Encore battu, Paris s’enfonce

C’est un monde où l’on entend même le silence. C’est unmonde où chaque bruit résonne, claque, interpelle. CCelui de la frappe dans le ballon, des rires qui s’échappent et paraissent soudain énormes, des applaudissements qui se comptent et que l’on dénombre facilement. C’est unmonde ou les mots « Sors ! », «Replace- toi », « Au sol », « Seul » deviennent les dialogues audibles d’un match de football. C’est lemonde du huis clos.

Ecoutons les acteurs de cette drôle de pièce. « C’est vraiment triste un stade vide... », déclare ainsi Mateja Kezman. « Ce n’est pas évident de jouer devant des tribunes vides car on fait un métier de spectacle. J’espère au moins que cette expérience nous servira mardi à Auxerre », ajoute Stéphane Sessegnon. « C’était la première fois que je jouais à huis clos, précise Mevlut Erding. C’est assez spécial. Il n’y avait aucune ambiance, on s’entendait parler, on entendait parler nos adversaires. Ca ressemble à un match amical. »

 

Ce Nice - PSG s’est en effet déroulé dans un environnement surréaliste, où aucun incident n’est à déplorer. Sans doute la rançon d’un dispositif de sécurité dantesque (600 policiers) et disproportionné. Dans le stade, ils sont à peine une centaine, dont une vingtaine de dirigeants, une trentaine de journalistes, Gilles Veissière, l’ancien arbitre international aujourd’hui adjoint aux sports de la ville de Nice et des policiers.

 

Une fois le coup d’envoi donné, un silence pesant et étrange domine. Seul le chant des oiseaux, les commentaires des reporters radio et les frappes de balle donnent une sonorité à ce genre de rendez-vous que tous les joueurs redoutent. Seul soutien populaire : dans l’un des immeubles qui domine le stade du Ray, une vingtaine de personnes se sont massées sur deux balcons aux couleurs de l’OGCN. Sur leur toit, trois policiers veillent afin d’éviter que des fumigènes soient lancés en direction du stade. Plus loin, sur une colline, sans aucune visibilité sur le terrain, une dizaine de supporteurs se sont également réunis pour encourager leur équipe avec des chants et lancer quelques insultes aux Parisiens.

 

Il y a aussi des moments comiques, quand, en seconde période l’arbitre interrompt le match pour calmer l’entraîneur parisien. De l’autre côté de la rue, un supporteur niçois crie : « Kombouaré, ta gueule ! » Ou encore les Aiglons, vainqueurs, qui saluent, le match fini, les balcons, comme au théâtre ! Sur le terrain, en revanche, personne ne rigole. « C’est vraiment un contexte particulier, surtout pour de jeunes joueurs », soupire Sessegnon. « Ça ne m’était jamais arrivé, et j’aimerais que ça n’arrive plus. Et malheureusement, ça va encore arriver deux fois en une semaine », conclut Kezman.