En fin de contrat en juin, l’Italien, dont le rendement et le comportement ont lassé, pourrait quitter Nice dès janvier.
Il aurait dû partir à Marseille, l’été dernier, et cela aurait probablement été la meilleure solution, pour lui, pour le Gym et, qui sait, pour l’OM. Resté à Nice par défaut, Mario Balotelli (28 ans) vient d’y passer une demi-saison pourrie. Retardé par une préparation estivale tronquée, freiné par son surpoids, suspendu pour les trois premiers matches de L 1, l’Italien ne pouvait pas entrer plus mal dans sa saison. Au fil du temps, rien ne s’est arrangé, et surtout pas ses rapports avec Patrick Vieira, l’entraîneur.
Les deux hommes ont été partenaires à l’Inter Milan, cette proximité aurait pu les rapprocher, mais c’est comme si Balotelli, rongé par l’idée de n’avoir pas inscrit le moindre but en Championnat, n’avait jamais pu faire la distinction entre son copain d’hier et son entraîneur d’aujourd’hui. « En ce moment, ça ne va pas avec Mario, reconnaît un dirigeant du club. Mais il a eu aussi des périodes très compliquées avec Lucien (Favre), qui passait plus facilement l’éponge que Patrick. Si on a une proposition et qu’on a son remplaçant, alors, oui, on pourrait le laisser partir en janvier. »
Une altercation avec Vieira en novembre
La presse italienne évoquait récemment un intérêt de la Fiorentina et l’ombre de l’OM planera jusqu’au bout dans ce dossier. « Super Mario » n’aime pas le système de jeu en 3-5-2 vers lequel a muté le Gym dès la quatrième journée de L 1 et le considère comme la cause de son inefficacité. Dans un reportage inside diffusé dimanche dernier sur Canal +, on l’a entendu se plaindre du niveau de ses partenaires et de leur manque de détermination. Il a aussi reproché plusieurs fois à son entraîneur de l’avoir sorti en cours de jeu, sans raison valable, d’après lui. Son comportement individualiste et ronchon a conduit Vieira à le gérer de façon particulière, tout en rondeur, en prenant soin de ne pas le perdre, mais sans vouloir en faire un joueur à part aux yeux des autres.
Le 16 novembre, avant un match amical organisé face à Fréjus-Saint-Raphaël (N 2) – et justement destiné à lui donner du temps de jeu –, Balotelli et Vieira ont eu une vive altercation, et ont été séparés par des membres du staff. Au match suivant, contre Lille (2-0, le 25 novembre), l’Italien était titulaire. « Il ne faut pas que je ne fasse pas jouer un mec parce qu’il me gonfle », confiait l’entraîneur, dimanche dans ces colonnes. Mais lui aussi semble avoir ses limites. Ainsi, il ne l’a pas retenu, avant-hier, contre Guingamp, en Coupe de la Ligue (0-0, 1-3 aux t.a.b.), après avoir pourtant précisé qu’il était disponible. Et il ne compte pas sur lui pour le déplacement à Strasbourg, demain. « Après, Mario peut être étonnant, poursuit le dirigeant niçois. On ne sait jamais avec lui, il peut aussi rentrer dans le rang. »
Depuis 2016 et l’arrivée de l’Italien, le feuilleton Balotelli a connu de nombreux rebondissements et il a parfois été difficile d’imaginer qu’il puisse faire trois saisons ici. C’est pourtant ce qui s’est passé mais l’histoire risque de mal finir. À six mois de la fin de son contrat, Balotelli vaudrait entre 1,5 et 3 M€. Compte tenu de son potentiel, et de sa condition physique à nouveau décente, cela reste un pari à tenter. En cas de départ, les dirigeants azuréens, considérant que Saint-Maximin, Maolida, Ganago et même Diaby-Fadiga peuvent s’affirmer, n’iraient pas forcément chercher son successeur à l’extérieur.
Patrick Vieira : « Pour Balotelli, la situation est complexe »
Vous souhaitiez faire de Mario Balotelli l’un de vos leaders. Pourquoi ça n’a pas marché ?
Dès le départ, c’était compliqué à gérer. Ensuite, cela l’a été encore plus que prévu. Il avait un gros retard sur le plan physique après son transfert avorté, l’envie de bien faire mais on s’est rapidement rendu compte, tous les deux, que ça n’allait pas être si facile que ça.
Aviez-vous une réelle prise sur lui compte tenu de votre passé commun de joueur ?
Oui... S’il est resté à Nice, c’est qu’on croyait qu’on pouvait travailler ensemble et réussir.
C’est la fin de l’histoire ?
Je ne sais pas... Il est sous contrat, ce n’est donc pas la fin. La situation est complexe pour lui, pour le club et pour moi. Je l’ai laissé partir (en vacances) un peu plus tôt. Mario n’est pas quelqu’un de méchant. Je respecterai son contrat mais on doit trouver une solution. Julien (Fournier) et le président vont discuter avec son agent.
Malgré son inefficacité, ne vous tirez-vous pas une balle dans le pied en vous privant de lui contre Guingamp et Strasbourg ?
Les gens peuvent le percevoir de cette façon mais je connais mon groupe, je vis avec lui au quotidien. On est capable de marquer. Je ne veux pas me dire que tout tourne autour d’un joueur.
Aviez-vous eu peur que la gestion complexe de Balotelli mette la pagaille au sein de votre groupe ?
98 % des joueurs aiment Mario. Dans un groupe, c’est un clown, un mec bien. Moi, je pense toujours plus à l’équipe qu’à un joueur en particulier. Ma seule préoccupation, c’est le collectif.
Votre collaboration est un échec, au final...
Oui, on peut dire ça car on avait envie de réussir.
Vous vous êtes quittés fâchés ?
(Direct) Non, ce n’est pas personnel.
C’est le même Mario qu’à l’Inter Milan et à Manchester City ?
Oui, mais joueur, je ne voyais pas tout. Là, j’ai plus de recul. Il faut prendre sur soi, mais Mario a fait des efforts. Il a sans doute besoin d’un nouveau challenge. Je ne suis pas amer. J’ai beaucoup appris au contact de Mario