Jeune président (31 ans) depuis février, l’ex-dirigeant de Barnsley détaille le nouveau projet niçois.
« À votre arrivée à l’OGC Nice, en début d’année, la priorité était-elle de rassurer le club et son environnement, choqués par le départ subit du duo Rivère-Fournier ?
Il y avait des inquiétudes légitimes. On est passés d’une phase de stabilité de management à un changement dans un contexte difficile de mercato. Ça provoquait forcément des interrogations, en interne ou à l’extérieur. J’ai passé beaucoup de temps, et je continue, à échanger avec tout le monde. Par exemple, avec les supporters, notamment pour leur montrer qu’on fait ce qu’on dit, et pour expliquer notre stratégie. Les signaux sont plutôt positifs.
Est-ce pour rassurer Patrick Vieira que vous avez nommé Gilles Grimandi ?
Ç’a été perçu comme ça par beaucoup de monde, mais Gilles, qui avait d’ailleurs été approché par l’ancienne direction, vient pour le projet de Nice. Sa relation avec Patrick est un atout, mais il vient pour apporter sa connaissance du haut niveau. Gilles a en charge la politique sportive, de la formation aux pros, et chapeaute le recrutement, dont Mathieu Louis-Jean (NDLR : ex-scout de Manchester United) aura la responsabilité. Patrick a en charge la performance de l’équipe pro, moi j’ai une vision globale de l’organisation avec les arbitrages financiers à prendre, les négociations contractuelles... Ce sera un fonctionnement collégial.ogcnice.info
Patrick Vieira est donc parti pour rester ?
C’est clair dans son esprit. Et c’est la conséquence du travail au quotidien avec Gilles et moi. Ça se fait naturellement. Le feeling passe bien et on construit des bases solides.
L’annonce de l’offre de rachat par Jim Ratcliffe a-t-elle perturbé en interne ?
Je n’étais pas inquiet. Les rumeurs de rachat existaient déjà bien avant mon arrivée, et je connaissais le nom de Ratcliffe. Avant de venir, j’ai eu de longues discussions avec les actionnaires, je ne voulais pas m’engager à la légère. Leur position était claire dès le début : Chien Lee a toujours affirmé que c’était un investissement sur le long terme et qu’ils comptaient poursuivre le développement du club en faisant venir de nouvelles personnes pour franchir de nouvelles étapes. Et tous les actes, depuis quelques semaines, montrent qu’ils s’y tiennent. Mais on ne peut empêcher les rumeurs.
Êtes-vous conscient que vous serez en partie jugé sur le mercato cet été ?
On le sait, surtout après la frustration du mercato hivernal. Et on sera actif. On travaille beaucoup avec Patrick, Gilles et maintenant Mathieu sur les besoins de l’équipe, les profils à rechercher. On a une idée très claire de ce qu’on veut mettre en place cet été, maintenant, on va passer à la réalisation. La base de l’effectif est très bonne, donc il y aura simplement quelques départs et quelques arrivées.
L’actionnaire est prêt à faire des efforts ?
Leur modèle a toujours été le même : on achète un club mais on ne remet pas d’argent dedans. Donc, générez l’argent dont vous avez besoin et tout sera réinvesti dans le sportif. Depuis qu’ils sont là, aucun dividende n’a été distribué, tous les profits des ventes ont été réinvestis dans le club, et ça va continuer sur ce mode.
Pensez-vous rester performant en ne misant que sur de jeunes joueurs à fort potentiel de revente, ce qui est à la base de votre projet ?
On a entendu parler de beaucoup de choses, de trading, etc. On va continuer d’investir sur des jeunes à fort potentiel parce que sur le plan économique, c’est ce qui fait sens pour nous.
Des coups à la Ben Arfa ou à la Balotelli, c’est fini ?
Ils n’étaient pas venus avec des indemnités de transfert énormes et en ayant trente-deux ans. Si l’occasion se présente, il n’y a aucune raison de s’en priver. Bien sûr qu’il faut des joueurs d’expérience. Malang Sarr a beaucoup appris au côté de Dante, par exemple. Mais on ne dépensera pas d’importantes indemnités de transfert sur un joueur qui ne représente pas une valeur future. Le moment où l’équipe a été la plus performante, c’est quand elle était la plus jeune. L’important, c’est de ne pas se tromper. On ne peut pas se tromper, on n’est pas Monaco. À ceux qui sont inquiets, je dis qu’ils n’ont pas de raisons de l’être plus aujourd’hui qu’il y a cinq ans, car c’est exactement le même fonctionnement, avec des personnes différentes, des outils différents.
Comme l’utilisation de la data dans le recrutement ?
Chien Lee a acheté Barnsley parce que c’était un club pionnier là-dessus, et on est passé à la vitesse supérieure avec l’arrivée de Billy Beane. Ça va nous apporter une méthode différente, ça peut nous donner des avantages sur quelques dossiers. Mais il ne s’agit pas de remplacer un modèle qui fonctionnait par un autre, juste d’utiliser tous les outils à notre disposition. On doit être aussi capable de générer plus de revenus hors football afin d’avoir un socle de revenus fixes plus important. Nice s’est énormément développé en sept ans, mais il était focalisé sur la performance sportive et n’a pas capitalisé commercialement sur cette performance. On a un gros retard à combler. Même si ça ne fait pas les titres des journaux, ça nous aidera beaucoup en termes de performance, car l’idée, c’est d’être européen de façon très régulière. »