Le tour des clubs : OGC Nice

L'Equipe fait son traditionnel tour des clubs avant la reprise qui aura lieu le 10/08. Aujourd'hui, c'est au tour de Nice.

 Le mercato pour plus tard

 

Le recrutement est bloqué par le processus de vente du club et la qualité de l’effectif s’avère préoccupante. L’OGCN se dirige vers une saison intermédiaire.


Autour du 15 août dans le meilleur des cas, mais peut-être plus tard, une fois validées les dernières formalités nécessaires au processus de vente, l’OGC Nice deviendra officiellement la propriété de Jim Ratcliffe (66 ans), considéré comme l’homme le plus riche du Royaume-Uni. C’est imminent mais chaque jour compte, car il est temps que la situation se débloque. À l’exception de l’arrivée de Khéphren Thuram et des départs d’Olivier Boscagli, de Romain Perraud et de Jean-Victor Makengo – des mouvements mineurs, validés d’un commun accord par l’actuelle direction chinoise et la future –, le recrutement est à l’arrêt et les prochains dirigeants ont déjà raté de nombreux joueurs.

 

Ils auraient par exemple aimé se positionner sur les ex-Parisiens Christopher Nkunku ou Moussa Diaby, mais le timing de la vente a rendu les tractations impossibles. Juridiquement, rien n’aurait empêché les futurs anciens actionnaires chinois et les Anglais de travailler ensemble, mais les premiers n’ont pas souhaité jouer le jeu de leurs successeurs. Et surtout pas celui de Julien Fournier et de Jean-Pierre Rivère, anciens directeur général et président du club, assurés de revenir aux affaires avec Ratcliffe ; ils étaient leurs associés, ils sont aujourd’hui leurs pires ennemis.

 

Un arrière gauche, un milieu offensif et deux attaquants sont nécessaires


Le recrutement s’accélèrera-t-il soudainement lorsque le milliardaire sera propriétaire du club ? Ou sera-t-il déjà trop tard ; au point de voir les Anglais reporter leurs premiers investissements à l’été 2020, eux qui ont affiché l’ambition de concurrencer Lyon et Marseille pour se situer derrière le Paris-SG ? La réalité semble entre les deux. Durant les deux semaines qu’il devrait leur rester, de mi-août à début septembre, les futurs propriétaires tenteront de combler les manques, mais on se dirige plus vers un recrutement intelligent que spectaculaire. L’hypothèse de voir le Gym construire une saison 2019-2020 dite intermédiaire se renforce. Ce serait la seconde d’affilée, après deux campagnes de recrutement plutôt décevantes.

 

À ce jour, le Gym a besoin d’un arrière gauche de haut niveau ; d’un ailier percutant pour remplacer Allan Saint-Maximin, dont le départ pour l’Angleterre (Newcastle ou Watford), au tarif de 22 millions d’euros, est en bonne voie ; d’un avant-centre, poste en jachère depuis le départ de Mario Balotelli ; mais aussi d’un milieu offensif technique, plus créatif que Pierre Lees-Melou, Wylan Cyprien ou Danilo ; et éventuellement d’un arrière central en cas de départ de Malang Sarr. Car la période de flottement n’a pas non plus permis aux futurs patrons d’avancer sur les possibles prolongations de Walter Benitez et de Sarr, sous contrat jusqu’en juin 2020. Et ça aussi c’est un contretemps.

 

Compte tenu du retard pris cet été, Ratcliffe et ses hommes risquent de devoir finaliser en deux semaines ce que d’autres clubs auront eu trois mois pour réaliser. Tout est possible, en se souvenant par exemple que Fournier, pressenti pour récupérer son poste de directeur général, abandonné en janvier, avait obtenu les arrivées de Belhanda et de Balotelli, au dernier jour du mercato, le 31 août 2016. Mais, à l’époque, il travaillait sur ces dossiers depuis des mois.

 

À ces contrariétés, il faut ajouter l’absence de Benitez, blessé, pour la première journée de L 1, le 10 août contre Amiens, et celle de Youcef Atal, touché à une clavicule durant la CAN, dont le retour est espéré fin septembre. Les matches amicaux ont été inégaux et le Gym reste sur une défaite 6-1 contre Burnley.

 

Et Patrick Vieira dans tout cela ? Il est fâché avec Rivère et Fournier, qui l’avaient fait venir à l’été 2018 avant de s’en aller sept mois plus tard, ce qu’il n’avait pas apprécié. Dans quel état d’esprit vont-ils se retrouver ? L’intérêt du club incite à la réconciliation, d’autant que Ratcliffe veut garder Vieira. Audelà des problèmes de recrutement et de terrain, il faudra régler les différends personnels. Et ce ne sera pas simple.

 

 

 

Lʼavis de L'Equipe

 

Il faut souhaiter aux futurs propriétaires de pouvoir rapidement renforcer l’équipe, et notamment le secteur offensif, sous peine de vivre une saison loin des ambitions de Jim Ratcliffe. Il faudra aussi surveiller l’atmosphère au sein du club, où de nombreuses tensions sont à redouter lorsque la nouvelle équipe – qui est aussi l’ancienne – va reprendre le flambeau et se frotter au clan Vieira. Nice avait raté son début de saison, l’an passé, et avait couru derrière pendant des mois. Avec Amiens et Nîmes au programme des deux premières journées, il y a mieux à faire.

 

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Cyprien, son année, enfin ?

 


Saison 2016-2017 : emmené par Lucien Favre, l’OGC Nice réalise la meilleure saison de son histoire en Ligue 1 en termes de points (78). Il est champion d’automne et terminera la saison à la troisième place, derrière Monaco et le Paris SG. Cette année-là, Wylan Cyprien, âgé de vingt-deux ans, se révèle à la France comme un futur grand, huit buts, trois passes décisives en L 1 et une influence incontestable sur le jeu du Gym. Il est, à l’époque, aux portes de l’équipe de France et dans le viseur du PSG. Et puis, le 10 mars 2017, dans un match de Championnat contre Caen (2-2), c’est l’accident bête ; à la réception d’un saut, l’ancien lensois se blesse gravement au genou droit. Victime d’une rupture du ligament croisé antérieur, il lui faudra attendre huit mois pour revenir à la compétition, en décembre 2017. Depuis ? Il s’est beaucoup battu mais n’a pas été récompensé. Il a parfois retrouvé son niveau de jeu, mais par séquences seulement, et a beaucoup perdu de sa valeur marchande (de 25 M€ à 14 M€, selon le site Transfermarkt). En avril, il s’est à nouveau blessé, aux adducteurs cette fois, et son club a été particulièrement vigilant sur les conditions de son retour. Au Gym, où il est sous contrat jusqu’en 2021, tout le monde croit encore en lui, mais cette année doit être la sienne, pour rebondir, enfin, et aider le Gym à passer, avec lui, dans l’ère Ratcliffe.

 Photos ogcnicemédia, afp