Président, y-a-t'il eu des avancées récentes dans le conflit qui oppose, entre autres, l'UNFP à l'UCPF ?
J'ai parlé à mes joueurs en début de semaine et un dialogue s'est instauré. C'est un dialogue que nous n'avons pas pu avoir entre l'UNFP et l'UCPF, au moins avec les joueurs nous avons pu l'avoir et c'est déjà une bonne chose, après chacun prendra ses responsabilités.
Pensez-vous que la grève prévue par les joueurs pour le week-end du 25 octobre puisse être maintenue ?
Je ne sais pas ! Nous allons nous réunir à Paris avec les autres présidents afin de prendre les décisions qui s'imposent et on verra bien. Et puis même s'ils veulent faire grève, ils feront grève et après, qu'est-ce qu'il se passe ?
Maintenez-vous votre proposition qui consisterait à retirer 25% du salaire des joueurs grévistes ?
Pour ce qui est de cette proposition des 25%, je sais très bien que ce n'est pas la législation mais c'était aussi une manière de les bousculer. De son côté, l'UNFP a annoncé que c'était l'équivalent d'une journée de salaire, alors qu'en réalité c'est environ 13%. Nous pouvons donc prendre la décision d'enlever 25% et puis on pourra toujours faire un procès aux prud'hommes, il n'y a pas de problème.
"Nous voulons uniquement le pouvoir économique"
Certains joueurs estiment que si la majorité était donnée aux présidents, il n'y aurait plus de contre pouvoir au sein du conseil d'administration de la LFP. Qu'en pensez-vous ?
Il n'y a pas à avoir de contre-pouvoir, car les présidents veulent uniquement le pouvoir économique et je crois que c'est la moindre des choses car nous sommes responsables pénalement, juridiquement et économiquement. Et puis nous allons affronter de plus en plus de problèmes économiques avec notamment l'ouverture des paris en ligne. Nous n'avons donc pas l'intention de nous laisser influencer par les joueurs, les arbitres ou autres familles, et nous avons besoin de prendre les décisions qui s'imposent mais uniquement sur le plan économique car socialement, c'est paritaire et il faut l'unanimité des familles pour prendre une décision. Il n'y a donc aucun risque pour les joueurs, car on ne pourra changer ni les contrats, ni les salaires.
L'UNFP se demande pour sa part quel est le but de cette modification de statuts...
(Il coupe) On parle de modifier les statuts mais les statuts on ne peut pas les changer comme ça ! Il faut que le conseil le décide dans sa majorité, après le ministre va faire un décret mais depuis que l'on a demandé à changer les statuts la seule réponse que l'on a eue c'est «on fait grève», ils ont refusé le dialogue, c'est ça qui est scandaleux ! Et puis demandez donc à M.Piat (Président de l'Union Nationale des Footballeurs Professionnels, ndlr) de citer une mesure concrète, une décision qui pourrait être préjudiciable pour eux. Une seule, une !
La réunion du conseil d'administration de l'UCPF, prévue le 14 novembre prochain, va-t-elle être maintenue ?
Pas question de faire marche arrière, et s'il y a un conflit il y aura un conflit et puis c'est tout. Nous souhaitons toujours dialoguer mais eux ne veulent pas venir à la table des négociations. A partir du moment où vous avez un partenaire qui ne souhaite pas dialoguer alors on va au bout, voilà. On ne peut pas aller à la grève sans dialogue, aujourd'hui on fait grève quand on perd son emploi, lorsqu'une usine va fermer ou bien quand on a peur de perdre une partie de sa rémunération, mais pas quand aucun de ces éléments n'est en jeu ! Il faut arrêter ! Et cela n'a rien à voir avec la rapidité d'exécution car, dans le meilleur des cas, cette modification ne pourra se faire qu'au mois de mai donc je ne comprends pas, ils font le tour de France des clubs et ils ne veulent pas venir nous voir ! C'est une histoire de fous !
Pour conclure sur ce sujet, comment avez-vous accueilli les propos du président Ginestet, qui a lancé "un appel à la raison" ?
Je pense que son communiqué est un peu déplacé. Surtout par rapport aux enjeux économiques que l'on a... Il évoque une situation indécente, mais ce que je trouve indécent c'est que les joueurs fassent grève ! Compte tenu de leurs salaires et de la conjoncture économique, c'est cela qu'il y a d'indécent, qu'ils fassent grève sans aucune négociation ni discussion.
"De Bontin veut faire payer aux Niçois le quart de l'abonnement sur un match !"
Parlons maintenant du derby face à Monaco. Qu'attendez-vous de ce match, forcément différent des autres ?
Cela nous tient particulièrement à coeur. Vous savez, les derbys sont des événements que nos joueurs et surtout tous nos supporters attendent avec impatience, c'est un moment très important.*
Vous avez d'ailleurs récemment échangé quelques amabilités avec Jérôme de Bontin, le nouveau président monégasque, notamment au sujet du prix des places...
(Il coupe) Il a d'abord dit qu'il avait prévu de nous faire payer 15 euros par place, et qu'il nous faisait une remise de 20% en nous faisant payer 12 euros, et il a également déclaré que l'abonnement le moins cher à Monaco était de 60 euros à l'année alors que le nôtre est à 110... Donc si j'ai bien compris il veut faire payer aux Niçois, sur un match, un quart du prix de l'abonnement ! Je trouve cela indécent car nos supporters payaient d'habitude 8 euros, ils auraient peut-être pu payer 9 ou 10 euros mais là, passer de 8 à 15, puis à 12, soit une augmentation de 50%, je trouve cela déplacé ! Pour en finir avec ce sujet, je trouve également très déplacés les propos qu'il a pu tenir à propos des droits TV !
Comment jugez vous votre effectif, qui a connu pas mal de bouleversements à l'intersaison ?
Nous vivons un nouveau cycle, il faut que nous prenions le temps. Nous avons perdu beaucoup d'éléments clés et nous avons pas mal de jeunes joueurs, il faut donc être patient car tout ne peut pas se coordonner en cinq minutes. C'est comme tout nouveau cycle, il faut du temps pour que cette équipe s'affirme, que les jeunes prennent conscience de leur talent afin de construire une équipe compétitive, tout simplement.
Vous restez justement sur une série de quatre matches sans victoire. Cela vous inquiète-t-il ?
Cela ne m'inquiète pas, quand on a une jeune équipe et que l'on part sur un nouveau cycle, c'est classique. On a eu une bonne phase au début, une moins bonne après, cela fait partie du jeu. En plus, il y a eu beaucoup de matches internationaux, un temps d'adaptation nécessaire pour les nouvelles recrues, le coach n'a eu que la moitié de son effectif depuis le début de saison et avec ce nouveau cycle cela lui permettra de bien les adapter. En ce qui concerne nos objectifs, c'est comme pour les plongeurs: une histoire de paliers. Et notre premier palier, c'est le maintien. Mais on reste les pieds sur terre et persuadés qu'il faut d'abord franchir ce palier avant de penser à autre chose.
Pour finir, un petit mot sur votre entraîneur Frédéric Antonetti, que vous êtes en train du "surpasser" médiatiquement, ce qui n'est pourtant pas une mince affaire...
Dans ce conflit avec l'UNFP, il n'a pas à intervenir. Je préfère qu'il ait eu cette attitude sinon il aurait pu avoir des propos très durs et en aurait subi les conséquences par la suite, il a donc eu une très bonne attitude.