Wylan Cyprien : "Je ne m'attendais pas à ça"

Malgré l'excellent début de saison de son club l'OGC Nice mais aussi d'un point de vue personnel, Wylan Cyprien refuse de s'enflammer. Le milieu de terrain de 21 ans revient sur ses premiers pas en Rouge et Noir, la cohabitation avec Mario Balotelli et ses objectifs futurs.

 

 



Si beaucoup n'ont d'yeux que pour Mario Balotelli, les prestations de Wylan Cyprien avec Nice ne sont pas non plus passées inaperçues. Le jeune joueur originaire des Abymes (Guadeloupe), arrivé cet été sur la Côte d'Azur, s'est rapidement intégré au système de jeu de Lucien Favre. Passeur décisif mais aussi buteur, le milieu de terrain de 21 ans est l'une des révélations de ce début de saison. Les dirigeants niçois, conscients du potentiel de leur pépite, ont déjà prévu le coup avec une clause de valorisation signée sous seing privé qui s'élève à 35 millions d'euros. Pas de quoi déstabiliser l'ancien lensois qui garde la tête sur les épaules.



Malgré votre jeune âge, vous étiez l'un des cadres à Lens depuis quelques saisons. Plusieurs clubs étaient intéressés par votre profil. Pourquoi avoir choisi de rejoindre Nice ?



Il y avait un projet intéressant sur le long terme avec pas mal de jeunes talents comme Arnaud Lusamba, Remi Walter ou encore Vincent Koziello. Le tout encadré par des joueurs d'expérience avec les arrivées de Dante, Younes Belhanda et Mario Balotelli. Mais au delà du projet, il y avait aussi le style de jeu de l'équipe qui m'a donné envie de signer ici.



Après huit journées, le Gym est toujours invaincu en Ligue 1 et caracole en tête du championnat. Vous attendiez-vous à vivre un tel début de saison ?



Je ne m'attendais pas à ça. Au départ, je suis venu ici pour jouer les dix premières places. Il y a eu beaucoup d'arrivées cet été. On ne pensait pas qu'il y aurait une telle osmose entre les nouveaux et les anciens. La mayonnaise a bien pris. On est très content mais ce n'est que la huitième journée, on ne veut pas s'enflammer. On attend de voir ce que ça donnera à la vingtième journée et là on pourra avoir des satisfactions.



Quel est le secret de la réussite niçoise?



On est une bande de potes, on s'entend tous bien en dehors et sur le terrain. On tire tous dans la même direction. Et puis on a un groupe de grande qualité, donc jusqu'à maintenant on arrive à faire la différence que ce soit sur des exploits individuels ou des phases collectives. Il faut continuer sur cette lancée. On espère durer le plus longtemps possible.



La place de leader, pour le moment anecdotique, vous donne-t-elle des idées pour la suite ?



Pourquoi pas (rires). Comme je l'ai dit, vers la vingtième journée on pourra commencer à tirer des conclusions et rêver plus haut. Mais pour le moment, on prend match après match. Tant qu'on gagnera, on restera à cette place-là. Le calcul est facile à faire ! Si on veut aspirer à une place le plus haut possible à la fin de la saison, ça commence dès maintenant.



Vendredi prochain, vous affrontez l'OL. En cas de victoire, Nice compterait dix points de plus que Lyon. L'avance deviendrait alors importante …



Oui ça commencerait à devenir conséquent. Mais depuis ces 2-3 dernières saisons, on a l'habitude de voir l'Olympique Lyonnais démarrer timidement et ensuite mettre la machine en marche. Je pense qu'ils ne vont pas tarder à la mettre en route et ça sera ensuite compliqué de les battre. A nous d'en profiter et d'essayer d'engranger un maximum de points tout de suite. On verra ce que ça donnera par la suite.



Vous avez découvert la Ligue Europa cette saison, quelles sont vos premières impressions ?



C'est un football différent de la Ligue 1. Il y a plein de choses autour comme le protocole de l'UEFA. On sent tout de suite qu'on n'est pas du tout dans la même catégorie que le championnat. C'est quelque chose de nouveau. Pour notre part, c'est un peu compliqué à vivre pour le moment.



Comment expliquer les difficultés rencontrées par Nice dans cette compétition (2 matches, 2 défaites) ?



Pour la plupart, c'est la première fois qu'on joue l'Europa League. C'est nouveau pour nous, on découvre. On n'est pas habitué à l'intensité du haut-niveau. Il faut qu'on s'y mette parce que les autres équipes ne vont pas nous attendre et nous faire de cadeaux. Ce sera à nous d'élever notre intensité de jeu, physique et technique.



La Ligue Europa ne risque-t-elle pas de vous handicaper pour le reste de la saison ?



C'est un autre rythme mais le staff médical travaille dur pour nous mettre dans les meilleures conditions. Et puis on a surtout un effectif très étoffé avec de très bons joueurs. Même ceux qui jouent moins auraient leur place dans la plupart des clubs de Ligue 1. Donc ça ne devrait pas nous handicaper. Il faut juste mieux appréhender ces matches de Ligue Europa et passer ce cap de la découverte. Maintenant, ce n'est plus nouveau, on sait à quoi s'attendre. A nous de rectifier le tir. Il n'est pas question de lâcher cette compétition. On reste concerné sur tous les tableaux, on veut tout jouer à fond.



« Les Espoirs, je n'y pense pas »



A titre personnel, comment analysez-vous votre début de saison ?



