Pendant quarante minutes, sous le soleil et devant une assiette de fruits rouges, le jeune directeur sportif du Gym Florent Ghisolfi (39 ans) a balayé l’actualité du club, en panne de résultats depuis trois mois, avec six défaites, deux nuls et trois victoires sur les onze dernières journées de Ligue 1.
Le Gym est quinzième au classement des matches retour. Y a-t-il urgence ?
On est en alerte mais il n’y a pas d’urgence. On a pris 5 points en 7 matches et il faut renverser la situation. Mais on doit transmettre de la sérénité. Personne ne doit oublier que la très forte attente d’aujourd’hui a été créée par une bonne première partie de Championnat (Nice était 2e à la trêve fin décembre). Il faut se souvenir d’où on est partis cet été : quand on a changé de projet et qu’on a nommé un entraîneur jeune (Francesco Farioli a 34 ans) avec peu d’expérience, peu de monde nous voyait jouer les places en C1.
Pourquoi le Gym a-t-il pris zéro point dès lors qu’il a été mené lors de ses six défaites en trois mois ?
Nous, dirigeants et staff technique, assumons toutes les contre-performances et le fait de n’avoir pas su inverser cette tendance. Mais, désormais, on attend plus des joueurs dans le caractère et le leadership pour renverser des matches. En plus, le caractère est une valeur forte de l’OGC Nice. Et il n’y a pas d’âge pour être un leader, ça concerne tout le monde.
Farioli dit que c’est un état émotif qui empêche les joueurs de retourner un match. N’est-ce pas aussi sa responsabilité ?
Oui et non. Ce n’est pas comme si on était une équipe qui jouait seulement en attaque placée ou seulement en attaque rapide. Si c’était le cas, on pourrait dire qu’on est bloqués par notre tactique. Mais nos buts – et on en a mis peu, je vous l’accorde –, on les a mis dans les deux situations. Il y a une partie stratégique, OK, mais il y a aussi une partie psychologique, à développer en permanence.
Farioli dit “quand le plan A ne marche pas, il faut un meilleur plan A”. Cette posture, qui élimine le plan B , ne l’enferme-t-elle pas ?
Je ne suis pas d’accord, il n’est pas bloqué sur un plan. La preuve, à Toulouse (1-2, le 3 mars) il a changé le système de jeu. Il est ouvert mais on ne lui impose rien. Il est en recherche. Lui et nous sommes convaincus par l’importance de la stabilité, dans le projet, dans la composition de l’équipe et le système. Mais, dans cette stabilité, il faut avoir des variantes.
La méthode Farioli ne s’essouffle-t-elle pas ?
Les doutes de l’environnement ne nous font pas peur, ils nous ont accompagnés dès l’été dernier, quand on l’a choisi. C’est son travail qui nous a permis d’arriver là. On est cinquièmes et en quarts de finale de la Coupe de France. C’est loin d’être catastrophique. On est dans la course.
Que suggérez-vous à Farioli dans vos échanges ?
Je lui apporte du soutien et ma vision. Je ne veux pas qu’il se sente en danger, c’est à nous de prendre la pression. Je lui conseille de garder la tête froide et la stabilité.
Si on vous dit qu’avec ce jeu ennuyeux et ces victoires 1-0 du début de saison il fallait s’attendre à cette chute du Gym…
Sur les matches aller, on a fini deuxièmes et les expected-points (le modèle qui définit le nombre de points attendus) nous donnent deuxièmes. Sur les matches retour, les expected-points nous donnent neuvièmes et on est quinzièmes. En partie à cause de décisions arbitrales défavorables, contre Monaco (2-3, le 11 février) et Lyon (0-1, le 16), que la DNA (Direction nationale de l’arbitrage) a reconnues. On a gagné sur des petites marges et marqué peu de buts, certes, mais je n’estime pas qu’on a eu de la réussite, ce n’est pas le bon mot. On a la meilleure défense de L1 (17 buts encaissés) et la troisième d’Europe, on a aussi des forces.
N’avez-vous pas surperformé en début de saison ?
Non. On a été haut par rapport à ce qui était attendu à l’été mais on était à notre place, on a joué comme un deuxième. Sur la deuxième partie, on est 15es au lieu de 9es et on sous-performe.
Comment expliquez-vous cette chute ?
Les absences de Terem Moffi, Jeremie Boga et Hicham Boudaoui, partis à la Coupe d’Afrique des nations. Certains joueurs sont aussi moins performants. Les faits d’arbitrage dont j’ai parlé. Et une perte de stabilité dans la composition d’équipe.
Et l’entraîneur ?
On peut toujours faire mieux. L’instabilité de l’équipe l’a pénalisé. Mais je vois ce qu’il donne et, pour lui comme pour les joueurs, seul l’engagement compte.
Farioli est-il tranquille quoi qu’il arrive sur la fin de saison ?
La question ne se pose même pas. Il sera là jusqu’à la fin de saison.
Une équipe qui marque moins d’un but par match mérite-t-elle d’être européenne ?
Si elle a l’une des meilleures défenses d’Europe, oui. C’est notre nature cette saison, elle peut évoluer mais on est toujours restés hermétiques aux critiques car on savait que c’était notre force. Défensivement, oui, on est devenus moins bons. En défense placée comme sur les contre-attaques adverses.
Redoutez-vous une baisse de la valeur de Khephren Thuram, alors que l’actionnaire vous invite à plus d’autonomie financière ?
Le sujet n’est pas sa valeur, c’est comment exploiter son potentiel infini chez nous. À son âge (22 ans) et avec son CV d’international (1 sélection chez les A), il garde une valeur inestimable. Pour moi, il ne fait pas une saison très moyenne et ce n’est pas l’avis des observateurs (européens). Sa saison est ternie par son manque de stats et sa blessure mais ses contenus de match sont bons.
Comment réussir àgarder Marcin Bulka, très sollicité ?
On nous demandait la même chose cet été avec Thuram et (Jean-Clair) Todibo. Et pareil quand j’étais à Lens, avec Seko Fofana. Il faut que Marcin soit heureux, performant et valorisé à la hauteur de son apport au club. Il ne faut pas l’enfermer s’il a un projet intéressant ailleurs et maintenir le dialogue.
Est-il plus difficile pour ce genre de joueur de se projeter àNice quand la période est mauvaise ?
On en a convaincu certains l’été dernier alors qu’on n’était pas dans la dynamique la plus attractive. Mais l’OGC Nice renforce tous les ans son attractivité.
Allez-vous prolonger Dante, qui aura 41 ans en octobre ?
Dante, c’est l’identité de Nice et il sait que son avenir est ici. On est dans le dialogue. À quel moment on avancera, la suite le dira. C’est un compétiteur mais il ne voudra jamais faire la saison de trop. Aujourd’hui, il se sent bien et je pense qu’il veut continuer. On arrive dans la période où cela va se décider.