Kevin Anin, le blues du surdoué

Après un retour précipité dans sa famille au Havre début septembre, Kevin Anin, victime d’un nouveau gros coup de blues, vient tout juste de remettre les pieds à Nice, où il écrit le nouveau chapitre d’une carrière qui sonne comme un immense gâchis.

 

 

 

 

Autour de lui, un nuage sombre. Opaque. Un flou total entretenu par ceux qui cherchent à le protéger. De qui ? De quoi ? Là aussi, le mystère reste entier. Le cas de Kevin Anin, depuis toujours, draine plus de questions qu’il n’offre de réponses. Essayez de contacter ses dirigeants, ses proches, ses coéquipiers, anciens ou récents, la réponse sera identique. « Non, je ne veux rien dire sur lui ». Alexandre Lacombe, le président du FC Sochaux, n’a pas dérogé à cette règle tacite. « Je n’ai rien à dire à son sujet, chuchotait-il hier matin. Beaucoup de gens ont dit beaucoup de choses alors qu’ils ne connaissent pas le dossier. Et puis, le passé, c’est le passé ». L’avenir du milieu de terrain dans le monde du football professionnel semble, lui, plus que jamais écrit en pointillés.

 

Un milieu du football qu’il n’aime pas

 

Son passage à Sochaux (du 1 er juillet 2010 au 15 janvier 2012), premier club qu’il fréquentait loin du Havre, loin des siens, avait déjà laissé apparaître des comportements plus qu’étranges. Deux expulsions en l’espace de quinze jours, à Nice puis Lens, après des échauffourées, avaient marqué le début d’une descente aux enfers marquée, ensuite, par une fin d’année 2011 abracadabrante. À Bonal, on se souvient d’un garçon attachant qui était devenu « attachiant », manquant des entraînements en pagaille, s’absentant sur quelques matches alors qu’il était convoqué, manquant d’en venir aux mains avec quelques supporters après une rencontre face à Ajaccio… et mettant diablement dans l’embarras et son coach de l’époque, Mecha Bazdarevic, et Alexandre Lacombe. Un président tout heureux de parvenir à vendre à l’OGC Nice ce joueur au potentiel incroyable, mais qualifié, à juste titre, d’ingérable.

 

Ingérable, Kevin Anin l’est parce qu’il traîne un mal-être dont lui-même ne se cache même plus. On se souvient encore des longues discussions durant lesquelles il nous confiait « se demander ce (qu’il) faisait dans ce monde de p… », référence au milieu du football professionnel. Des mots qu’il avait repris dans une interview donnée à « L’Équipe ». Dans nos colonnes, il renchérissait : « Les gens disent ce qu’ils veulent de moi, je m’en fous ! Moi, je sais très bien comment je suis ».

 

Va-t-il rejouer ?

 

Garçon à la sensibilité exacerbée, Kevin Anin semble tout simplement mal dans sa peau. Et visiblement, ses difficultés ont pris une nouvelle ampleur cette saison. Le jour de la reprise de l’entraînement, Anin était déjà absent alors qu’un nouveau coach, et non des moindres (Claude Puel), venait d’arriver au club. Puis à la mi-septembre, après 45 petites minutes jouées à domicile face à Montpellier, le Normand de 26 ans prenait à nouveau la poudre d’escampette pour rejoindre son Havre natal. Là-bas, on dit qu’il passe énormément de temps avec sa maman, sa grand-mère, mais aussi ses amis d’enfance. « Et depuis ce nouveau départ, on n’en sait pas plus, reconnaît un confrère de Nice-Matin. Le club a simplement précisé qu’il allait prendre en charge son traitement, sans préciser duquel il s’agissait ». Les Niçois, en tout cas, ont constamment apporté un soutien total à Kevin Anin, qui serait revenu sur la Côte-d’Azur vendredi dernier. « Oui, il est rentré depuis quelques jours, il est en famille, confirme Puel. Il est passé voir ses partenaires, le staff et le club. Il est très heureux de revoir tout le monde, et c’est réciproque ». Pourtant, cette semaine, aucune trace du joueur au moindre entraînement. Il ne sera donc pas présent demain soir à Bonal, là où, en début d’année, il avait été hué comme personne d’autre avant lui pour son retour sous le maillot des Aiglons. « Franchement, la question n’est pas de savoir quand il reviendra, mais s’il pourra rejouer au football », reprend le journaliste niçois. Le mal-être semble en effet être profond. Pas surprenant pour ce joueur de tous les excès. Excès de sensibilité, toujours. Excès de violence, parfois. Excès de talent, surtout. Ce diamant brut qui ne sera jamais façonné. Comme si un boulanger de génie était allergique à la farine, comme si un guitariste héroïque ne supportait pas le moindre décibel, Kevin Anin possède un immense défaut : il exècre le milieu dans lequel il est pourtant capable d’exceller. 

 

 

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