Un calvaire nommé Ben Arfa

Sûrement le meilleur joueur du Championnat depuis le début de la saison, l'ancien joueur de Newcastle fait vivre un véritable enfer aux défenses de Ligue 1. Ses victimes racontent. C'était son premier coup. Sa première percée. Sa première chevauchée. Son deuxième but de la saison, mais le premier qui a marqué la Ligue 1. C’était le 22 août à l’Allianz Riviera. Hatem Ben Arfa, parti avec le ballon à plus de 30 mètres du but de Vercoutre, effaçait quatre Caennais, se présentait sur la gauche du portier de Malherbe et envoyait un missile dans un angle fermé. La Ligue 1 venait de redécouvrir le vrai Hatem Ben Arfa. «J’étais impressionné sur le terrain, confie Damien Da Silva, défenseur du SM Caen et victime de HBA ce soir-là. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’était un calvaire mais, c’est vrai, cela a été très compliqué. Le coach (Patrice Garande) nous avait pourtant prévenus.» De là à être plus concentré que face à un autre joueur ? «Ça, je ne sais pas, mais tu sens tout de suite qu’il a un gros talent. Ça nous rassure presque qu’il n’ait pas brillé que face à nous. Quand il entre dans la surface lancé, c’est vraiment délicat.» Seul Guingamp a fait l'exploit Hatem Ben Arfa, c’est six buts et une passe décisive en huit matches joués. Des statistiques exceptionnelles. Ainsi, son équipe a toujours marqué un but à chaque sortie sauf à domicile face à Guingamp (0-1, 5e journée). Bravo donc à Jérémy Sorbon et les siens qui avaient réussi un exploit ce soir-là. «J’en garde forcément un bon souvenir, avoue-t-il. On avait plutôt bien défendu, la preuve : il ne marque pas et on gagne ! Mais le coach (Jocelyn Gourvennec) n’avait pas forcément ciblé Ben Arfa mais l’attaque en général. Il avait cité Germain, Pléa, mais aussi le milieu. Et on savait que si on était costaud derrière, on aurait des coups à jouer.» Les principales victimes de Ben Arfa cette saison ne nomment Bordeaux (7e journée, 6-1) et Saint-Étienne (8e journée, 4-1) où le joueur formé à Lyon a inscrit un doublé à chaque fois.

 

 

«Peut-être qu'on s'est un peu trop focalisé sur lui»


Samedi dernier, pendant les 45 minutes du match face à Nantes arrêté à la mi-temps à cause des intempéries, Ben Arfa n’avait pas marqué, mais quasiment tous les ballons passaient par lui. Léo Dubois, le latéral canari raconte. «C’est quelqu’un qui démarre bien, qui est tout le temps à la limite du hors-jeu, qui fait les appels juste. C’est dur de défendre sur lui surtout qu’il est en confiance en ce moment. On avait préparé ce match comme les autres. Ce n’est pas parce qu’il y a Ben Arfa en face qu’on allait changer notre manière de jouer. Il a créé du danger mais il n’a pas marqué. Peut-être, d’ailleurs, qu’on s’est un peu trop focalisé sur lui.»


«Parfois, on ne peut pas faire grand-chose contre le talent»


Mais alors comment faire ? Que peuvent conseiller les premières victimes de Ben Arfa aux défenses de Rennes, Ajaccio, Lille, Marseille ou Lyon, prochains adversaires des Aiglons en Ligue 1 ? «Ne pas être trop impatient, explique l’Angevin Romain Thomas, contre qui le Niçois avait livré une passe décisive sur coup franc pour Valère Germain (1-1, 4e journée), sinon tu vas t’énerver parce que tu n’y arrives pas. Ensuite, il faut éviter de se jeter et de vouloir à tout prix récupérer le ballon seul. Le but est de gagner du temps, le contenir le plus longtemps possible.» L’erreur principale que nos cinq défenseurs ont tous relevé est de ne pas se retrouver en situation de un contre un face au gaucher niçois.


«En départ arrêté, il est très vif donc il faut être plusieurs sur lui, au minimum deux pour l’entourer, confirme Damien Da Silva de Caen. Mais ensuite, comme il a un super coup de rein, si on est dépassé, il faut essayer de faire faute avant qu’il ne rentre dans la surface, c’est un moindre mal.» À ce sujet, Léo Dubois prolonge. «Comme il est toujours dans la feinte, il faut tant bien que mal le contrer sur ses crochets. De plus, il est indispensable d’être près de lui lorsqu’il est dos au jeu, parce que s’il se retourne...» Mais comme le dit Romain Thomas, du SCO : «Parfois, on ne peut pas faire grand-chose contre le talent.»