Frédéric Antonetti, Nice est bien calé dans la première moitié de tableau (8e). Dans quelles dispositions abordez-vous ce déplacement à Nantes ?
J'espère qu'on sera décontractés, qu'on jouera libérés. Après notre victoire face à Lorient (2-0) samedi dernier, j'ai dit que notre maintien acquis, cela allait me permettre de donner du temps de jeu à certains jeunes, comme Coulibaly. Mais attention, je n'en donnerai qu'à ceux qui le méritent. On a gagné douze matches cette saison. Ça veut dire qu'on a de bons joueurs et qu'on a notre style. Certains pensent qu'on pouvait faire encore mieux. Je rappelle qu'on a la quinzième masse salariale... Aujourd'hui, c'est un peu plus compliqué de maintenir les joueurs éveillés. Mais on joue désormais sans couperet. J'espère qu'on va oser, entreprendre.
D'ici la fin de saison, Nice n'affrontera que des concurrents pour le titre, les places européennes ou le maintien. Ça commence par Nantes.
D'habitude, à cette période, les points sont plus partagés. C'est très rare de voir le 7e avec un tel total (51 points). D'habitude, ce total est quasiment synonyme de ticket pour une place en coupe d'Europe. Il y a moins d'équipes concernées par le haut de tableau, moins pour le maintien et un gros ventre mou. Nos prochains matches, à commencer par Nantes, ce sera pour préparer l'avenir.
Que vous inspire le FC Nantes ?
Je ne vais pas poser un regard sur sa situation. Je suis un entraîneur expérimenté... Ça peut arriver à beaucoup de clubs. Sur le terrain, je vois un bloc défensif bien en place. J'ai vu certains matches. C'est très difficile de les contrarier. C'est une équipe athlétique, sans doute les plus grands gabarits du championnat. Il ne faudra pas concéder de coups de pied arrêtés. Ils ont leur style qui peut poser problème.
Une équipe solide défensivement mais atone offensivement !
C'est vous qui le dites. Je ne vais pas porter de jugement car chez moi, on dit : « ne te réjouis pas du malheur des autres, cela pourrait t'arriver ». Le FC Nantes reste un patrimoine du football français.
Mais à Nantes et ailleurs, on est bien loin des années Jean-Claude Suaudeau, dont vous êtes un inconditionnel...
Je parle beaucoup de Suaudeau car il m'a marqué. Depuis, aucun entraîneur ne l'a égalé en France. Quand on voyait son équipe, elle avait quelque chose en plus : le talent. Et il avait cette faculté à faire jouer son équipe. Sincèrement, en 1995, il n'avait sans doute pas les meilleurs défenseurs du championnat. Et pourtant, le FC Nantes avait terminé avec la meilleure défense du championnat. Il y avait aussi des joueurs athlétiques comme Karembeu, Decroix. Mais il y avait une véritable identité de jeu, une connaissance technique, une culture du mouvement.
Les techniciens n'ont-ils pas perdu d'autonomie au profit des dirigeants ?
C'est un autre débat. Les dirigeants veulent mettre des choses en place le lundi et obtenir des résultats dès le samedi. Les entraîneurs qui restent plusieurs années dans le même club sont assez rares. Je suis un contre-exemple.