De là-haut, il doit contempler les matchs du Gym avec son œil rieur, sa bienveillance et se dire que si le club de son cœur en est là, il le doit un peu - beaucoup - à son courage. « C’est grâce à René si on n’est pas descendu, tout simplement », tranche Frédéric Gioria, l’ami fidèle. Tout prédestinait, pourtant, l’OGC Nice à retrouver la Ligue 2, dix ans après l’avoir quittée. Mais il ira gagner à Lyon (4-3), lors de la dernière journée, en mai 2012, avec des buts de Coulibaly, Gonçalves, Lloris et Monzon, qui signera à l’OL quelques mois plus tard. « On a réussi à le vendre sur ce match, Aulas avait adoré », se souvient Fournier, qui avait réussi à récupérer Pied et quelques millions dans la transaction mais avait raté Grenier, en raison d’une blessure de Gourcuff. « L’idée du Pres, ça, qui a failli devenir un coup de maître », avance « JF ».
La soufflante à Fred Gioria
En novembre 2011, alors adjoint, Marsiglia succède à Eric Roy et devient numéro un d’un club de Ligue 1. Une sorte de quête, malgré la maladie et les séances de chimiothérapie hebdomadaires qu’il endure. « C’était un peu comme une consécration, avoue Benjamin, son fils, qui habitait chez son père, lors de cette courte expérience à la tête du Gym. Papa aimait bien sa petite reconnaissance également. Honnêtement, il n’a pas hésité très longtemps avant de prendre sa décision. »
Fred Gioria, lui, est en train de faire ses courses quand il reçoit l’appel de René, lui annonçant que le président Rivère songe à les placer en première ligne. Il freine des deux pieds, ce qui n’amuse pas du tout Marsiglia qui lui passe une soufflante et le convainc de l’accompagner chez « JPR ».
Benjamin, son fils : « Fonce, c’est la chance de ta vie »
« A la base, je lui avais déconseillé d’y aller, confie Roger Ricort, l’intime, qui trois ans après son décès, a du mal à en parler au passé. Il m’appelle et me dit : ‘’Roger, le Pres me propose l’équipe’’. Je suis resté 30 secondes sans parler… En même temps, son état l’empêchait d’avoir peur de quoi que ce soit. Il avait très envie de prouver qu’il était capable d’être un entraîneur de Ligue 1. »
« A la maison, il y avait un vrai clivage, se rappelle son fils. Sa copine ne voulait pas qu’il accepte. Moi, je lui disais : ‘’Fonce, c’est la chance de ta vie’’. En fait, peu importe où ça le menait, il s’était fixé un but ultime : être parmi les 20 coachs dans l’élite. »
Le lendemain de son intronisation, Marsiglia n’est plus le même. « Comme transcendé », glisse Ben, impressionné par la capacité de son père à mettre de côté tous ses maux et tout donner pour l’opération sauvetage. « En fait, le terrain était son traitement, là où il se sentait le mieux. »