Les bordelais sont des gens bien élevés. Ils l’ont encore montré, hier soir, au coup de sifflet final. Ils avaient pourtant de quoi « péter les plombs », pour plagier Planus . Alors qu’ils maîtrisaient leur sujet de bout en bout, ils ont bêtement laissé filer, sur deux décisions arbitrales contestables, un quatrième succès d’affilée (toutes compétitions confondues). « C’est vrai qu’avec Cluj (1-0, mercredi, en Ligue des champions), nous avons livré notre match le plus abouti de la saison, acquiesce Gasset, l’adjoint de Blanc. À 2-0, nous ne devons jamais en arriver à ce final catastrophique. »
Jamais, jusqu’à ce but hors-jeu de Mouloungui (84e, 1-2), les Niçois n’avaient donné le sentiment de pouvoir revenir dans cette partie. C’est même à se demander si Nice reçoit la télévision et si l’OGCN possède un magnétoscope. Avec Juninho, Wendel est un des meilleurs spécialistes de L 1 des coups francs de loin et avec un tel effet. À voir comment il plaça son mur, le Colombien Ospina devait l’ignorer (11e, 0-1). Wendel put alors s’en aller bomber la poitrine du côté de ses supporters torses nus. « Ce but va me libérer, se réjouit-il. C’est bien pour la confiance de retrouver du temps de jeu et mon efficacité. » Elle a fui Ben Saada, notamment dans son replacement. Cela offrit des espaces à Chalmé.
Souleymane Diawara : « Une erreur à deux points »
À force de pilonner la cage, Bordeaux doubla logiquement la mise sur un penalty de Cavenaghi (58e, 0-2). Les Girondins auraient même pu, dû, inscrire un troisième but. Coupables de ne pas y avoir pensé, ils ont été punis par Mouloungui. « Ce but les a relancés, marmonne Souleymane Diawara. On n’aurait pas dû s’attacher à cette erreur d’arbitrage mais rester concentrés. »
Pour ne pas y être arrivé, Bordeaux a encaissé un second but sur coup de pied arrêté. Ducasse a touché le ballon du coude dans la surface. Le penalty sévère a été transformé par Loïc Rémy (90e + 6, 2-2). « Ce penalty est imaginaire et injuste, affirme Diawara. C’est une erreur à deux points. » Elle prive en effet son entraîneur d’une victoire qui aurait récompensé son culot et son feeling. Blanc n’a pas hésité à tenter un coup, hier. Il n’a pas fait tourner, il a carrément tout changé, son schéma de jeu excepté (4-2-3-1). La moitié de ses joueurs de champ devant Cluj se sont ainsi retrouvés sur le banc (Bellion, A. Diarra, Gourcuff Jurietti et Obertan). Alain Boghossian, l’adjoint de Raymond Domenech, a donc effectué le déplacement pour rien. Il n’a pu superviser Diarra et Gourcuff, ou si peu. Mais il a vu Chamakh à la baguette. En l’absence de Jussiê, il fut chargé de suppléer Gourcuff, en soutien de Cavenaghi. Le Marocain avait déjà tenu ce poste, inhabituel pour lui, l’an passé, notamment devant Anderlecht, en 16e de finale retour de la Coupe de l’UEFA (1-1, le 21 février). Mais il s’était retrouvé placé à la tête d’un milieu en losange, derrière deux attaquants.
Ces options tactiques ne sonnaient donc pas comme une évidence. Surtout au regard de la tâche. Nice se trouvait invaincu sur sa pelouse au coup d’envoi (deux victoires et deux nuls). Il le reste. Ainsi en a décidé M. Chapron. « Cela ne sert à rien de discuter ses décisions, évacue Blanc. On ne peut plus rien faire. Mieux vaut consacrer notre énergie sur notre prochain match. » Bordeaux a en effet deux points à récupérer, dès mardi, devant Le Havre.