Le procureur de la République à Nice réagit pour RMC Sport à l’arrivée possible de Bernard Tapie dans le capital de l'OGCN. En 1993, alors en poste à Valenciennes, il avait fait condamner Tapie dans l'affaire VA-OM.

 

Eric de Montgolfier, comment accueillez-vous la nouvelle d’une possible arrivée de Bernard Tapie à Nice ?

 

Je la regarde avec intérêt. Pour avoir côtoyé M. Tapie, je le crois intelligent et je ne peux imaginer un instant qu’il vienne reproduire ici des agissements que j’avais pu lui reprocher il y a quelques années à Valenciennes. Je serai attentif mais je n’ai pas d’appréhension particulière.

 

Avez-vous gardé contact avec M. Tapie ?

 

Je n’ai pas de contact particulier avec lui. Si je devais suivre dans leur vie tous les gens que je poursuis, vous imaginez le temps que j’y passerais ! De temps en temps, il parle de moi. Peut-être attend-il aussi que je m’exprime sur lui à propos de cette affaire OM-VA. Mais nos destins ne sont pas liés.

 

Derrière cette arrivée possible, il y a les bonnes relations entre Bernard Tapie et le maire de Nice Christian Estrosi…

 

C’est une découverte. Je ne savais pas que Christian Estrosi est un proche de Bernard Tapie. J’imagine que le maire de Nice est attaché à ce que le club qui symbolise la ville réussisse, ce qui ne semble pas être le cas. Je comprends qu’un maire soit attentif à ce que le club de football local se dote d’une équipe performante, et ça passe peut-être aussi par un président de club qui le souhaite également.

 

Etes-vous prêt à repartir à zéro avec Bernard Tapie ?

 

Je le rappelle, nos destins ne sont pas liés. Si Bernard Tapie entend prendre en main la destinée du club de Nice, il va le faire. Je serai attentif à ce que rien ne se passe qui me conduise à intervenir ès qualité de procureur. J’ai autrefois engagé des poursuites contre Bernard Tapie en tant que président de l’OM, je n’entends pas m’attacher particulièrement à son destin...

 

Est-il un citoyen comme un autre ?

 

Seule compte la justice. Bernard Tapie a croisé ma route. Peut-être considère-t-il que j’ai croisé la sienne, je ne sais pas très bien… Je ne compte pas lui accorder plus d’importance qu’à un autre. C’est un citoyen ordinaire. Il faut que chacun s’en persuade. Peut-être que la presse elle-même devrait y songer au lieu de le mettre constamment sur un piédestal, ce que peut-être il ne mérite pas. Souvenez-vous de la formule célèbre : ‘Ni excès d’honneurs ni indignité.’