Je suis un Bisounours !

J'ai mal au Gym. Je quitte le Ray dans des colères noires. Je déprime en suivant les miens à l'extérieur - le plus souvent d'ailleurs sur l'écran de mon ordi, il faut être un fouale pour se déplacer par les temps qui courent… Et je ne parle pas météo ! Je suis partagé entre abattement et désespoir. Je me demande même parfois à quoi tout cela rime. Je suis comme nous tous, au fond, triste. Alors, oui, je pourrais ressasser.

 

Reprendre l'excellent édito du dernier Issa Nissa et me demander au fond, si M. Rivère, qui a conservé un encadrement technique en échec, recruté des joueurs en majorité en échec eux aussi, dont la communication se limite à acheter la paix sociale avec les supporters, poursuit une sorte de « politique » (sportive, car pour le reste toutes les hypothèses sont ouvertes et si cet ami du maire est là aujourd'hui c'est bien pour quelque chose ! ). Mais non, j'ai décidé d'arrêter de broyer du noir et de faire comme si je ne supportais pas ce club depuis bientôt trente ans, comme si je croyais encore aux miracles.

 



Aujourd'hui, je suis un Bisounours, selon l'expression consacrée, je suis Bambi qui fait ses premiers pas dans la forêt. Dimanche, le Gym m'a fait bien plaisir, et une fois n'est pas coutume. Certes, c'était une petite équipe de Paris, avec un Ménez multipliant les mauvais choix et un Néné manquant de réalisme. Certes, M. Varela avait décidé - c'est sans doute pour cela qu'on le voit peu en L1 - d'observer un principe de stricte équité dans son arbitrage, attitude totalement incongrue qui lui vaudra sûrement les foudres des marchands de spectacle. Certes les "Civelleries" qui habituellement se payent cash ne nous valurent que de passagères frayeurs.

 

Alors j'y ai vu un signe, tel Paul sur le chemin de Damas, moi simple supporter du Gym sur la route du purgatoire. Un arbitrage honnête, des adversaires qui s'embrouillent les pinceaux au moment de nous tuer. Et si la saison pouvait basculer ? Premier indice.

 


Quittons le registre de la mystique et intéressons-nous aux faits. Ce match coïncide aussi avec la montée en puissance de Kévin Anin. Alors celui-là, c'est un as ! Puissant, volontaire, dur au mal, inspiré, parfois aussi, dans son jeu porté vers l'avant. Il fut avec Didier Digard, l'artisan de ce bon match. Anin, Grandin - qui a laissé percevoir quelques bonnes choses au Vélodrome et à qui il faut laisser un peu de temps - et le retour des Africains : voila peut-être les clés du renouveau niçois. Lorsqu'on a un joueur comme Mouloungui, qui sait conserver la balle et provoquer devant, un Anin pour harceler l'adversaire en l'empêchant de construire, un Digard à la récupération, un Mounier en forme (il ne l'est, hélas, que par intermittence) sur l'aile gauche (et peut-être un Grandin de l'autre côté), tout est plus facile, et, dans ces conditions, même notre ami Abriel fut à créditer d'un match correct dimanche. Et puis derrière, Monzon prend ses aises et Gomis a réussi un miracle : qui s'angoisse encore de la blessure du pourtant impeccable Pejcenovic ? Rajoutons à cela les retours des polyvalents Coulibaly et Diakité et qui osera prétendre que notre équipe, aujourd'hui, n'est pas armée pour aller chercher le maintien ? Certes, il manque encore le tueur devant, et la blessure de Pentecôte nous fait mal, certes le staff inspire toujours plus de sympathie que de confiance, tant il est l'héritier direct des gabegies antérieures. Certes, le défi demeure colossal.

 

Néanmoins, nous, supporters du Gym, n'avons-nous pas vécu tant de saisons où, donnés pour morts en février, nous nous sauvions en mai (trois depuis la remontée de 2002, une en L2, et la mémorable reconquête de 1990, menant aux barrages contre Strasbourg). Alors pourquoi ne ferions nous pas pareil cette saison ?

 

Et puis, ce serait vraiment trop bête. Deux indices supplémentaires semblent montrer que, d'évidence, nous n'y passerons pas cette année.

 

A saint Isidore, le plus gros chantier du Sud-Est bat son plein. Cette fois-ci, ce ne sont pas d'hypothétiques esquisses qui s'étalent sous nos yeux. Cette fois-ci, qu'on le veuille ou non, et quel que soit notre attachement viscéral au Ray, le Grand stade arrive. Et il sera prêt à accueillir le Gym dans une saison et demie. Nous pouvons rêver à de nouvelles perspectives, à attirer de nouveaux investisseurs désireux de miser sur un club peu cher à l'achat, un outil ultra-moderne financé entièrement par le contribuable ( et oui...), une image hors-norme de capitale de la Riviera.

 

Mais le plus important se joue sans doute en coulisse. Nice-Matin nous apprend que les autorités songent à redonner le feu vert à la reconstitution officielle d'un groupe d'ultras niçois. Nous la savions immortelle, et même si elle ne portera peut-être pas officiellement son vrai nom, (qui sait aujourd'hui que l'OGCNice a changé de nom il y a 20 ans ?), il ne nous manquait plus que d'apprendre qu'elle était ressuscitée (croisons les doigts !).

 

Alors, oui, une fois n'est pas coutume, j'ai envie de faire mon Bisounours, de rêver à une seconde moitié de saison en trombe, à une équipe jouant enfin libérée, à des arbitres intègres, à des circonstances de matchs favorables, à un maintien conquis de haute lutte dans un Ray bouillonnant. Alors nous pourrons nous projeter dans l'ambiance d'un doux rêve collectif. Imaginons une équipe composée de joueurs de qualité, constituée par des investisseurs sérieux dont la seule carte de visite ne se limiterait pas à la carte de l'UMP locale, entrant dans l'Estadi Garibaldi (oui, je suis un Bisounours !), garni par 30 000 fans (Bambi, j'ai dit !) rouges et noirs, entrant sur le terrain. Alors de tout le stade s'élèvera un chant repris à l'unisson. Debout, nous crierons :

 

"Les gens veulent savoir, qui vous êtes !" Et la tribune sud de l'Estadi Garibaldi, jusque là muette répondra dans un grondement que l'on entendra jusqu'au Quai d'Orsay à Paris :

 

"Et nous vous le disons : BRIGADE, BRIGADE, BRIGADE SUD !!!!!!!!!!"