Frédéric Antonetti : «Rendons les deux points à Bordeaux »

Frédéric Antonetti , l’entraîneur de Nice, propose de donner la victoire aux Girondins. À une condition. Le soleil se voulait éclatant hier matin,lorsdudécrassagede lendemain de match des Niçois. Pourtant, malgré le nul inespéré de son équipe face à Bordeaux la veille (2-2), Frédéric Antonetti a tempêté. Discours décapant d’un entraîneur attachant.

Avouez que l'arbitrage a tourné en votre faveur, samedi ? 

 

Il faut reconnaître quand une situation nous est favorable. Mais je ne possède pas une mémoire sélective. Je me souviens même des matches d’il y a quinze ans. Je voudrais donc juste rappeler que l’an passé, quand Jurietti a découpé Rool par-derrière et dans la surface à la dernière minute, on n’a pas fait tout un foin. Pareil quand Koné est parti deux mètres derrière les défenseurs et qu’il a été signalé hors jeu.

 

Voulez-vous dire par là que les erreurs d’arbitrage s’équilibrent d’un match à l’autre ?

 

Je propose juste une chose : rendons les deux points à Bordeaux, à condition qu’on nous rende tous ceux qu’on doit à Nice depuis quatre ans à cause de l’arbitrage. 

 

La vidéo n’aurait-elle pas évité les erreurs, samedi ? 

 

Si. Quand j’entends certains grands dirigeants dire qu’ils sont contre, je me rends compte qu’elle favoriserait les petits clubs comme Nice ; même si je trouve que Placente a bien plongé sur le penalty de Traoré. 

 

À ce propos, pourquoi vous êtes vous emporté contre lui après le match ?

 

Ce n’est pas lui que je visais, mais le système. Sur l’action précédente, il se crée une occasion très nette d’égaliser. Mais il dévisse son tir. Dans la foulée, il provoque le penalty du 0-2. Son erreur ne me dérange pas.Ça fait quatre ans que je perds comme ça. Au contraire, ça me plaît de faire débuter un gamin de vingt ans. J’accepte qu’il ne maîtrise pas tous ses gestes. Car ils nécessitent de l’expérience. Mais il faut aussi que lui accepte de se montrer reconnaissant en retour. Or, que se passe-t-il ? Dans deux ans, quand il aura joué cinquante ou soixante matches et qu’il nous fera peut-être gagner parce que le petit Traoré sera devenu un très bon joueur, alors, ce jour-là, il viendra taper à notre porte avec son agent, que nous n’avons pas vu depuis trois ans, pour nous dire : “ Il faut que je parte. ” Moi, je réponds : “ Non ! Je ne suis pas d’accord. Notre politique sportive a ses exigences. Tu dois rester un an de plus et nous aider à grandir. ” 

 

N’est-ce pas le genre d’accord verbal que vous avez avec des jeunes comme Rémy ? 

 

J’en ai... Mais il y a l’argent au milieu. Et à un moment donné, eh bien, l’entraîneur, il n’en peut plus. Je n’en veux pas à Traoré ou aux dirigeants, mais aux agents et au système. C’est pour ça que je n’étais pas d’accord avec la grève de l’UNFP. On le respecte, le contrat ? Non ! On ne respecte plus rien. Je vis dès lors ma frustration personnelle d’entraîneur dans un club moyen en me posant cette question : ai-je le droit de vivre ou non dans le football d’aujourd’hui ? J’ai l’impression qu’on n’existe pas. »