Le successeur de René Marsiglia, en 2012, a porté par deux fois le Gym à la quatrième place de L1, synonyme de Ligue Europa, en 4 ans. Un succès marqué aussi par de fortes turbulences
Faire signer Claude Puel a été « une décision fondatrice » pour l’OGC Nice estime Julien Fournier. Un coach demi-finaliste de C1 dans un club qui venait de décrocher sur un fil son maintien en L1, « je ne l’ai pas vu venir », concède Fred Gioria, contraint de voir son ami René Marsiglia remplacé.
« Claude a senti qu’il pouvait repartir sur un projet comme à Lille, qu’il allait avoir la possibilité d’impulser ses idées. Le club avait zéro euro, » glisse Fournier, qui avait évoqué le nom de Claude Puel à Jean-Pierre Rivère au moment de l’éviction de Roy, en novembre 2011.
Installé à La Turbie, l’ex-Monégasque profite d’une année sabbatique au vert après une fin de mandat sabotée à l’OL. Il accepte de rencontrer les deux dirigeants niçois. « Plus par politesse dans un premier temps, » se souvient Fournier. Puel s’imagine plutôt en Espagne mais dès le premier rendez-vous le feeling est bon avec le binôme niçois. Rivère, lui, ne veut plus entendre parler de quelqu’un pour prendre la suite de René Marsiglia. Un souvenir attachant du Gym des années 70 et la toute récente victoire du club en Gambardella font mûrir la réflexion de Puel.
« Il est plusieurs fois venu voir jouer les U15, U17, U19 avant de s’engager, raconte Alain Wathelet, directeur de la pré-formation à l’époque. Il appréciait la qualité de jeu, la volonté de repartir de derrière. » « Il manquait des étages à la fusée, » image Puel.
« Une alchimie parfaite » dès la première saison
Le chantier est déjà conséquent chez les pros. Malgré les contrats non renouvelés (Clerc, Mouloungui, Diakité, Hellebuyck, Sablé) et les ventes (Monzon à Lyon, Mounier à Montpellier), le club est soumis à l’interdiction de recruter à titre onéreux. Puel mise sur des profils techniques libres (Bauthéac, Kolodziejczak, Genevois, Delle, Diaz) ou prêtés (Eysseric). Pas sur des recrues aguerries aux joutes du maintien. « D’abord parce que vous n’êtes pas sûr de vous maintenir. Et ensuite parce que vous êtes sûr en revanche de ne pas pouvoir faire progresser le club » insiste l’actuel coach des Verts, huit ans plus tard. « Il a remis la maîtrise technique au cœur des séances d’entraînement. René Marsiglia avait facilité l’harmonisation dans le club, on lui doit beaucoup, » rend hommage Alexandre Dellal, le préparateur physique. Crampons aux pieds, Puel participe aux petits jeux, met les défenseurs à rude épreuve. « Il arrêtait constamment les séances pour Civelli, il ne voulait plus voir ses longs ballons vers l’avant », se souvient Guy Mengual. Les joueurs se régalent de ses séances, les jeunes s’intègrent et Abriel retrouve un niveau de jeu plus conforme à son statut.
« Il y avait une parfaite alchimie entre des leaders qui incarnaient parfaitement le club (Digard, Civelli, Pejcinovic, Ospina, Mahamane Traoré), et d’autres qui apportaient de la fraîcheur (Bauthéac, Kolodziejczak, Eysseric, Pied), débriefe Julien Fournier. Et l’ami Dario (Cvitanich) sublimait le tout ! »
L’Argentin se morfondait à l’Ajax Amsterdam, il marquera son 19e but de la saison à Ajaccio, succès de la dernière journée qui permet au Gym de terminer 4e. Une trouvaille à 450 000 euros.
« Des entraîneurs auraient voulu un nom en attaque pour se rassurer, pas Claude, observe Serge Recordier, alors responsable de la cellule recrutement. Il a choisi Cvitanich en visionnant quelques images sous le maillot de Pachuca. Pour sa gestuelle, sa technique des deux pieds. » « Dario, on l’a vu débarquer, on ne s’attendait pas à grand-chose, rembobine Digard. Renato (Civelli) passait son temps à le secouer lors des premiers entraînements. Rapidement, il a tout changé. En match, c’était une machine, il ne perdait plus un ballon, marquait tout le temps... La classe. »
Limassol, « une cassure »
« Visionnaire » selon Mengual, « Claude n’est jamais affecté par la blessure d’un titulaire. Il ne cogite pas, mettre un jeune c’est normal ». « Il ne subit pas, ne réfléchit jamais en fonction du résultat », insiste Fournier.
A Chypre, en barrages aller de Ligue Europa, Bryan Constant, 19 ans, évolue en pointe alors que Bauthéac et Cvitanich démarrent sur le banc (2-0). L’unique but de Super Dario au retour ne suffit pas, Nice manque l’occasion de fêter l’entrée dans le nouveau stade avec la Coupe d’Europe. « Une cassure » pour Didier Digard, « un danger que le club n’a pas su éviter » selon Puel. « Les joueurs avaient donné en championnat la saison précédente et s’étaient projetés sur la Coupe d’Europe. Leur objectif numéro 1 n’était plus là. » « L’équipe a perdu son humilité, » résume Julien Fournier, qui n’avait pas prolongé Renato Civelli lors de cet été-là.
Malgré une série de sept défaites consécutives et une 17e place en Ligue 1, les dirigeants prolongent leur entraîneur en octobre 2014. « Les résultats n’étaient que la partie visible de l’iceberg, précise Fournier. Le club a énormément travaillé pendant deux ans. »
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Début de saison 2014