14ème journée de Ligue 1 : Nice - Le Havre (L'interview)

Les interviews

Franck Haise, avez-vous digéré la défaite à Lyon ?

 Au-delà de l'erreur admise, j'aurais voulu être arbitré normalement pour voir le résultat, malgré nos dix absents et nos erreurs. Mais il faut préparer Le Havre. Je gère à court terme le casse-tête de nos absences. Je n'ai jamais vécu une telle période. On s'interroge tous, moi le premier. Les réponses sont incertaines, multifactorielles. Mais avoir seulement neuf pros confirmés à l'entraînement est pesant.

Dans ce contexte, comment faire évoluer le groupe ?

Je dois maîtriser l'équipe, les joueurs, le jeu. Mais ne pas avoir plus d'éléments disponibles est une très grosse frustration. Car on a un bon groupe, de bons mecs. Il y a vite eu de nouveaux apprentissages. L'écoute a été bonne, des choses ont avancé. Mais la mise en place dépend de nombreux facteurs. Avec trois défenseurs disponibles, impossible de jouer comme prévu. Je me suis adapté.

Vous dites-vous 'Vivement que ça tourne' ?

"Oui ! (rires) A force de cogiter, les nuits deviennent instables. Quand tu te réveilles à 4h du mat' en pensant à l'entraînement, tu ne te rendors pas à 4h05 ! Je sais qu'il est rare que tout se passe parfaitement bien mais, même avec des circonstances atténuantes, internes et externes, et même si ces moments compliqués nous construisent, perdre deux fois 4-1 ne me plaît pas.

Après Strasbourg, une alarme s'est même déclenchée quand vous avez dû aller aux urgences...

Une tension si élevée, une douleur à la tête si intense et soudaine, ce n'est pas anodin. Une hypertension artérielle héréditaire a été reconnue. Comme beaucoup, je suis un traitement.

Est-ce lié à votre fatigue mentale de l'an dernier ?

Cela n'a rien à voir. L'année dernière, j'étais heureux à Lens mais j'ai senti le besoin de changer d'environnement. Des éléments professionnels ont confirmé que c'était le bon moment. Je suis content d'avoir choisi Nice. Je suis persuadé qu'on va progresser.

Car vous n'avez pas assouvi vos ambitions de carrière ?

Je n'ai pas de plan même si ça fait longtemps que je sais que je suis prêt pour entraîner. Après, ce sont les opportunités... Comme Lens, où je travaillais depuis deux ans et demi. Auparavant, à Lorient, j'aurais pu rester plus longtemps après un intérim. J'ai refusé. Les alignements n'étaient pas là.

Aujourd'hui, que devez-vous apporter à Nice ?

Avoir des idées sur le jeu, le système, manager les hommes, faire passer mes messages à tous. Je ne suis pas dogmatique mais j'ai certains principes. Sans presser toujours, j'aime défendre en avançant dès que possible avec une équipe active, empêcher l'adversaire d'avoir trop le ballon. Sans chercher la possession, j'aime que les joueurs prennent du plaisir avec le ballon. Aller devant le but adverse en une passe ou en dix, tout me va. Mais il faut impérativement du monde à la finition.

Et sur le management humain, comment évoluez-vous ?

Pour aider les autres, le principal est de se connaître le mieux possible. Je me connais mieux que jamais, avec mes qualités et mes défauts. Avec le temps, je me connaitrai encore mieux, mais j'ai beaucoup de travail. Je ne suis pas encore très bon, mais je m'améliore (rires). Vraiment, je le pense.

Quelqu'un vous aide-t-il pour ça ?

A Lens, j'échangeais chaque semaine avec un préparateur mental. Pour tout membre d'un staff ou joueur, c'est utile, je pense. Cela permet de parler, partager des idées, avoir une vision différente, sans ego.

Être médiatique, devoir toujours se justifier, est-ce pesant ?

J'essaie d'être le plus clair possible. Quand on m'a questionné sur la santé mentale et physique des joueurs et entraîneurs, beaucoup m'ont remercié de mon honnêteté. J'ai juste évoqué un moment où j'étais entraîneur et manager. C'était trop pour moi. On a tous des faiblesses, on est tous vulnérables. Il faut essayer d'en faire une force. Eurosport.