Mendy, l’envol de l’Aiglon ?

À 19 ans, le nouvel attaquant du Racing Alexandre Mendy, prêté par Nice jusqu’en juin, avoue être perfectible. Mais le discret Aiglon, qui s’est entraîné hier matin pour la première fois avec le groupe, espère faire décoller sa carrière en Alsace et aider son nouveau club à se maintenir en National.

 



Il a lâché le nom sans l’ombre d’une hésitation. « Mon joueur préféré ? Zlatan Ibrahimovic. J’aime tout chez lui, surtout son caractère. » Hier midi, au beau milieu de l’interview qu’avaient sollicitée les médias régionaux, Alexandre Mendy a fait sourire ses interlocuteurs. Car depuis quelques minutes, le jeune attaquant niçois, prêté jusqu’en juin au Racing (sans option d’achat), donnait de lui une image aux antipodes de celle du Suédois, dont le personnage fait d’assurance pour les uns, d’arrogance pour les autres fascine les premiers et ulcère les seconds.


À 19 ans, le Toulonnais de naissance (le 20 mars 1994), Français de nationalité et Sénégalais d’origine a débarqué à la Meinau sur la pointe des pieds. Le « gamin », qui, tout jeune, avait croisé Yacine Abdessadki (*) à Toulon ( « son petit cousin jouait avec moi, Yacine ne se souvient pas de moi, mais moi, je me souviens de lui » ), est à l’évidence timide. Il a le verbe rare, mais posé. Jeudi, avant que le RCSA ne se manifeste, il évoluait encore à l’OGC Nice sous convention amateur. Jamais appelé dans le groupe pro, il était et est toujours le meilleur buteur du groupe C de CFA avec la réserve des Aiglons (9 buts).


Avec le club bas-rhinois, l’affaire s’est conclue en deux temps trois mouvements. « À Nice, on m’en a parlé jeudi soir et on m’a convoqué vendredi après l’entraînement. Avec mon agent, on a tout de suite dit oui. Le ‘’Gym’’ n’a pas fait de difficulté. Si la proposition était venue d’un autre club que Strasbourg, je ne pense pas que j’aurais accepté. »


Avant de le prêter, le club azuréen a toutefois pris la précaution de lui faire signer un bail stagiaire de six mois. Ça lui permet de garder la main et de pouvoir, le cas échéant, lui proposer avant le 30 avril un premier contrat pro auquel il ne pourra se soustraire. Pour l’instant, Alexandre Mendy, dont le cousin Nampalis, dit « Papy », a déjà disputé 20 matches de L1 cette saison sous la tunique rouge et noire, est à cent lieues de ces considérations.


« J’ai tout à apprendre »


Arrivé dimanche soir, l’attaquant formé à Toulon, puis passé par les 19 ans nationaux de Cannes avant de rejoindre Nice l’été dernier, n’a pas rencontré son nouvel entraîneur, François Keller, en stage à Clairefontaine. « Mais je l’ai eu brièvement au téléphone. Il m’a juste dit qu’il était heureux de mon arrivée. » En revanche, il s’est entretenu avec le président Marc Keller. « Il m’a mis à l’aise, en m’expliquant que je n’avais aucune pression à avoir, que j’étais juste là pour progresser. C’est exactement dans cet esprit que je suis venu. La porte de l’équipe pro à Nice m’était fermée pour l’instant. Le projet strasbourgeois est intéressant. On m’a parlé en bien du Racing. »


Le nouvel avant-centre strasbourgeois, qui avoue « aimer jouer comme point de fixation et être aussi capable de prendre la profondeur, même si je ne suis pas très rapide » , s’est fixé un objectif personnel chiffré : « Mais je le garde pour moi. Je suis surtout venu pour aider le club à se maintenir. Peu importe le système de jeu. Je m’adapte. »


Avec une humilité qui n’a rien de « zlatanesque », il reconnaît toutefois avoir « tout à apprendre. » Du Racing dont il ne connaissait aucun joueur et ne suivait pas les résultats. De l’environnement et de cette Meinau qu’il devrait découvrir vendredi contre Fréjus/Saint-Raphaël devant 8 à 10 000 spectateurs. « Ce sera une première pour moi de jouer devant autant de monde. » Du jeu aussi, puisque dans l’entourage de l’OGCN, on lui trouve des lacunes tactiques guère étonnantes pour un garçon de cet âge. « J’ai pu le constater dès la première séance : en National, ça va beaucoup plus vite qu’en CFA » , admet-il volontiers.


Autant dire que pour le RCSA, son prêt s’apparente avant tout à un pari. D’ailleurs, le club bas-rhinois cherche toujours avant la clôture du mercato hivernal vendredi le buteur expérimenté qui lui donnera davantage de certitudes. L’Aiglon a, lui, simplement six mois pour prouver qu’au pays des cigognes, il peut devenir un aigle du National.


(*) L’ancien milieu strasbourgeois, sans club depuis plus de deux ans, était hier matin au bord du terrain d’entraînement. Il a récemment refusé des destinations exotiques comme l’Égypte et l’Irak. Son ex-partenaire au Racing, l’entraîneur du FC Mulhouse, Gharib Amzine, l’a sondé. Mais l’ancien international marocain n’a pas donné suite.