Diawara: "Un côté émotionnel"

Le coup du numéro 21 remisé au placard, pour atténuer la déception du départ de Souleymane Diawara, en fin de contrat en juin dernier, c’était trop. Mais le Sénégalais a laissé beaucoup de très bons souvenirs à Marseille. Il sera éternellement associé aux titres de la période Deschamps, on rappellera ces tacles, ces coups de tête, sa première saison où il fut le meilleur Olympien, son match à Milan en mars 2012.Mais aussi sa bonne humeur, son allant, sa façon joyeuse de concevoir un métier où on se prend aujourd’hui un peu trop au sérieux. Aujourd’hui Niçois, Souley va mettre au service du Gym cet esprit "conquérant" comme l’a souligné Claude Puel, au sujet de son entrée en jeu, samedi dernier contre Bordeaux. "Sur un quart d’heure, c’était bien, il a amené du dynamisme, de l’impact, de la volonté". Cela suffira- t-il à en faire un titulaire demain au Vélodrome ? Peut-être pas.Mais son apport, sur une saison, ne se limitera pas à vendredi. Les Niçois, comme nous l’avons constaté hier au stade Charles-Hermann, l’ont déjà adopté.

Comment abordez-vous ce retour au Vélodrome, qui arrive si vite ?


C’est très particulier, parce que j’ai passé un tiers de ma carrière à l’OM, j’y ai connu des joies et des peines. Le côté émotionnel est présent avant le match, ça va vraiment me faire quelque chose, mais quand l’arbitre va siffler, il faudra mettre tout çade côté et tout faire pour prendre quelque chose. J’étais habitué à recevoir et là, c’est moi le visiteur. Mais il faudra s’adapter.


On a pensé que vous n’étiez pas prolongé par choix de Bielsa, mais l’Argentin l’a démenti...


J’ai lu qu’il démentait ne plus avoir voulu de moi ou de Rod, mais c’est ainsi, je ne suis pas là pour débattre de cela. Si les dirigeants de l’OM ne voulaient plus de moi, c’est le football, on n’est que de passage. On plaît à certains, moins à d’autres, je n’en veux à personne. Je suis en contact avec des copains du loft, comme Ben Cheyrou ou Rod et je me dis que si j’avais eu une année de contrat supplémentaire, peut-être que je me serais retrouvé écarté comme eux. On ne sait pas ce qui peut se passer. C’est compliqué pour eux, quand tu es compétiteur, tu as envie de jouer avec ton équipe.


La saison dernière, le Gym avait battu l’OM trois fois. Vous attendez des Olympiens revanchards ?


Oui. Je sais qu’ils doivent se dire que ça ne va pas se passer ainsi, c’était un accident. Moi, j’avais fait le match le plus pourri de ma carrière : passe décisive pour Nice, but contre mon camp, la totale. C’est à Nice aussi que je me suis blessé il y a deux ans et demi, il fallait que je vienne ici pour enlever cette malédiction.


Qu’avez-vous pensé de votre première sous le maillot niçois ?


Entrer en jeu, même pour quinze minutes, ça m’a fait énormément plaisir, j’attendais ça avec impatience. Même si le résultat n’a pas suivi, je me suis senti bien. À un moment donné, j’ai même cru que j’aurais le ballon de la tête, mais j’ai eu Carrasso, j’espère qu’il s’est rétabli. J’ai essayé de pousser l’équipe, pour marquer un deuxième but, redonner confiance, il faut toujours y croire tant que l’arbitre n’a pas sifflé. J’ai parlé, encouragé, c’est ma nature, je suis un gagneur. Je ne suis pas un leader né, comme Renato Civellimais je veux toujours gagner.


Vous avez découvert Claude Puel ?


Vraiment. Il passait pour quelqu’un de renfermé, qui ne rit jamais alors qu’il est à l’opposé de tout ça. C’est plus agréable que de bosser avec unmilitaire. Il n’a jamais garanti une place de titulaire, pour ça, il faut se battre, mais il me demande de transmettremon expérience.


Vous avez vu jouer l’OM ?


Pas encore. J’ai eu quelques échos de joueurs qui me disent que ça se passe bien, surtout les jeunes qui apprennent beaucoup avec Bielsa.


Et à Nice, comment ça se passe ?


Très bien. D’abord, je remercie les joueurs pour leur accueil, alors que je suis le papy du groupe. Je parle beaucoup avec les jeunes et je suis stupéfait quand je demande leur âge. Je croyais qu’ils avaient 20-22, mais certains ont 17, 18 ans, comme le petit Albert qui est de Marseille. Je leur dis de ne pas se reposer sur leurs acquis, d’écouter les conseils. Profitez de vos qualités ! Je ne suis pas du genre à crier : "c’est moi le plus vieux" ; celui qui veut des conseils, il les prend, celui qui ne veut pas, je ne le force pas...


Qui avait tenu ce rôle de grand frère, de conseiller auprès du jeune Souley ?


Alain Caveglia, Mika Pagis, Teddy Richert, Jimmy Floyd-Hasselbaink, David Jemmali, Johann Micoud et puis je suis arrivé à Marseille avec Gabi Heinze, Fernando Morientes, tous ces gens-là m’ont guidé.


Avez-vous douté de retrouver un club ?


Non. J’ai eu quelques contacts et je n’ai jamais pensé que j’allais arrêter. Je remercie d’ailleurs Gilles Brunel, le préparateur physique qui m’a maintenu en forme, à Aix et je peux recommander Mamad’ Niang et Pascal Chimbonda, qui continuent avec lui, je garantis qu’ils ont bien bossé.


Vous en êtes arrivé à un stade où vous n’avez plus de pression ?


Pas du tout, je l’ai toujours. La pression de la victoire, la pression de bien faire. Ici, la pression extérieure est moins forte qu’à Marseille, parce que le foot y est une religion, mais moi, j’ai toujours la pression.


À quel accueil vous attendez-vous demain ?


Je me le demande vraiment. J’espère avoir un bel accueil, tout s’est toujours bien passé avec tout le monde : supporters, joueurs, staff, personnel de l’OM.


Quel est votre plus grand souvenir à Marseille ?


Le titre, les coupes de la Ligue, d’autant que j’ai marqué lors de la première finale. L’OM n’avait plus rien gagné depuis 17 ans, et nous avons eu la chance de faire partie de l’équipe qui a de nouveau remporté des trophées.