Des ultras influents

Jean-Pierre Rivère a eu le temps de préciser ses premières déclarations effectuées le soir du match, car celles-ci avaient d’abord surpris. On s’attendait à voir le président du Gym insister sur la responsabilité des Marseillais dans les incidents. Beaucoup moins à ce que soit tue celle des supporters de la tribune « Populaire Sud », pourtant à la base de l’arrêt du match par leurs jets de bouteilles et l’intrusion de plusieurs dizaines d’entre eux sur le terrain.
« Ce sont des choses qu’on considère comme inadmissibles, et qu’ils considèrent aussi comme telles, précise le dirigeant. Selon eux, ce ne sont pas des gens de leur groupe (les Ultras Populaire Sud) qui ont jeté des bouteilles. Mais quoi qu’il arrive, ils sont plus que disposés pour qu’on ne revoie plus jamais ça à l’Allianz Riviera. » 


Située derrière ce qui était le but de Steve Mandanda en première période, puis de Walter Benitez en seconde, la « Populaire Sud » sera fermée lors des quatre prochaines réceptions de l’OGC Nice, comme en a décidé hier le préfet des Alpes-Maritimes. C’est la tribune où se regroupent les supporters ultras niçois héritiers de l’ancienne BSN (Brigade Sud Nice), association dissoute par les autorités en 2010. Elle est à la fois le poumon et la voix de l’enceinte niçoise. Et la direction du club sait la choyer.


« Les ultras font vivre notre stade, aime répéter Julien Fournier, l’homme fort du club au quotidien. Un club qui a des supporters présents, forts, c’est un avantage. » Bien aidé par André Bloch, l’ancien directeur de la sécurité du club justement mis à l’honneur avant le coup d’envoi, dimanche, car partant à la retraite, le duo Rivère-Fournier a toujours eu le souci d’entretenir les meilleurs rapports avec ce groupe. Quand les deux hommes avaient piloté le rachat du club par Ineos, lors du premier semestre 2019, ils avaient su emporter son adhésion. Jusqu’à l’arrivée effective du groupe de pétrochimie britannique, les Ultras n’avaient ainsi cessé de témoigner leur hostilité aux propriétaires sino-américains en place.


« La direction du club, y compris son directeur de la sécurité, est au mieux naïve, au pire compromise avec les Ultras», assure un spécialiste de la sécurité dans les stades. Rivère dément des rapports trop étroits. « Nous ne sommes pas proches et nos relations ne sont pas aussi fluides qu’on l’imagine, souligne-t-il. On a toujours eu avec eux une position très claire : on se dira toutes les choses, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. On n’a pas des relations copain-copain, mais on a des relations très claires. »


Les filets de retour en tribune « dans les meilleurs délais », selon le préfet


Hier matin, des représentants des Ultras se sont réunis au club avec les dirigeants du Gym pour débriefer la soirée de la veille. « Nous condamnons fermement les jets de projectiles ainsi que l’envahissement du terrain, ont publié les « Ultras Populaire Sud » dans la journée. À l’avenir, toute personne membre du groupe dont le comportement pourrait porter préjudice au groupe et au club sera exclue. »


« Ce qui est incompréhensible, c’est que le club ait autorisé les Ultras à revenir en tribune basse sans mesure compensatoire, comme a minima des grilles plus hautes, voire des filets démontables sur les matches sensibles », pointe le même spécialiste de la sécurité. Pour les deux sujets, les dirigeants niçois renvoient la balle. «Les filets, ça fait deux ans qu’on en a fait la demande à l’exploitant du stade (Nice Eco Stadium) », explique Fournier. Le préfet a confirmé qu’ils seront installés « dans les meilleurs délais ». Quant à l’emplacement des Ultras, « c’est quand nous n’étions pas là que le président Ganaye – peut-être pour se mettre bien avec les supporters – a décidé de les faire passer en bas, répond Rivère. Maintenant, c’est compliqué de les faire monter. Avec les filets qui seront mis, on fera en sorte que ce soit sécurisé. »