En début de saison, les équipes sont souvent en quête du match de référence susceptible de transmettre un capital de confiance pour le reste de l'année. L'OGC Nice a dû attendre septembre pour le trouver avec ce succès 4-0 contre Monaco, après un mois d'août mitigé en Coupe d'Europe et médiocre en championnat. La faute à une entame d'exercice éreintante matérialisée par deux doubles confrontations à partir de fin juillet contre l'Ajax, puis contre Naples dans le cadre des tours préliminaires de la Ligue des champions. La lourdeur de ce calendrier et son incertitude (une qualification ou non conditionne le budget du club pour l'année) ont conduit les dirigeants niçois à conduire cet été un mercato en plusieurs étapes.
Une première focalisée sur la conservation des figures de proue de l'effectif – le coach Lucien Favre et la star Mario Balotelli – et des recrutements discrets sur le plan médiatique de jeunes espoirs français (Lees-Melou, Makengo, Tameze). Une deuxième axée sur des arrivées plus retentissantes (Sneijder, Saint-Maximin) grâce aux ventes de joueurs (Eysseric, Dalbert). Ces phases sont intervenues avant le verdict du sort du Gym en Coupe d'Europe, c'est-à-dire en amont du match retour contre Naples. Les interrogations sur le départ ou non de l'international ivoirien Seri (dont le prix est fixé à 40 millions d'euros) ont aussi contribué à paralyser le recrutement de l'OGCN. Son départ avorté vers Barcelone à la mi-août a perturbé la bonne marche du groupe et conduit à l'absence pesante du joueur pour le match à Amiens (défaite 3-0) juste avant la trêve internationale. Une troisième période niçoise de transferts a eu lieu enfin lors des derniers jours du mercato fin août (Coly, Marlon, retour de N. Mendy) pour combler les manques de l'effectif à certains postes dus aux départs d'ex-joueurs-cadres.
Le danger de la décompression
Ce mercato, cohérent mais laborieux, souligne les difficultés que rencontre tout club intermédiaire voulant intégrer une caste plus huppée de grosses écuries : le chemin pour accéder aux sommets est tortueux et nécessite de la patience. Nice a terminé 3e du dernier exercice de la Ligue 1 en étant au départ le 10e budget du championnat. Forcément, le club azuréen se devait tôt ou tard de rendre des comptes pour savoir s'il peut tenir un tel rythme sur le long terme et confirmer d'emblée la saison d'après. La croissance fulgurante que connaît le Gym depuis deux ans doit être jugulée pour ne pas atteindre une surchauffe : éviter le dépouillement massif par de plus gros clubs de joueurs qui menace les clubs non habitués à faire d'aussi belles saisons et veiller à ce que le reste du groupe ne se relâche pas l'année qui suit. Les premières défaites en championnat, notamment contre Troyes et Amiens, ont montré que ce danger de décompression était bien au-dessus de l'OGCN. Mais l'équipe a aussi à cœur de prouver que son accession au podium de la Ligue 1 ne doit rien au hasard. Cette brillante victoire face à l'ASM doit permettre d'oublier ce calage au démarrage en août.
Nice cherche donc le rythme de croissance pouvant lui permettre de demeurer sur l'autoroute du succès. Pour ne pas être oublié des feux des projecteurs, l'OGCN s'est trouvé une spécialité : attirer chaque saison une grosse star en quête de relance. Hatem Ben Arfa a été le premier essai. Mario Balotelli lui a succédé et se voit désormais accompagné de Wesley Sneijder, arrivé cet été sur la promenade des Anglais. Mais pas question de céder aux sirènes de la folie des grandeurs, malgré l'intégration d'investisseurs chinois dans le capital du club. Ces recrutements n'ont pu s'opérer que parce que certaines ventes de joueurs ont rapporté de grosses sommes au club. « Notre partenaire n'a pas pour objectif d'injecter énormément d'argent. J'espère qu'on fera grossir nos recettes financières en même temps que le club va grandir. Et qu'on pourra augmenter notre budget et ainsi de suite. Mais il n'y aura pas d'injection majeure de fonds », déclarait le président Jean-Pierre Rivère dans L'Équipe il y a quelques semaines. Que Paris se rassure, il ne se fera pas chiper Neymar par Nice, tombé sous pavillon d'un milliardaire excentrique de l'empire du Milieu.