Carlos Eduardo, le cinq majeur

C’est peu dire que la cellule de recrutement de Nice a eu le nez creux en cochant sur ses tablettes le profil de Carlos Eduardo. Hier, du côté de Guingamp, le milieu brésilien, prêté en toute fin de mercato par le FC Porto, a porté le Gym vers un succès mémorable (7-2). Il a surtout réussi l’immense exploit d’inscrire un quintuplé en Ligue 1. Cette performance rare n’avait plus été réalisée depuis Philippe Anziani, le 14 avril 1984, sous le maillot de Sochaux face à Toulon (8-2). Lors de cette même saison, le Messin Tony Kurbos s’était, lui, offert le 28 avril 1984 un sextuplé contre Nîmes (7-3). A l’extérieur, il faut remonter à 65 ans, en 1949 exactement, et un certain André Strappe, alors joueur de Lille. Bref, en l’espace de quelques semaines, Carlos Eduardo a déjà marqué l’histoire du championnat de France et permis de dépoussiérer quelques archives.


« Si je vis un rêve ? Oui, vous pouvez le dire. Cinq buts, je ne pouvais pas l’imaginer. Ça ne m’est jamais arrivé. Je suis heureux», a glissé le héros de cette 11e journée.


Prêté sans option d’achat


A Nice, ce joueur, méconnu du grand public à son arrivée en France, a été adopté après son coup franc victorieux lors du derby face à Monaco. Les recruteurs du club azuréen le suivent depuis son passage sous le maillot d’Estoril (2012-2013), club par lequel il a transité avant de s’engager au FC Porto à l’été 2013. Fin août, lorsque les dirigeants niçois apprennent qu’un prêt est envisageable, ils creusent la piste. Sans trop y croire. De son côté, Claude Puel part à la chasse aux renseignements et demande des « tuyaux » à Rui Barros et Costinha qu’il a côtoyés à l’ASMonaco.Malgré la complexité du dossier, les deux clubs parviennent à trouver un accord autour d’un prêt sans option d’achat, selon la volonté du club portugais. Le Gym possède, toutefois, un droit prioritaire sur un éventuel transfert dont le montant risque d’être bien trop élevé pour les finances niçoises (5-6 millions d’euros). Et, depuis hier, la cote d’Eduardo est montée en flèche. Grand fan de Zinédine Zidane, le natif de Ribeirao Preto, lieu de résidence des Bleus lors du Mondial 2014, a été touché par la grâce en Bretagne, maniant à merveille efficacité et élégance, l’un de ses cocktails favoris. « Ce n’est pas un Brésilien pour rien », s’amuse Alexy Bosetti. « Tu lui donnes un mauvais ballon, il te redonne un caviar », appuie Jordan Amavi. Claude Puel , le coach niçois abonde dans son sens : «Carlos a tout pour le plus haut niveau, la technique et la puissance. Il a un horizon fabuleux devant lui. Ce sont des joueurs comme lui qui donnent du bonheur au public. »

 

A 21 ans, le Brésilien avait déjà connu cinq clubs au Brésil (Desportivo, Sao Bento, Ituano, Fluminense, Barueri), avant de franchir l’Atlantique pour le Portugal. « La société qui détient mes droits avait des contacts particuliers avec Estoril », confiait-il récemment. A Porto, il démarre fort, avant de voir une blessure à une cheville freiner son ascension. Nice, déjà particulièrement inspiré au moment d’enrôler Dario Cvitanich en échec à l’Ajax Amsterdam, a une fois encore touché le gros lot. « Des coups comme ça à la dernière minute, j’aimerais toujours en faire », aime rappeler le président Jean-Pierre Rivère au sujet de sa pépite.