Après dix ans à Monaco, Valère Germain a quitté le Rocher pour retrouver du temps de jeu. Mais il n'est pas allé bien loin. Nice l'a accueilli en prêt et l'attaquant de 25 ans espère enfin prouver qu'il a le niveau.
Comment se passent vos premières semaines à Nice ?
Il y a une superbe ambiance, c’est vachement plaisant. Ça m’a fait bizarre de retrouver un groupe où tout le monde parle français ! Je connaissais déjà pas mal de joueurs donc c’est plus facile pour s’intégrer. Je suis très content de mon choix. J’espère que je le serai aussi en fin d’année.
C’était important de rester dans la région de Monaco ?
Je suis prêté un an sans option d’achat, donc je pense qu’il fallait tenter d’être performant le plus rapidement possible. Ne pas changer de vie au quotidien était la meilleure solution pour moi. Nice a une belle équipe, je vais pouvoir m’épanouir ici.
Mi-mai, à la fin de la saison dernière, dans votre tête, vous vous dîtes que vous devez partir absolument de Monaco ?
J’attendais une réunion entre mon agent et les dirigeants de Monaco pour savoir ce qu’ils voulaient faire. Ils m’ont dit que c’était peut-être mieux pour moi que je me fasse prêter une année pour faire une saison complète, disputer des matches, marquer des buts afin d’accumuler de la confiance. Ils ont choisi un prêt sans option d’achat, ça veut dire qu’ils comptent sur moi pour l’avenir.
Mais un départ était inéluctable…
Je ne sais pas. J’ai senti que pour la prochaine saison, je n’allais pas beaucoup jouer de nouveau. Je voulais retrouver le plaisir d’être sur un terrain, d’être important pour un groupe, c’est ce que Nice m’a proposé.
La saison passée, malgré votre faible temps de jeu, vous avez réussi à être décisif (4 buts en 9 titularisations pour 29 apparitions), ça devait être frustrant ?
Jusqu’à la fin de l’année civile, ça allait, j’étais plusieurs fois titulaire. Mais à partir de février, c’est devenu compliqué. Des joueurs sont arrivés, des choix ont été faits, je ne les ai pas trop compris, même si ce sont ceux du coach. Malheureusement, je devais faire avec. C’était frustrant forcément parce que des fois tu rentres trois ou quatre minutes et tu ne touches pas un ballon, d’autres fois tu réussis à marquer et tu te dis que c’est dommage de ne pas jouer davantage parce que tu peux apporter un plus à l’équipe. Avoir marqué en fin de saison (NDLR : il a inscrit deux buts sur les trois dernières journées avec seulement 20 minutes de temps de jeu effectif), ça m’a fait du bien pour partir en vacances l’esprit tranquille.
Quels étaient vos rapports avec Jardim ?
Il parlait un peu avec tout le monde. Il y a des joueurs avec qui il avait plus d’affinités, c’est normal. Je dirais un rapport entraîneur-joueur normal, sans grandes discussions, mais il me parlait quand même.
Vous espérez vous imposer un jour à Monaco ?
On verra en fin de saison. Puisque je suis prêté sans option d’achat, je rediscuterai forcément avec eux. Pour l’instant, j’ai vraiment envie de me concentrer sur Nice.
Votre envie était absolument de rester en Ligue 1 ?
Il y a eu des contacts à l’étranger, en Espagne, en Italie, en Angleterre et en Belgique. Mais sachant que c’était un prêt d’un an, je n’avais pas envie de m’acclimater à un nouveau pays, une nouvelle culture. J’ai pensé que la meilleure solution était de rester en France et sur la Côte d’Azur. L’étranger, c’est forcément quelque chose qui m’intéresse mais on verra plus tard.
Nice s’est rapidement mis sur le coup ?
Ça faisait plusieurs mercato qu’ils essayaient de me faire venir. Dès ma première année de Ligue 2 (2011/12), ils s’étaient intéressés à moi ; quand je ne jouais pas trop au début de Ranieri, ils avaient également tenté donc la c’est la troisième fois, et ça a été la bonne.
Qu’est-ce qui vous a convaincu ?
J’ai eu une réunion avec le président et le coach et j’ai senti que tout le monde désirait ma venue. Ils n’ont pas l’habitude de faire des prêts sans option d’achat mais le fait qu’ils acceptent cette contrainte, ça montre vraiment qu’ils avaient envie de travailler avec moi.
Avez-vous demandé des garanties au niveau de votre temps de jeu ?
Non, personne n’a d’assurance. Les meilleurs joueront, le coach doit être honnête avec tout le monde. Si on m’a fait venir sans option d’achat, c’est que Nice souhaite que je joue, que j’aide l’équipe. Si je ne suis pas bon pendant trois ou quatre matches d’affilée, il y aura de la rotation, et c’est normal.
