Il parraissait tout calme hier, Franck Dumas, quand il s’est assis dans la salle de presse du stade Michel-d’Ornano. Rien ne laissait deviner qu’intérieurement il était agité par une véritable tempête. Mais, quand l’entraîneur normand a prononcé ses premiers mots, on a compris qu’il était prêt à cracher des flammes. Tenu en échec chez lui par Nice (1-1), Caen vient d’enchaîner sa quatrième sortie sans victoire en Championnat et s’enlise à la 12e place du classement. Cette mauvaise série pourrait bientôt agacer sérieusement l’entraîneur caennais, qui n’a pas résisté à la tentation de pousser un énorme coup de gueule. « Le score n’est pas logique, il est flatteur, a commencé Dumas. Par rapport à ce qu’on l’on faisait l’an dernier, ça devient dangereux. Il doit y avoir une remise en question de la part de certains. S’ils ne le font pas, ce sera moi qui le ferai. »
Mais de quoi parle l’entraîneur normand ? Au delà du résultat sec face à des Niçois volontaires mais peu réalistes, Dumas évoque l’absence de volonté et de réaction de son équipe. Un manque d’ambition tout à fait perceptible hier et qui fait tache pour un club qui s’est construit, depuis sa remontée en L 1 en 2007, sur sa capacité à créer du jeu et à miser sur l’esprit d’initiative. À Lille, la semaine dernière, Dumas avait déjà haussé le ton à la mitemps (0-2).
Comme cela avait plutôt bien fonctionné (2-2, score final), il pensait que les joueurs auraient retenu la leçon.« J’airedemandé lemêmecomportement, lamêmevolonté, et ce soir (hier) j’ai eu l’inverse. Donc, soit je ne parle pas français, soit il y a des joueurs qui veulent mettre l’équipe en danger… Voir ça, ça me fout en l’air. Il y a des choses à respecter. Il faut retrouver de l’humilité et du respect. »
Invité à donner des noms, Dumas a invoqué le secret professionnel. « Ça reste entre les joueurs et moi. » Mais il n’a pas su tenir sa langue suffisamment pour éviter de balancer le nom de Jérémy Sorbon, coupable selon lui d’avoir perdu des ballons trop haut. À la sortie du vestiaire, les joueurs caennais n’avaient pas l’air réellement au courant du coupde sangde leur entraîneur. Ils convenaient quand même que « le collectif était moins bien », que « trois points en quatre matches, c’est trop peu » (Nivet) et qu’ils n’avaient pas réussi « à répondre aux attentes du coach » (Toudic).
Ce dernier leur en touchera certainement deux mots à l’entraînement aujourd’hui. Car Dumas a promis de ne pas en rester là. La situation de Caen n’est pas dramatique, mais l’ancien défenseur de Monaco ne veut pas que les mauvaises habitudes s’installent. Il souhaite donc que les choses changent, même si, à cause des blessures de Deroin, Eluchans et Ben Khalfallah, il n’a pas des tonnes de solutions. « Mais j’ai des joueurs au centre de formation, rappelle- t-il. Et, comme je peux être une tête de con, je suis capable de les faire jouer à Toulouse (dimanche)…» L’avertissement est lancé.