Candidat au rachat de l’OGC Nice, le milliardaire anglais souhaite également devenir propriétaire de l’Allianz Riviera. Une acquisition qui soulagerait la ville et renforcerait sa position.
Jim Ratcliffe (66 ans), le milliardaire anglais considéré comme la première fortune du Royaume-Uni, partage sa vie entre l’Angleterre, la Suisse et Monaco, notamment pour bénéficier d’une fiscalité avantageuse. Avant de porter son intérêt sur l’OGC Nice, il s’était renseigné sur un possible rachat de l’AS Monaco, puis il y a renoncé pour une raison simple : le stade Louis-II, propriété de la Principauté, n’est pas à vendre et il n’aurait jamais pu l’acquérir. Or, Ratcliffe veut être propriétaire du stade dans lequel son futur club évolue, afin d’être maître chez lui, de développer son business et de générer des revenus supplémentaires. Construit entre 2011 et 2013, en prévision de l’Euro 2016, financé par des fonds privés et publics, l’Allianz Riviera a coûté énormément d’argent aux collectivités locales et il risque d’être un puits sans fond pour la mairie de Nice. Elle en est le propriétaire mais le stade est administré par une filiale de Vinci, Nice Eco Stadium (NES).
Un rapport de la chambre régionale des comptes de la région PACA, datant de 2015, avait estimé le coût de l’Allianz Riviera pour la commune à environ 400 M€ net, au terme des trente ans de contrat. Dans ce même rapport aux conclusions alarmantes, il était constaté que les collectivités étaient responsables des coûts et des risques tandis que les partenaires privés étaient surtout concernés par les bénéfices. Christian Estrosi, le maire de Nice, sait pertinemment ce que coûte le stade à ses administrés et le poids qu’il représente pour sa commune. Le 20 avril, alors que la famille Ratcliffe avait déjà exprimé publiquement sa volonté de racheter l’OGC Nice, Christian Estrosi avait reçu plusieurs actionnaires du club dans le souci « d’être éclairé » sur la situation. « Sans m’ingérer dans la vie du club je suis attentif à l’avenir d’un investissement qu’a réalisé la ville de Nice», avait-il dit.
L’étau se resserre autour des propriétaires actuels
Outre son intérêt pour le Gym, Jim Ratcliffe est donc candidat au rachat de l’Allianz Riviera, un stade mis à disposition du club azuréen contre un loyer annuel d’environ 1,8 M€. Sans présager de sa pensée intime, le maire aurait un intérêt colossal à cette vente, qui allégerait les dépenses de la ville dans cet outil, à moitié rempli par les matches du Gym. Combien Ratcliffe pourrait investir dans cette opération ? Acquérir le stade de Nice lui coûterait autour de 250 M€, selon les experts interrogés. Auxquels il faut ajouter le prix d’achat du club. Initialement valorisé autour de 80 M€, le Gym aurait pu être lâché aux Anglais autour de 90 M€, en mars, lorsque les protagonistes se sont rencontrés. Un chiffre que la famille Ratcliffe serait prête à dépasser pour accélérer le processus, et la barre des 100 M€ (dettes comprises à hauteur de 22 M€, soit le montant de l’emprunt contracté en décembre à un fonds d’investissement luxembourgeois par les actionnaires en place) pourrait être allégrement dépassée.
Entre le stade et le club, les Anglais seraient donc prêts à injecter plus de 350 M€, sans compter les investissements qu’il leur faudra réaliser pour construire l’équipe dont ils rêvent et tenir leurs promesses. Et à ce niveau-là, ils ont été cash : ils veulent placer l’OGC Nice juste derrière le Paris SG.
Et les actionnaires sino-américains dans tout cela ? Voilà plusieurs mois qu’ils ne se disent pas intéressés par la vente. Les tensions qui ont récemment gagné les tribunes de l’Allianz Riviera, dans lesquelles l’appel à la démission des actionnaires en place – dont Chien Lee, l’homme fort du club – a parfois été accompagné de banderoles insultantes (« Niçois maître chez nous que le Chien obéisse») les ont plutôt braqués. Ils ont peu goûté le bras de fer et l’intimidation et, autant qu’une histoire d’argent, ils feraient de cette vente une affaire d’orgueil et de figure. Mais combien de temps pourront-ils tenir face aux promesses de Ratcliffe et à l’assurance de réaliser une plus-value historique, eux qui étaient venus pour ça ? Combien de temps pourront-ils se dresser face à un homme qui a promis au maire de lui racheter son stade et de lui enlever un énorme caillou de sa chaussure ? Si l’étau se resserre et que les prix grimpent, c’est peut-être pour bientôt…