Je me sens bien, je prends du plaisir à jouer ici. Je fais ce que je sais faire. Vu que l'équipe tourne bien, tout le monde arrive à tirer le meilleur de soi. Ça se ressent dans mes passes, dans mes frappes, dans mes dribbles. Je joue avec des super coéquipiers. Que ce soit en termes de statistiques ou dans le jeu, tout est positif pour le moment.



Cela fait maintenant plusieurs mois que vous évoluez sous les ordres de Lucien Favre. Que vous apporte-t-il ?



C'est un coach qui a la tête sur les épaules. Il est toujours avec l'idée et l'envie d'aller vers l'avant, travailler plus pour pour progresser. Il veut qu'on tire le maximum de nous-même. C'est une autre manière de travailler par rapport à mes anciens entraîneurs. Il parle beaucoup, il est proche de nous, il n'impose pas de méthodes. Au contraire, il s'adapte et corrige en fonction de ses joueurs, de leurs caractères et de leurs qualités. C'est quelque chose de nouveau pour moi et ça m'apporte beaucoup.



Lors de votre arrivée, Lucien Favre avait mis l'accent sur votre polyvalence. Vous avez d'ailleurs été utilisé à plusieurs postes. Depuis quelques matches, votre rôle se précise. Cela pourrait-il expliquer votre montée en puissance ?



Je suis un joueur du milieu de terrain et j'aime bien tous les postes. Le coach a essayé de me mettre à plusieurs endroits pour voir où j'aide le plus l'équipe. J'étais excentré côté droit sur les premiers matches, c'était quelque chose de nouveau pour moi. Je ne savais pas trop comment me déplacer. J'essayais de faire mon maximum dans un poste que je découvrais. Je pense que l’entraîneur a trouvé la position qui me convient face à Marseille. Il m'a remis dans l'axe, où je joue depuis mes débuts. J'ai de suite été plus à l'aise, j'ai pu prendre plus de risques, tenter plus ma chance et ça a fonctionné. Dans le football, tout marche à la confiance. Alors comme j'ai pris de plus en plus confiance en moi au fil des matches, je tente plus souvent sans avoir la crainte de rater. Plus on tente, plus on réussit.



Comme cette superbe passe décisive pour Mario Balotelli le week-end dernier face à Lorient (2-1) ...



C'est la fin de match, je me sens un peu fatigué. Mais je remarque que sur les 2-3 précédentes frappes de Mika (Seri) et Valentin (Eysseric), les défenseurs se jettent sans regarder ce qu'il se passe dans leur dos. Juste avant Mario fait deux fois le même appel. Donc je me dis que si j'ai cette situation, je lui donnerais la balle pour qu'il ait le champ libre devant lui. Et c'est ce que j'ai fait. J'ai feinté de tirer, les défenseurs sont sortis sur moi, je fais une talonnade parce que c'était le geste le plus approprié et après c'est Mario qui a fait parler son talent. La passe en soi est bien jouée mais je pense que même sans, il aurait réussi à marquer ce superbe but !

 


Est-ce impressionnant d'évoluer avec un joueur de la trempe de Balotelli ? Comment est-il dans le vestiaire ?



C'est un grand frère. Il nous donne beaucoup de conseils à nous les jeunes. Comme je l'ai dit, on est vraiment une bande de copains, on déconne tous ensemble. Sur le terrain, Mario apporte sa touche supplémentaire. Il arrive à nous débloquer des situations quand c'est compliqué comme contre Lorient. Ça fait plaisir et ça rend fier d'évoluer avec des joueurs comme lui et ça nous fait progresser. En plus Mario est très médiatique donc on se sent regardés. Ça nous donne un petit boost. On se surpasse parce qu'on sait qu'on est attendu.



Le club ne s'en cache pas et mise sur vous. Sentez-vous un peu de pression ?


Même s'ils attendent beaucoup de moi, ils ont été intelligents dans la façon de me parler. Je ne ressens pas de pression. Ils m'ont simplement dit de faire ce que je savais faire, de grandir et on verra où ça me mène. Que ce soit le président, le coach et le reste du staff, ils ne veulent pas que je me prenne la tête. Tout le monde m'incite à travailler encore plus pour élever mon niveau. Pour l'instant ça marche donc je vais continuer dans cette voie-là pour tirer le maximum de mon potentiel.

 

Quel est votre plan de carrière ? Avez des rêves, des objectifs ?



Je n'en ai pas encore. Avant de commencer le foot, c'était de devenir joueur professionnel. J'ai réussi en signant à Lens. Maintenant je suis dans un bon club de Ligue 1. On verra la prochaine étape. Mais pour le moment, mon projet c'est de finir le plus haut possible avec Nice et pourquoi pas débloquer mon palmarès en gagnant un trophée que ce soit la Coupe de France, la Coupe de la Ligue ou même le championnat (sourire).



Au vu de vos performances, l'Equipe de France Espoirs est-elle dans un coin de votre tête ?



Non, je n'y pense pas. Cela fait maintenant deux-trois ans que je suis dans le monde professionnel et on n'a jamais fait vraiment appel à moi. La seule fois où j'ai été convoqué c'est quand il y a eu une blessure (ndlr : en septembre 2015, après le forfait de Corentin Tolisso). Donc je ne pense plus à ça. Ce n'est pas dans mes objectifs ni dans mes priorités. Je bosse pour mon club et je n'y prête plus attention. Après, la « grande » Équipe de France, ça deviendra un objectif sur le long terme. Mais je sais que plus je ferai de bons matches, plus je serai regardé et plus les grands clubs et les sollicitations arriveront. Mais pour le moment, je ne me prends pas la tête.