Nice volé à Lyon

Revenu de 0-2 à 3-2, Lyon a remporté hier soir face à Nice une victoire qui lui permet de rester dans les hauteurs de la Ligue 1, qu’il ne quitte plus. Mais si ce match haletant aura été une publicité spectaculaire pour la compétition, il ne l’a sûrement pas été pour son arbitrage. La manière dont les Niçois ont perdu cette rencontre, sur un penalty d’une sévérité invraisemblable à la dernière des quatre minutes de temps additionnel – un penalty demandé par l’arbitre assistant – va leur laisser dans la bouche un goût d’amertume et de scandale. Après le match, Antonetti n’est pas venu en conférence de presse. Vu les circonstances, c’était un silence assourdissant.

Mais si cette issue est d’une cruauté extrême pour Nice, qui ne méritait pas de perdre dans ces circonstances, il faut quand même convenir que Lyon a beaucoup fait pour tout renverser. À quatre jours de son entrée en lice en Ligue des champions, mercredi soir à Gerland, face à la Fiorentina, l’OL a disputé son meilleur match de la saison. C’est une appréciation paradoxale pour une équipe qui n’avait encaissé aucun but cette saison et qui était menée 0-2 après vingt minutes, à la suite d’un contre lancé par Rémy et Hellebuyck vers Bamogo (3e), puis sur une action personnelle de Rémy mettant en relief la méforme persistante de Cris (20e).

Lyon a disputé son meilleur match de la saison, mais il n’aurait pas pu le gagner tout seul, et chacun de ses trois buts, au milieu d’une forêt d’occasions immenses et d’arrêts remarquables de Letizi, peut prêter à débat. Concernant le premier, l’affaire est subtile : Juninho est à la course, il tombe, il n’y est pour rien, c’est l’âge. Et son coup franc, lui, est magique (40e). Le second est à nouveau un coup franc. Et c’est toujours Juninho, de 45 mètres. À l’instant de la frappe, Piquionne n’est pas hors jeu. Il passe devant Letizi, est indubitablement actif, il ne touche pas le ballon et doublé pour Juninho (73e). Les Niçois reprocheront à l’arbitre assistant d’avoir levé son drapeau avant de valider le but.

Puel : « Notre meilleur match de la saison »

Le troisième est le pire. Tout au bout du temps additionnel, Hognon se lance dans un tacle glissé sur Piquionne dans la surface de réparation. Il ne prend pas le ballon avec les pieds après le crochet du Lyonnais, mais le contre avec le haut du corps. Le ballon effleure son coude, mais le coude est collé au corps : M. Cailleux n’avait aucune raison de siffler le penalty. D’ailleurs, il n’en avait pas l’intention : c’est son assistant qui lui a signalé la pseudo-faute. Et Benzema a inscrit son cinquième but en cinq journées. Nice a donc été délesté au moins du match nul. Les Niçois ont confirmé leurs capacités dans le jeu de contre, ils ont montré un esprit, mais la vérité oblige à dire qu’après une heure de jeu ils avaient transformé en buts leurs deux seuls tirs cadrés du match. Et ils sont tombés, donc, sur des Lyonnais qui, pour la première fois de la saison, ont été capables de moments de pression durables. Tactiquement, l’entrée de Benzema à la place de Källström, à la mi-temps, et le basculement en 4-4-2 ont dessiné une menace plus forte et de nature différente. Juninho n’a plus eu la même influence offensive en reculant d’un cran, mais Fred est devenu un autre joueur avec Benzema, offrant des appuis que Piquionne, plus tard, n’a pas pu offrir. De ce 4-4-2, Claude Puel dira : « C’était pas mal, non ? Mais c’est une option sinon risque-tout, du moins très offensive. D’une manière générale, oui, c’était notre meilleur match de la saison en termes de qualité et de respect du collectif. On marque par trois coups de pied arrêtés, mais on a eu je ne sais combien d’occasions. » Une bonne quinzaine, souvent après des actions collectives brillantes. Comme souvent, Lyon se rapproche de sa vérité quand revient la Ligue des champions.

