En prison depuis un mois et demi pour une affaire d’extorsion, l’ancien Marseillais Souleymane Diawara vient de faire une nouvelle demande de mise en liberté.


Depuis le 9 avril, Souleymane Diawara dort en prison. Aux Baumettes à Marseille, la ville où il a été sacré champion de France en 2010, un an après avoir conquis le titre avec Bordeaux. Évidemment, le pedigree OM du défenseur, à qui le club avait rendu hommage en retirant le n° 21 des maillots olympiens à son départ pour Nice en juin 2014, lui a valu une certaine cote à son arrivée dans le vieil établissement. Pour sa tranquillité, et comme c'est d'usage pour les personnalités, il a été placé au quartier d'isolement et disciplinaire, tout au fond du centre pénitentiaire. Six semaines ont passé et il n'a pas bougé. Toujours en détention provisoire, mis en examen pour extorsion et tentative d'extorsion.


Le 19 mars dernier, son frère Adama et quatre hommes s'étaient rendus au domicile de Monsieur B. afin de réclamer le remboursement de 49.900 euros, somme déboursée en 2012 pour l'achat d'un Range Rover alors qu'il s'est retrouvé, six mois plus tard, en possession d'un Porsche Cayenne volé. Pendant deux ans, Souleymane Diawara a cherché à récupérer son argent. Il a même déposé plainte, sans suite. Jusqu'à cette opération pieds nickelés, dont il est accusé d'être le commanditaire et qui a abouti à la plainte du vendeur. Selon l'accusation, qui n'a pas répondu à nos sollicitations, les cinq hommes ont menacé et frappé cet ancien militaire de 36 ans devant son épouse et ses enfants, avant de repartir avec une BMW. "Le rapport d'expertise montre qu'il n'y a pas de traces de coups", objecte Me Eric Dupond-Moretti.


"Moralement, il tient le coup"


Le célèbre avocat lillois défend les intérêts du joueur qui vient de solliciter, a-t-on appris, une nouvelle demande de mise en liberté. La première, en date du 17 avril, a été rejetée aux motifs de risques de pression sur le plaignant et de concertation frauduleuse entre les mis en examen. La veille, selon La Provence, Diawara avait été surpris avec un téléphone dans sa cellule… Ses représentants estiment qu'un contrôle judiciaire suffirait.
br> "C'est une détention punition qui ne sert à rien, tranche Me Dupond-Moretti. La confrontation n'a toujours pas été organisée. Le parquet n'a même pas envisagé de poursuites contre ce type, qui a un casier chargé. C'est inouï. Je n'ose imaginer qu'il se retrouve dans cette situation parce qu'il est célèbre et footballeur. Il risque de perdre son boulot alors qu'il est victime d'une escroquerie." Son contrat avec l'OGC Nice s'arrête en juin et, malgré ses 36 ans, l'international sénégalais n'avait pas prévu de raccrocher.


La demande de parloir des dirigeants niçois a été refusée par la juge, comme celle de son ami et ancien coéquipier Mamadou Niang. "C'est assez incroyable. "Souley" est un type adorable. On n'a pas de nouvelles, on ne peut même pas lui rendre une visite de soutien", regrette Jean-Pierre Rivère, le président niçois. Seuls ses deux jeunes frères, Ibrahima et Abdoul, se rendent aux Baumettes deux à trois fois par semaine. "Moralement, il tient le coup, confie Salif, l'aîné de la fratrie Diawara, sept garçons et sept filles. Tout le monde parle de "Souley", mais il y a aussi Adama. Mes parents se morfondent au pays. Ils sont mal. Ils voulaient rentrer en France. Je leur ai dit que ça ne servait pas à grand-chose. Les nuits sont souvent blanches. On se sent impuissant."


Gangsta rap à Saint-Tropez


Vendredi soir au Havre, le fief familial, la manifestation de soutien n'a pas eu le succès escompté malgré les efforts de Cyril Auklair. Touché par la mésaventure de Souleymane Diawara, ce chanteur niçois, visiblement influencé par Daniel Balavoine et les années 1980, a lancé une page Facebook "Je soutiens Souley" qui a recueilli près de 10.000 "J'aime" avec ce leitmotiv : se faire justice soi-même est condamnable mais la détention préventive est trop sévère au vu des faits. "Je ne le connais pas mais je l'ai croisé deux fois avec mon fils et il a été très gentil, explique-t-il. J'ai découvert un mec attachant à travers les anecdotes de ses proches. C'est un cœur énorme, sans doute trop gentil, qui se fait bouffer par les requins qui tournent autour."


Père de deux enfants, Souleymane Diawara a la réputation d'être entouré d'une cour avec laquelle il peut se montrer généreux. Mais avec laquelle il aime aussi parader façon gangsta rap, à Saint-Tropez ou ailleurs. C'est d'ailleurs en soirée, et par le biais de l'ex-international lyonnais Sidney Govou, qu'il se serait lié d'amitié avec Monsieur B.. Même s'il a fait l'unanimité dans tous les clubs où il est passé, Souleymane Diawara n'est toutefois pas un enfant de chœur. En août 2013, dans un entretien à L'Équipe, il avait raconté avec sincérité ses bêtises de jeunesse (vols, bagarres, etc.).


Le procès-verbal de l'enquête indique qu'il est "connu" pour de multiples et graves délits, notamment "vols aggravés", "trafic", "escroquerie" ou "usurpation d'identité". Une erreur, selon ses avocats qui notent que son casier ne fait état que de trois condamnations : deux pour des infractions au code de la route et une pour tentative de dégradation d'une poubelle… Pas le CV d'un voyou.