGC Nice, c’était de se maintenir, reprend Fournier. Sur le long terme, ce n’était pas viable de rester sur cette philosophie avec des joueurs expérimentés et du combat. »

 

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