Todibo, la mauvaise passe

Les performances du défenseur niçois sont en baisse et sa nervosité augmente alors qu’il joue gros en cette fin de saison

 

À force de défaites et de places perdues au classement, la frustration a gagné les rangs niçois. Et l’état de nerfs dans lequel s’est retrouvé Jean-Clair Todibo après la défaite contre Montpellier (1-2), vendredi, est l’illustration de la tension actuelle. Sitôt après le coup de sifflet final de M. Buquet, le défenseur des Bleus (24 ans) est allé saluer les supporters de la Populaire Sud, avant de s’énerver contre l’un d’entre eux, un fan qu’il croise régulièrement à la sortie de l’entraînement, avec le- quel il a parfois discuté et qui, à cet instant, l’aurait insulté.

 

« À quoi tu joues ? », lui a notamment lancé le défenseur du Gym, étonné entre le décalage de leur relation à l’entraînement et l’agressivité de la scène du soir. Au pied de la tribune, l’explication a été vive et interminable, Dante a tenté de contenir son partenaire en furie et la scène a livré une drôle d’image du rapport joueurs- supporters en cette période. D’autant que vingt minutes plus tôt, une partie du stade avait conspué Khephren Thuram, au moment de son remplacement par Morgan Sanson à la 73e mi- nute. Dans un souci d’apaisement, Todibo est ensuite retourné converser pacifiquement avec le supporter en question, avant de se présenter devant les médias, pour dégonfler l’affaire et arranger les bidons.

 

« Oui, ç’a chauffé entre un sup- porter et moi, a-t-il dit. Je suis respectueux et n’accepte pas qu’on me manque de respect. La situation est compliquée, il y a de la frustration de leur côté, c’est respectable. J’ai parlé avec cette personne, c’est apaisé, je ne suis pas rancunier. »

 

Il ne dégage plus la même assurance, comme vaincu par l’atmosphère bizarre du moment

 

Rancunier ou pas, « JC » comme on l’appelle au Gym, n’est pas dans une bonne passe et sa nervosité du moment survient deux mois et demi après son expulsion au Havre (1-3, le 16 décembre), à la suite d’une altercation avec Sa- muel Grandsir, l’attaquant nor- mand. Ce jour-là non plus, le défenseur central niçois (24 ans) n’avait pas su se contrôler et la commission de discipline avait sanctionné sa sortie de piste de trois matches de suspension. Trois matches en moins qui lui avaient un peu coupé les jambes, de son propre aveu, et sans doute participé à ce qu’il soit moins bien début 2024.

 

Infranchissable pendant la période faste du Gym, entre août et décembre, Todibo a réalisé un début de saison formidable. Il a notamment occupé la première place au classement des notes obtenues dans L’Équipe et a été appelé deux fois par Didier Des- champs, lors des rassemblements de septembre et de novembre. Et puis, petit à petit, dans un collectif qui a perdu en fiabilité, il s’est mis à baisser d’un ton, ne dégageant plus la même assurance, comme vaincu par l’atmosphère bizarre du moment et sans s’expliquer comment il était devenu fébrile, lui aussi. Ce but marqué vendredi contre son camp (le premier de sa carrière), d’un dégagement dévissé du mollet parti dans le petit filet de Marcin Bulka, a été le symbole du vent qui tourne.

 

Devant tant de malchance, Todibo n’a pas pu s’empêcher de sourire, assommé par la tournure des événements. On com- prend l’ironie de la situation, mais les supporters niçois, ulcérés de voir leur équipe s’écrouler, peut- être un peu moins. Jeudi, le sélectionneur livrera sa liste pour les matches contre l’Allemagne (le 23 mars) et le Chili (le 26) et To- dibo, qui se sent pourtant mieux physiquement actuellement, semble avoir pris du retard sur la concurrence.

 

Sent-il la situation et l’Euro lui échapper, et cela peut-il expliquer une telle nervosité ? Commence-t-il à regretter d’avoir fait cette ultime saison au Gym, en voyant la phase retour partir à vau-l’eau ? S’inquiète-t-il de voir chuter sa cote auprès de certains clubs européens (Manchester United l’avait sollicité en août) avec l’enlisement de son équipe ? Plus que son niveau de performance du moment, dépendant d’un collectif qui a perdu le fil, c’est d’abord son manque de maîtrise et sa nervosité qui étonnent. Surtout chez un joueur de ce niveau.