Il aura suffi de six mois réussis de Hatem Ben Arfa et d’appels du pied d’un côté ou de l’autre pour étayer la rumeur de son arrivée au PSG l’été prochain. Auteur de la saison la plus accomplie de sa carrière en L1 (onze buts et deux passes décisives), l’attaquant niçois ne s’est engagé que pour un an avec l’OGCN. C’est ainsi qu’il se retrouvera libre de tout engagement le 1er juillet prochain et pourra signer avec le club de son choix. Il a tapé dans l’oeil de Nasser Al-Khelaïfi, qui se ferait un plaisir de l’attirer dans la capitale. Si le principal intéressé n’a jamais caché que la confiance témoignée par les Aiglons, Jean-Pierre Rivère et Claude Puel en tête, compterait à l’heure du choix, il ne se ferme aucun horizon. Surtout pas celui le menant à Paris. « La porte est toujours ouverte pour le PSG, expliquait-il dans un entretien accordé à Onze Mondial. Je ne ferme la porte à personne. On verra ça au mois d’avril. » A bientôt 29 ans - il les fêtera le 7 mars prochain -, Ben Arfa est bien conscient qu’il faut passer à la vitesse supérieure pour rattraper le temps perdu.
Du retard sur le génération 1987
Le plus gros talent français de sa génération n’affiche pas le même CV que Karim Benzema, Samir Nasri ou même Jérémy Ménez. Ses trois compères nés en 1987 ont tous des palmarès plus fournis, une carrière internationale plus solide et des références plus fortes dans un grand championnat européen. Débarquer au PSG la saison prochaine pourrait lui offrir l’opportunité de changer de dimension en un clin d’œil. L’ancien Lyonnais aurait alors la garantie de jouer les premiers rôles en Ligue des Champions et la possibilité d’évoluer dans un club plus exposé afin de pérenniser sa place dans le groupe France. Pour un homme originaire de la région parisienne, rejoindre le club de la Capitale a tout d’une évidence, le choix du cœur lié à une ambition retrouvée. A première vue, le son de cloche pourrait être le même chez les dirigeants du triple champion de France en titre. Al-Khelaïfi réitère régulièrement son envie de maintenir une identité française, parisienne même, au PSG. Le président avait même émis par le passé l’idée de recruter « des joueurs arabes » pour incarner son projet. Ben Arfa colle parfaitement à ces critères, mais pas seulement.
Blanc - Ben Arfa, ça n’avait pas collé
Recruter un joueur de sa trempe sans indemnité de transfert, alors même qu’Ezequiel Lavezzi est parti vers la Chine cet hiver sans être remplacé dans l’effectif, serait une aubaine économique et sportive. Celui qui est passé par Newcastle ou Hull City dispose de toutes les qualités techniques pour s’épanouir dans la philosophie de jeu prônée par Laurent Blanc depuis son arrivée aux commandes de l’équipe première en 2013. C’est là qu’arrive le « mais », parce qu’il y a un « mais », voire plusieurs. L’entraîneur du PSG ne garde pas un excellent souvenir de Ben Arfa, avec lequel le ton était monté pendant l’Euro 2012. Le technicien cévenol ne s’était d’ailleurs montré que modérément enthousiaste au moment de commenter les déclarations du natif de Clamart dans Onze Mondial. « C'est un footballeur qu'on est obligé d'aimer, avait lâché Blanc en conférence de presse. Le garçon et l'homme sont plus difficiles. Tous les bons joueurs peuvent intéresser le PSG, c'est le message que je délivre. On n'est pas dans cette réflexion pour l'instant. On sera toujours attentif aux joueurs de talent. On ne les fera pas tous venir, une équipe n'est pas que ça. Il faut aussi des joueurs de devoir, c'est l'amalgame qu'il faut réussir. »
Ben Arfa peut-il n’être qu’un second couteau ?
C’est peu de dire que Blanc n’avait pas franchement sauté au plafond, puisqu’il sait que son intégration dans le groupe parisien poserait question. Si Ben Arfa assure avoir changé et que tous les échos venus de Nice abondent dans ce sens, le Francilien traîne trop de casseroles pour qu’un grand club européen puisse miser sur lui sans y repenser à deux fois. D’autant qu’il serait à Paris dans un contexte bien différent de celui dans lequel il se régale à Nice depuis le début de la saison. L’OGCN est entièrement dévouée au service de son talent, quand il ne serait qu’un rouage parmi d’autres dans la machine PSG. Il n’aurait même aucune garantie de temps de jeu dans la Capitale, où ses concurrents pour une place dans le onze se nommeraient Lucas, Javier Pastore ou Edinson Cavani. Rien ne dit qu’il accepterait sans broncher de jouer les seconds couteaux et de se contenter de miettes en L1 tout en rongeant son frein en Ligue des Champions. Un club encore traumatisé par l’affaire Aurier n’est certainement pas prêt à prendre le risque d’un nouveau dérapage pour un joueur talentueux. Surtout que Ben Arfa ne figure pas dans la caste de ceux qui pourraient permettre au PSG de passer un cap au plus haut niveau européen. Le jeu n’en vaut clairement pas la chandelle.