Modeste : « Le bon moment »

Aux dernières nouvelles les négociations entre les Girondins et l'OGC Nice pour le transfert d'Anthony Modeste n'avaient pas encore abouti, la balle étant désormais dans le camp azuréen. Des discussions serrées entre un club qui ne peut pas se permettre de folies (Bordeaux) et un autre qui ne veut pas brader l'un de ses espoirs (Nice).

 

 

Pourtant, les conditions semblent réunies : la porte laissée ouverte par un vendeur qui a besoin de liquidités, la volonté de l'acheteur qui a formulé deux offres en une semaine, et le désir clamé de l'attaquant, fâché avec une frange des supporteurs niçois et séduit par Jean Tigana.

 

« Je pense que pour le club comme pour le joueur, c'est le bon moment : les Girondins feraient un très bon investissement pour le court terme et l'avenir, et Bordeaux est le club idéal pour qu'Anthony explose. »

 

Interrogé hier, Jean-Louis Garcia connaît particulièrement bien les deux parties. L'ancien gardien de but a en effet officié pendant quatre ans (de 1999 à 2003) au Haillan, en charge d'une réserve où il s'est occupé des Chalmé, Planus, Mavuba, Francia et autre Chamakh. Et la saison passée, c'est sous ses ordres à Angers qu'Anthony Modeste s'est réellement révélé, marquant 20 buts en 37 matches de Ligue 2 et devenant titulaire en équipe de France espoirs (1).

 

« Je le suivais depuis un moment, raconte-t-il. J'ai joué à Cannes avec son père, Guy Modeste, et quand j'ai vu que son fils avait intégré le centre de formation de Nice, j'y ai porté mon attention. Laurent Viaud, recruteur de Liverpool (et ex-Angevin) chargé de suivre les jeunes Français, avait également un œil sur lui et m'en avait dit le plus grand bien.

 

Du coup, j'avais voulu le faire venir déjà il y a deux ans, mais Nice venait de perdre Koné, Laslandes et Frédéric Antonetti avait souhaité le garder. La saison s'est toutefois moins bien déroulée (22 apparitions en L1, 2 buts) qu'Anthony ne l'espérait et je suis revenu à la charge pour un prêt. »

 

Grand, rapide, technique

 

Préféré à plusieurs clubs plus huppés, Angers s'en est vite félicité : avec son jeune buteur de 22 ans en fer de lance, le SCO s'est mêlé jusqu'au bout à la lutte pour la montée.

 

« Anthony est un attaquant moderne, grand et costaud mais possédant de bonnes qualités techniques, une très grande vitesse qui lui permet de prendre souvent la profondeur, mais aussi un sens aiguisé du but. Si vous reprenez les 20 buts marqués chez nous, il y a un peu de tout : des trajectoires coupées de la tête, des volées, des frappes de loin… Paradoxalement, là où il doit faire le plus de progrès, c'est dans les face-à-face : il s'en crée beaucoup mais échoue parfois alors qu'il marque dans des positions plus difficiles !

 

Il est jeune, a une grande marge de progression, notamment dans sa protection de balle, mais je suis sûr que côtoyer des joueurs de la qualité de ceux des Girondins et surtout un entraîneur comme Jean Tigana lui permettrait de franchir un nouveau pallier. J'aime la philosophie de ce dernier, qui a lancé beaucoup de jeunes et qui a déjà montré combien il pouvait les faire progresser. Surtout qu'Anthony est quelqu'un de très à l'écoute, avec du tempérament mais un bon fond. »

 

Plus buteur que Chamakh

 

L'ancien formateur ose également la comparaison avec Chamakh au même âge. « Il est plus buteur que lui. À l'époque, Marouane était très altruiste, presque trop. En revanche, Anto pourrait s'inspirer de son mental. » Pour Jean-Louis Garcia, comme pour Jean-Pierre Papin, qui a loué samedi dans ces colonnes les qualités de l'attaquant croisé l'an passé en Ligue 2, il ne fait pas de doute que Modeste est capable de s'imposer immédiatement en L1.

 

« On a vu ces dernières années que les bons joueurs de L2 franchissaient le cap sans trop de souci : Ben Khalfallah, Koscielny, Hoarau… Je crois que la L2 est un peu sous-côtée. Sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas, je pense qu'Anthony, avec ses déplacements dans la profondeur, serait un bon complément à Cavenaghi, qui aime bien décrocher. » Et de conclure : « Je ne sais pas où ça en est, mais si ça se fait, ça serait bien ! »

 

(1) Souffrant d'une tendinite, il n'a pas été retenu pour le match de ce soir.