VIincent Hognon :« Les buts ont été donnés par l’arbitre »

L’APRÈS-MATCH a été chaud après les décisions très contestables du corps arbitral sur la pelouse de Gerland. Quelques supporters azuréens ont manifesté bruyamment leur mécontentement lorsque le car de leur équipe a quitté le stade :« On s’est bien fait voler, hein ! On s’est bien fait voler ! »

Au diapason, Emerse Faé ne s’est pas privé de « tacler »Jean-Charles Cailleux, l’arbitre de la rencontre. « Durant l’année que j’ai passée en Angleterre, j’avais oublié la faiblesse de l’arbitrage en France, constatait le milieu niçois avant de se faire ironique. En la matière, je crois que ce soir (hier soir), on peut parler d’un véritable match-référence, non ? » Près de lui, David Hellebuyck ne pouvait que déplorer les décisions de l’arbitre : « Là, c’est vraiment abusé. Lyon a fait un gros match, notamment en deuxième mi-temps. Mais nous aussi. Et, franchement, on ne mérite pas de perdre. Je n’ai pas vu les images. Mais j’ai quand même mon idée, notamment sur le premier coup franc réussi par Juninho car il n’y avait pas faute. Un jour, il faudra peut-être quand même songer à sanctionner ça ! » Toujours aussi calme et posé mais incisif et radical, Vincent Hognon n’y allait pas par quatre chemins. « Ce soir, les buts ont été donnés par l’arbitre, c’est tout, constatait le défenseur sanctionné d’un penalty. Lionel (Letizi) peut stopper les tentatives lyonnaises, nous, on peut donner tout ce qu’on a pour résister à la pression adverse. Mais contre l’arbitre, on ne peut pas lutter. »

Rool : « L’arbitre aurait dû être expulsé »

Cyril Rool, qui avait manifestement déjà fait le vide après s’être fait expulser pour attitude incorrecte à la suite du penalty de la dernière seconde, étalait ensuite tout son dépit. « Je suis partagé. Lyon était meilleur mais il y a eu des décisions bizarres. Je méritais d’être expulsé, reconnaissait le latéral gauche. Mais je persiste à penser que c’est plutôt l’arbitre qui aurait dû être expulsé au vu de son match. Sur les trois buts lyonnais, il y a litige. Sur le premier, je suis bien placé pour savoir qu’il n’y avait pas coup franc sur Juninho, qui, commed’habitude, se laisse tomber. Sur le deuxième coup franc obtenu et réussi par Juninho, je ne suis pas sûr du tout non plus qu’il y ait faute. Et alors le penalty de la 93e, c’est le pompon ! Pas un Lyonnais n’a d’ailleurs réclamé quoi que ce soit. À l’arrivée, cette défaite est donc difficile à avaler. Pour les jeunes de l’équipe, qui se sont battus d’un bout à l’autre, je regrette ce que j’ai fait à la fin. Mais, déjà qu’on ne dispose pas des mêmes armes que Lyon, il ne faut pas qu’en plus l’arbitrage s’en mêle. Je voudrais bien que ce soit pareil pour toutes les équipes, Nice compris. Et ça, je ne le vois guère quand on va à Lyon ou à Marseille. » Contrairement à ses joueurs, Frédéric Antonetti, leur entraîneur, a préféré contenir son dépit. Il a fait une timide incursion en salle de presse avant de faire marche arrière sous prétexte que Claude Puel, son homologue lyonnais occupait alors la scène. Fidèle à lui-même, ce dernier ne s’est pas aventuré sur le terrain de la polémique : « Je ne commente pas l’arbitrage. Si on avait perdu, je n’en aurais pas fait non plus. Simplement, on aurait déjà pu bénéficier d’un penalty en première mi-temps, il me semble. »

Le président niçois, Maurice Cohen, sollicité, n’est pas venu commenter la soirée. Mais il a ensuite avoué au micro de Canal + qu’il envisageait d’engager des recours. Jean-Charles Cailleux, lui, n’a pas souhaité s’exprimer.