Dans un entretien accordé au site officiel du club, Jean-Pierre Rivère donne une version différente de l'affaire Balotelli... Une version qui a tendance à montrer une bonne image du joueur mais qui tient la route.
Quel message avez-vous envie de faire passer aujourd’hui ?
Cela me gêne beaucoup que l’on puisse penser que Mario a fait quelque chose de mal. Parce que ce n’est pas vrai. Nous entrons rarement dans de tels détails, mais il me semble aujourd’hui nécessaire de le faire. Mario m’a toujours dit : « Si Nice reste dans le haut du tableau, je peux être là longtemps ». Au terme de sa première saison chez nous, nous avions signé un nouveau contrat de 2 ans (jusqu’en juin 2019, ndlr). Dans ce contrat, il y avait un élément prépondérant pour que l’on puisse continuer la 2e année : que l’OGC Nice soit européen. Si vous faites une Coupe d’Europe, vous avez la capacité financière d’assumer Mario, notamment sur le plan salarial. À partir du moment où ce n’est pas le cas, une clause prévoyait de diminuer de façon très conséquente son salaire. Donc, quand se termine la saison 2017-18 (où l’OGC Nice finit à la 8e place, ndlr) on lui explique que nos capacités financières ne nous permettront pas de lui servir le même salaire qu’avant et qu’il a donc un bon de sortie, validé par tout le monde, dans des conditions bien déterminées. Il est alors normal et naturel que Mario écoute les offres qui se proposent à lui. Il a notamment eu une très, très grosse offre financière qui venait de Chine. Peu de personnes auraient refusé. Lui a décliné aussitôt, en disant que sa seule priorité était de jouer au foot dans un championnat de très haut niveau, et idéalement de disputer de nouveau une Coupe d’Europe. Le challenge sportif proposé par l’OM, ajouté aux conditions financières, l’ont intéressé. Donc avec notre accord, il a discuté avec Marseille et visité leurs installations. Mais également avec d’autres clubs français et étrangers.
Il n’était pas non plus à la reprise de l’entraînement. Cela a pu heurter les supporters...
Sur ce sujet, ce que nous avions à nous dire, nous nous le sommes dits avec Mario. Ce n’était pas un geste d’irrespect de sa part vis-à-vis de l’institution OGC Nice, du coach, ou encore des supporters. Ce n’était pas un bras de fer, non plus. C’était clair pour lui. Dans sa tête, il n’était plus à Nice. Il allait nous quitter, il était suspendu les trois premiers matchs,... Et le bon de sortie, c’est nous qui le lui avions donné. Il a très bien compris quand nous lui avons dit qu’il devait reprendre l’entraînement. Même s’il n’y avait qu’une probabilité très faible pour qu’il reste à Nice, il a repris naturellement. C’est une affaire classée. Durant cette période, on a fait avec nos moyens. Et le seul dont nous disposions véritablement, c’était de garder toutes les chances de notre côté pour avoir, peut-être, un jour, une opportunité.
Qu’est-ce qui a fait que, finalement, celle-ci s’est présentée ?
On est toujours resté à l’affût. On a fait des ventes et recruté des joueurs, tout en restant attentifs à l’évolution du marché. Le cas de Mario n’avançait pas, alors on s’est dit : « Il nous reste une toute petite chance. On va la tenter ». Et derrière, tout s’est accéléré. Lundi, nous avons fait une proposition à Mario, en donnant 24h de réflexion à toutes les parties. 2 ou 3 heures après, Mario nous appelle et nous annonce qu’il reste à Nice. Il a mis de côté l’aspect financier. Il a consenti à des efforts et a fait parler son cœur. Aujourd’hui, sa seule faute, c’est de ne pas avoir repris l’entraînement, mais je répète que ce n’était pas un manque de respect.
Que répondez-vous à ceux qui pensent qu'il est resté à Nice par défaut?
Je leur dis qu’ils se trompent totalement. Il a fait ce choix malgré l’absence d’Europe et dans des conditions salariales moins avantageuses qu’ailleurs. Il nous a largement prouvé son envie de rester et son attachement au club. Désormais c’est acté, contractualisé. On veut lui donner un rôle de leader. Le coach va l’avoir avec lui et tout mettre en œuvre pour qu’il fasse la meilleure saison possible. Nous sommes très heureux, nous avons un joueur totalement investi dans notre projet.
Le fait que Mario reste au Gym est finalement un symbole ?
Les gens ne le réalisent peut-être pas, mais avoir Mario Balotelli à Nice durant trois saisons, sans avoir investi un euro de transfert, c’est une opportunité incroyable. Cette année, le club a le 10e budget. C’est très difficile pour nous de réaliser ce genre de coups, mais dès qu’il y a une once d’espoir, on s’y accroche. Nous avons fait preuve de beaucoup de patience pour saisir notre chance.