Le sentiment de se préparer dans la peau d’un titulaire, ça fait quoi ?
En fait, c’est souvent au fil de la saison que j’ai basculé dans un rôle de remplaçant. La première année de Ranieri en Ligue 2, je partais titulaire ; quand Falcao et James Rodriguez sont arrivés, j’avais fait une grosse saison précédemment en Ligue 2 (14 buts), je m’attendais donc à jouer mais je me suis blessé en préparation. Avec Jardim, j’ai joué au début, ensuite j’évoluais à un poste qui n’était pas forcément le mien sur le côté, donc je n’ai pas fait de bonnes prestations. Ici, je sens que le coach Puel va me donner de la confiance et des responsabilités.
À 25 ans, vous diriez que vous êtes un joueur d’expérience en Ligue 1 ?
L’expérience ici, c’est plutôt Mathieu Bodmer et les anciens qui l’ont. Moi, c’est ma troisième saison en Ligue 1. De là à parler d’expérience, non je ne crois pas, si ce n’est par rapport à plusieurs jeunes niçois qui n’ont jamais joué. Mais je vais continuer à apprendre.
Question objectif, que vous-êtes vous fixé pour cette prochaine saison ?
Collectivement, arriver à faire une grosse saison pour ne pas lutter pour le maintien jusqu’à la fin. Ce serait bien qu’on arrive à atteindre les huit premières places. Je pense que c’est réalisable. Après, personnellement, je veux cumuler les matches et marquer des buts importants.
Qu’est-ce qui vous plairait ? Dix buts ? Quinze buts ?
La barre des dix buts, je pense qu’elle est toujours importante pour un attaquant de Ligue 1. Je n’ai pas envie de m’arrêter à un nombre. Je veux marquer et faire des passes décisives et me fondre dans l’effectif de Nice.
Pour ça, vous comptez beaucoup sur Claude Puel ?
Oui, c’est un des meilleurs coaches français, c’est pour cette raison aussi que je suis venu à Nice.
Cela a fait pencher la balance par rapport à d’autres clubs français ?
En France, il y a de bons entraîneurs comme Jocelyn Gourvennec (Guingamp) et Rolland Courbis (Montpellier). Je les remercie d’ailleurs de m’avoir convoité. On a eu une discussion avec mon entourage et on a pensé que Nice était la meilleure solution.
Vous arrivez pourtant chez un rival...
Ça ne me fait pas peur, j’ai toujours été honnête avec les supporters de Monaco, et désormais avec ceux de Nice. Je suis niçois aujourd’hui et je vais me donner à 200% pour ces couleurs. Après, bien sûr, quand Monaco jouera en Ligue des champions, je regarderai ça attentivement.
Y a-t-il eu un arrangement entre Nice et Monaco pour que vous ne jouiez pas contre l’ASM ?
Non, le président Rivère m’a dit que j’allais pouvoir jouer. Je serai là le 8 août si le coach me choisit !
On ne pouvait pas faire de retrouvailles plus rapides ! Ce sera dès la première journée…
Ça va peut-être faire bizarre au début. Ça faisait quand même dix ans que j’étais à Monaco et le premier match officiel que je vais disputer avec un autre club ce sera contre Monaco ! Mais une fois sur le terrain, il n’y aura pas de copains et j’espère que Nice gagnera ce match.
Aujourd’hui, être parti de Monaco, ça vous libère d’un poids ?
Oui, ça va peut-être me faire du bien de partir de Monaco et de voir autre chose. Seul l’avenir le dira. Je pense que c’était la meilleure solution.
Quand vous voyez Monaco recruter beaucoup de jeunes, cela ne vous attriste pas de ne pas faire partie de ce projet là ?
Non, à vrai dire, je regarde plutôt le mercato de Nice ! C’est vrai que beaucoup de joueurs sont arrivés, mais j’observe ça d’un œil lointain. À Nice, le club va recruter deux ou trois joueurs je pense.
Ne craignez-vous pas que ce groupe de Nice soit justement un peu trop jeune ?
Non, Nice a terminé onzième la saison dernière. Pour l’instant, les recrues sont de qualité, j’espère qu’il y en aura encore d’autres. Je pense que si deux ou trois joueurs viennent renforcer le groupe actuel, on va faire une belle saison. Après, au niveau des jeunes joueurs, l’an dernier, on a vu que Lyon disposait d’un groupe avec beaucoup d’éléments issus du centre de formation et ils ont réussi à finir seconds. La jeunesse n’est pas forcément un défaut dans ce Championnat.
Donc Lyon est le modèle à suivre…
Oui, sans injecter beaucoup d’argent, ils ont accompli une très belle saison en jouant très bien au foot. On prenait plaisir à les regarder devant la télévision. Sans recruter de stars, ils ont lutté avec Paris jusqu’au bout, donc c’est un exemple pour tout le monde.