René Marsiglia n'est plus l'entraîneur de Nice. Sauf surprise de dernière minute, il sera remplacé par Claude Puel. En refusant de confirmer l'information, Jean-Pierre Rivère ménage le sortant plus que le suspense. Il laisse également le club souffler un peu avant d'officialiser - certainement jeudi - la signature de l'ex-coach lyonnais. Hier, le président du Gym a évoqué une deuxième piste. Un leurre pour quelques heures. Il a aussi dit qu'il restait quelques détails à régler. Peut-être la marque des bouteilles d'eau ou la couleur des plots...
Ce sera Puel. C'est là notre intime conviction nourrie au fil des jours par des indiscrétions venues du milieu autorisé, ou pas.
Jean-Pierre Rivère n'était pas dans l'immobilier pour rien. Depuis qu'il est à la tête du Gym, il rêve d'un bâtisseur. D'un homme capable de monter une équipe, de construire un avenir. Ce qu'a réalisé Puel à Lille. ça tombe bien : le président niçois souhaite calquer ses desseins sur le modèle lillois. Pour lui, c'est l'exemple à suivre. À copier.
Comment lui donner tort lorsqu'on voit ce qu'est devenu le LOSC en une dizaine d'années (participation à la Ligue des champions, centre d'entraînement et de formation top niveau, recrutement en or, doublé Coupe-championnat, futur grand stade...). Avec Puel, Jean-Pierre Rivère espère que Nice prendra le même chemin. On en est loin, mais Puel est un coureur de fond, pas un sprinteur. C'est un coach qui s'inscrit dans la durée, parfois même dans la dureté tant il est obsédé par la gagne.
Un homme de projet
Puel marche au projet. « J'ai besoin de challenges. J'ai ça en moi. Je ne prends du plaisir qu'en me fixant des objectifs. Comme à Lille, je peux me lancer dans un nouveau projet de construction d'équipe, de club. Même si au LOSC j'ai dû soulever des montagnes d'énergie pour y arriver. À l'époque, j'avais tellement puisé loin que je me suis dit : plus jamais ça. Aujourd'hui, je suis frais. Remettre les mains dans le cambouis ne me fait pas peur », déclarait-il le 3 avril dans France-Football.
Il veut du cambouis, il va être servi. Le chantier qui l'attend est énorme.
Mais les difficultés ne l'ont jamais fait reculer. Sur le terrain, c'est d'ailleurs ce qui faisait sa force. Puel ne craignait ni les concurrents, ni les adversaires. Il jouait milieu mais ne faisait rien à moitié. C'était un guerrier, un gagneur. Il aurait coupé un pote en deux pour remporter un match d'entraînement.
« Je ne fais rien en dilettante », répète-t-il. On le croit sur parole. Avec lui, un match de tennis devient vite la finale de Roland-Garros et un footing, une épreuve des Jeux Olympiques.
Claude Puel s'est assis sur trois bancs. Ceux de Monaco, Lille et Lyon. Il a été archiduc en Principauté (champion dès sa prise de fonction), architecte dans le Nord et archi-détesté à Gerland.
On le sait bosseur, droit, sain, rigoureux, passionné, structuré, fidèle. On le dit fermé, ombrageux, psychorigide. « Je ne suis pas celui qu'on décrit », affirme-t-il dans un filet de voix.
Puel n'est pas un homme de coups. Ni de cour. Encore moins de com'. Même s'il a récemment promis de faire un petit effort avec la presse...
Celui qui a passé 25 ans à l'AS Monaco s'apprête à poser son sac à Nice où il n'y a pas de Rocher, pas de prince, pas de milliardaire russe, mais un défi comme il les aime.