Et au MILIEU, il y avait un stade.

Non, on ne va pas revenir sur le stade de Sainti. Oui, il est beau, fonctionnel, pentu, un vrai stade de foot et à la fois un stade pour tous les publics, du VIP à l'ultra, en passant par la famille. Certes, si on cherche la petite bête on la trouve. La mayo dans les Pans Bagnats. Le sandwich américain frite + coca 50 cl à 6, 50 euros (horreur, dans la rue en bas de chez moi c'est 5, 50 euros !). Certes, pour certains inconsolables du Ray, il n'est pas au Ray et certes, pour d'autres qui croient peut-être encore au Père Noël, ou qui pensent que Gérard Majax n'avait pas de truc, on peut pas vouloir 35 000 Nissarts au stade et être dans son canapé pour jour de foot 20 minutes après la fin du match.

 

 

 

 

Bien sûr on aurait aimé que ce soit le stade du Gym, ou à défaut de la ville de Nice, et échapper au Partenariat Public Privé (PPP), qui mutualise les risques et privatise les profits. Mais de toute manière, que ce soit pour Vinci, l'OGCN ou la mairie de Nice, ou pour tout autre propriétaire, il aurait bien fallu le rentabiliser en dehors des matchs du Gym. Croire que l'on peut avoir un équipement de ce niveau juste pour les Nice-Guingamp c'est d'une naïveté confondante. Bon de là à se taper le Pilou Pilou, y'a de quoi l'avoir mauvaise. Mais tout à un prix, hélas, sauf à revoir les lois du système (chiche ?). Et ceux du BTP sont très élevés, et cela n'a rien avoir avec ce que Dragu le Roumain, Mourad l'Algérien, Pedro l'Espagnol ou Frédo le Français ont touché pour y trimer pendant deux ans. Il paraît même que certains y ont laissé leur peau.

 

Bien sûr, on aurait préféré que l'Estadi Garibaldi voit le jour place Masséna avec un parking sous-terrain relié à des autoroutes souterraines avec sortie personnalisée pour le domicile de chaque abonné. Mais au final on a eu l'Allianz Riviera (on s'en sort pas si mal à condition de prononcer avec l'accent local "Allianceeee" et de zapper le Riviera pour rebondir sur le arena, puisque nous avons à Nice des arènes depuis plus de 2000 ans !). 

 

Et puis les fantasmes catastrophistes ne se sont pas matérialisés. Non les prix ne se sont pas envolés, au contraire, même, l'offre tarifaire est plus diversifiée qu'avant et il s'agit en cela d'un vrai stade populaire, (comprendre capable d'accueillir plus de personnes à budget limité que ce bon vieux Ray et cela dans de bien meilleures conditions). Non, ce n'est pas un stade de rugby et les tribunes ne seront pas rétractées pour le foot. Oui, on est proche du terrain, oui, ça résonne à l'intérieur comme jamais, un Parc des Princes en plus petit, en plus cocotte-minute encore. Alors certes, il restera plein si le Gym joue bien et gagne ses matchs, il sera vide si le Gym se moque du monde, comme souvent, comme au Ray en somme, comme dans n'importe quel stade !

 

Mais ce qui nous a marqué, ce n'est pas ça. Vraiment pas. Ce qui nous a marqué c'est Patriiiiiiiiiiiiiiiiick. La réaction du public niçois fut magnifique, formidable. Je n'ai jamais été aussi fier de nous que ce jour-là, en m'égosillant comme 35 000 autres personnes à siffler ce type, qui, bien sûr, ne m'a jamais rien fait personnellement et du talent réel ou supposé duquel je ne veux pas même parler, cet ex-chanteur pour midinettes des années 1990. Plus que le supporter du PSG - qui peut affirmer que ce Bruel ne fréquente pas plus les VIP de la tribune VIP du Parc que le Parc lui-même ? -, j'ai sifflé un système, j'ai sifflé un milieu.

 

Car, il y a un MILIEU : Bruel connaît Sarkozy, qui connaît Estrosi, qui connaît Ciotti, qui connaissent Rivère, qui connaît Sarkozy qui connaît Bruel. Sarkozy connaît Boudjelal, qui connaît Bruel, qui connaît Boudjelal, qui connaît Labrune, qui connaît Tiriez, qui connaît Sarkozy, qui connaît Bruel........

 

Et comme ça jusqu'à demain matin. Ad nauseam.

 

Sauf que le mec lambda dans sa tribune, qui ne mettra jamais un pied en espace VIP et qui se contente de côtoyer politiques et journalistes dans sa TV, il n'en a rien à foutre. Lui, il ne connaît personne, c'est d'ailleurs pour ça qu'il trime le matin au boulot pour payer sa place. Parce qu'il paye, LUI, pour aller au stade. Et en plus, une fois dans le stade faudrait lui dire ce qu'il doit aimer... musicalement ? Faudrait qu'il écoute la même daube que ces gens "qui se connaissent" et qui, parce qu'ils sont arrivés là où ils en sont essentiellement parce qu'ils se connaissent, ont des goûts de chiotte dictés par les agents et les journalistes qu'ils connaissent ?

 

Non sérieux, là, le mec comprend que, déjà qu'à l'origine on le prend pour un con, puisque lui paye et les autres sont invités, on est en train de le reprendre pour un con derrière. Il devient le con2. Et comme d'applaudir ferait de lui le con3, ou, si vous préférez, un sacré con, il siffle. Il hue tant qu'il peut, parce que contrairement au maire de Nice, qui est le dernier adulte de plus de quinze ans à aimer Bruel (bon je sais, y'aura un rassemblement à Nikaia dans deux semaines), il n'aime pas les ex-chanteurs pour midinettes des années 1990, et il n'aime pas être pris pour un con. Réaction tellement naturelle, inévitable... et prévisible. Et que "les qui se connaissent" n'aient pas anticipé cette colère, montre que, vraiment, les réseaux remplacent avantageusement toute forme d'intelligence. Toute.

 

N'est-ce pas monsieur Estrosi ?

 

Décidemment, au stade comme dans la vie, il y aura toujours nous et eux, et ils ont compris ce soir là qu'ils ne pouvait pas TOUT se permettre, fusse dans le cadre prétendument aseptisé d'un stade moderne qu'il ont voulu et construit. Ils ont réalisé qu''à un moment nous pouvions aussi dire STOP et que le Gym, le foot, ce sport de populo mal élevé, de tricards, ne leur appartiendra JAMAIS.

 

Alors, pas populaire le stade Vinci/Allianz… ? Pas si sûr que ça finalement, pas tant que nous y veillerons en tout cas !

 

 

Photos: la provence, sofoot, gala, pss-archi et ogcnice.info