À défaut de gagner des trophées, les dirigeants d’Ineos construisent rapidement une belle collection d’entraîneurs qui s’enrichit au fil des mois et des déceptions : propriétaires de l’OGC Nice depuis août 2019, les Britanniques veulent embaucher cet été leur sixième technicien après Patrick Vieira, Adrian Ursea, Christophe Galtier, Lucien Favre et Didier Digard, nommé le 9 janvier pour redresser une équipe perdue.
Il y est d’abord brillamment parvenu, en enchaînant quatorze matches sans défaite, mais l’élan s’est brisé au moment du quart de finale de Ligue Europa Conférence perdu face au FC Bâle (2-2, 1-2 a.p.). Entre les blessures et les secousses de l’affaire Galtier, qui a éclaté à la veille du match aller en Suisse, le 12 avril, Digard ne manque pas de circonstances atténuantes et les joueurs conti- nuent d’aimer travailler avec lui. Cela ne s’est pas toujours vu sur le terrain, notamment contre Strasbourg (0-2, le 13 mai), et il sait bien que ses chances de con- server sa place sont quasi nulles. Inscrit pour passer le BEPF, il n’envisage pas non plus de retrouver un rôle d’adjoint, qui pourrait faire de lui une menacepour le nouvel entraîneur. Alors qu’il est prévu depuis février de faire le point en juin, ses dirigeants n’ont pas acté la fin de la collaboration mais ils ont déjà sondé des successeurs.
C’est ici que tout se complique, car les idées sont aussi nombreuses que les courants qui traversent le club. Quand il est devenu directeur sportif en octobre dernier, Florent Ghisolfi ne pouvait pas aspirer à la liberté dont il jouissait à Lens, car il doit composer avec les décideurs britanniques. Directeur du sport d’Ineos, Dave Brailsford s’implique à l’OGC Nice depuis un an et il adore ça. Le Gallois a une voix qui porte auprès de Jim Ratcliffe, le grand patron qui a ses propres idées pour le Gym, et il n’est pas le seul directeur général d’Ineos Sport depuis janvier, Jean- Claude Blanc active aussi ses réseaux et il a penséà une connaissance du Paris-SG, Thiago Motta, pour reprendre l’équipe. L’entraîneur de Bologne est un nom parmi d’autres car Ghisolfi a suivi des pistes différentes, en regar- dant aussi vers ses anciens clubs. Il a réfléchi à Franck Haise, qui ne va pas quitter Lens, et au Lorientais Régis Le Bris, qui est plus accessible mais qui séduit moins Ineos, davantage convaincu parRoberto De Zerbi, au-dessus de tout ça puisqu’il affole la Premier League avec Brighton (actuel 6 e ).
Potter, le mieux placé
Il est difficile de faire l’unanimité, mais un homme a assez d’atouts pour mettre tout le monde d’accord : il s’agit de Graham Potter (48 ans), intéressé par le projet et libre depuis son limogeage de Chelsea. Plusieurs sources affirment que l’Anglais est prêt à colla- borer avec la cellule performance mise en place par Ghisolfi, qui prend de la place dans le staff, et des rendez-vous ont déjà eu lieu. Il n’est toutefois pas encore l’heure de foncer car le club vit un printemps au ralenti, dans l’at- tente du dénouement de la vente de Manchester United. En concurrence avec des investisseurs qatariens, Ineos est obnubilé par ces tractations dont l’issue aura un impact sur le Gym. Sans MU, il restera le club ma- jeur de la galaxie Ratcliffe. Avec MU, il passera au second rang, même si les Britanniques ont toujours tenu un discours ras- surant. Mais avec ou sans MU, les dirigeants niçois aimeraient sur- tout avoir des nouvelles de leurs patrons pour savoir où ils vont, le plus vite possible.