Allez le Gym, bordel !

L'an dernier à la même époque, c'est-à-dire au moment de la reprise du championnat, nous avions pondu un gentil petit article sur la rentrée des classes du Gym. Un article pas énervé du tout, voire, avec le recul, d'une niaiserie certaine. C'était une toute autre époque, "un nouveau départ", comme on le clamait haut et fort à l'époque, avec ses craintes, certes, mais aussi et surtout, ses espoirs. Mais cette année, je suis en colère, rouge et noir de colère ! Fini les gentils petits billets de gentilles petites humeurs. Non ! Pas cette année. Je suis fâché.

 

Mais contre qui, contre quoi ? Pourquoi cet accès de colère estivale ?

 

Eh bien voila. Oui, nous avons un des plus faibles budgets du championnat. Oui, nous avons un déficit, car à force de recruter à tire-larigot des seconds (voire des troisièmes) couteaux et de les payer comme des stars, les plus-values réalisées sur les ventes ne suffisent plus à combler le puits sans fond ainsi creusé. Oui, le feuilleton Loïc Rémy en est déjà à sa troisième saison, assurément la dernière, mais en attendant le recrutement est toujours dans les limbes. Oui, la répression policière s'abat sur les supporters niçois sans discernement et le moins que l'on puisse dire est bien que les propos venus d'en haut peinent à faire oublier la catastrophique saillie médiatique du Louis II.

 

Oui, oui, oui... Et alors, serais-je tenté de dire ? Le Gym s'apprête à vivre sa dixième saison de L1 de rang, ce qui n’était plus arrivé depuis une trentaine d'année. Le Gym est là, toujours là, et bien là. Serions-nous devenus des enfants gâtés ? Regardons plutôt autour de nous... Rares sont les clubs à ne pas être endettés. Rare sont les clubs à recruter. Nice ne parvient pas à vendre Rémy ? Et Rennes avec Gyan, parlons-en ! Et d'une manière plus générale, où en sont les Metz, Nantes, Le Havre, Strasbourg ou Bastia ? Nous, Niçois, sommes toujours debout que je sache !

 

Alors j'entends dire ici ou là que nos dirigeants sont les pires que nous ayons eu. Pourtant les bons présidents Loeuillet ou Boïs n'avaient pu nous éviter des catastrophes sportives. Et malgré toute sa bonne volonté Innocentini avait fini par plonger le Gym dans le gouffre. Et je ne parle là que des présidents "respectables". Certes, ils ne se distinguent ni par leur communication - encore que c'est à se demander si certains ne préfèrent pas les "plans en trois ans" - ni par l'étendue de leur surface financière. Leurs maladresses sont à vrai dire déjà légendaires. Mais bon, après tout, nous sommes toujours là, en L1, prêts à vivre une nouvelle aventure !

 

J'entends aussi dire ici ou là que l'on va droit en L2. Que ce championnat n'aura AUCUN intérêt, que le Gym est condamné et que nous ne verrons "pas de jeu". J'en rigole ! Du jeu ? Quand en a-t-on vu au Ray depuis neuf ans ? Nancy, Valenciennes, St Etienne et compagnie produisent-ils du jeu ? L'équipe ? Elle est la même que celle qui, depuis janvier a redressé la barre en s'achetant une arrière-garde. Apam et Cid sont partis ? La belle affaire. Le premier a empilé les gaffes, et on ne comptait plus sur le second. Reste le problème de Rémy. Et oui, Loïc va partir, et ente nous, il ne l'aura pas volé. Et bien, moi je dis qu'il est temps de faire confiance à ces joueurs que l'on paye bien cher pour cirer le banc, ces Bamogo et Mouloungui qui ont tous démontré à un moment dans leur carrière qu'avec la confiance de leur coach ils étaient des attaquants réguliers, à ses espoirs que sont Poté - très bon et efficace lors de ses trop rares apparitions antérieures - et à un Modeste dont la valeur intrinsèque ne prête pas en soi à discussion, plutôt que de reproduire la même erreur à l'infini et de creuser encore ce fameux puits un peu plus profond en allant chercher au diable vauvert un improbable attaquant de 33 ans en fin de cycle ou un non moins sidérant "jeune espoir" africain.

 

J'irais même plus loin. Et si cette saison le Gym devenait raisonnable, arrêtait de jouer à la roulette russe avec son budget, insufflait, via des joueurs à l'esprit club et un staff de Nissarts un dynamisme nouveau arc-bouté sur des valeurs collectives retrouvées et s'appuyait enfin sur ses ressources propres, sur son vivier ? Certes, nous ne serons pas européens en 2011-2012. Et alors quand, depuis 1978 a-t-on ambitionné de l'être sérieusement ?

 

On lit et on entend ici ou là qu'on ne reprendra pas son abonnement, qu'on ne montera plus au Ray. Eh bien que les grincheux restent chez eux, à faire de la "résistance passive" ou à mesurer la taille de leur pipi pour le comparer à celui du voisin. Cela nous fait bien rire. Comme si l'amour du Gym avait jamais été conditionné à la qualité de l'effectif, aux ambitions (trompeuses, faut-il le répéter) affichées par quelque marchand de rêve frelaté. Restez chez vous, et comme nous nous passionnions déjà pour des attaques Chaouch-Rubenilson, pour des liaisons offensives, Regtop-Sarli, pour des relances de Tony Baffoe ou des transversales de Pascal Françoise, c'est sans peine et sans arrière-pensée que nous vibrerons samedi avec les Civelli, Faé, Mouloungui et autre Mounier, qui, reconnaissons le, ont tout de même d'autres arguments à faire valoir.

 

Alors je suis en colère, parce que le Gym, c'est le Gym. Le Ray c'est un temple, le lieu mystique où converge notre foi. Les officiants ne sont guère charismatiques, les prêches manquent de saveur, le denier du culte bien lourd en période de crise, et le service d'ordre rugueux. Qu'importe, la foi demeure et la liturgie, comme le dogme, sont éternels et les cantiques continueront à s'élever jusqu'aux voûtes célestes. Que les hérétiques restent chez eux à ruminer leur crise de foi. Car en bons fidèles, nous serons là, et si c'est pour assister à une débâcle, il ne sera pas écrit que le Gym aura coulé sans nous.

 

Car samedi, le Gym, vêtu de rouge et noir de ces deux bandes sacrées que portèrent le regretté Nuremberg - qui, lui, montait encore au stade il y a quelques semaines sans arrière pensée et qui, depuis la première loge du Paradis ne manquera pas Nice-VA - les talentueux Loubet, Bjekovic, Bravo ou Bocandé et l'éternel José Cobos, joue un match au Ray.

 

Alors quoi qu'on en pense, allez le Gym, bordel !

 

 

Crédit photos : Kefoune, Thibaud, ogcnissa, ogcnice.info-lateralenissart.com