Petits salaires, grosses responsabilités

Indiscutables titulaires de l’OGC Nice, Marcin Bulka, Khephren Thuram et Youssouf Ndayishimiye ne sont pas parmi les dix joueurs les mieux payés du club. Pour des raisons différentes.

 

Bulka, la doublure devenue patron

Marcin Bulka (24 ans) est probablement le joueur le plus régulier et le plus performant du Gym, cette saison, et l’un de ceux dont la valeur marchande reste la plus élevée. Mais le gardien polonais se situe loin dans la hiérarchie des salaires niçois avec ses 55 000 € bruts mensuels, très en dessous du salaire moyen de l’effectif, estimé à 125 000 €. Comment peut-il être aussi in- dispensable à son club et être aussi « mal » payé, par rapport à ses coéquipiers ? Lorsque l’OGC Nice a officiellement levé, en juillet 2022, l’option d’achat pour Bulka, alors prêté par le PSG, le Polonais venait de passer sa saison au Gym en tant que doublure de Walter Benitez. Il était un gardien prometteur, doté d’un immense potentiel, mais son transfert n’avait coûté que 2 M€ àNice – une superbe affaire pour les Aiglons, un peu moins pour le PSG – et son contrat de quatre ans s’est alors situé à la hauteur de sa valorisation du moment. Un mois après son transfert définitif à Nice, Bulka était barré comme numéro un par la venue de Kasper Schmeichel et, là-aussi, sa rémunération est devenue conforme à son statut de deuxième gardien. Depuis, le Polonais s’est imposé à Nice, il a chassé Schmeichel et fait probablement partie des trois meilleurs gardiens de L1. Ses émoluments ne correspondent pas à ses performances et il « mériterait » sans doute de gagner trois fois plus, mais il faudrait pour cela qu’il prolonge son contrat avec Nice, alors que de nombreux clubs européens le sollicitent déjà.

 

Thuram, statu quo depuis 2021

 

La « problématique » pour Khephren Thuram (22 ans) est un peu la même que pour Bulka. Le milieu de terrain avait signé son premier contrat professionnel au Gym, en 2019, plutôt qu’à Monaco, où il venait de passer deux ans comme aspirant. Ce premier contrat pro de quatre ans avait été prolongé par les dirigeants niçois en septembre 2021 et Thuram avait alors bénéficié d’une belle augmentation de salaire, autour de 95 000 € mensuels brut, jusqu’au 30 juin 2025. Depuis deux ans et demi, rien n’a bougé, alors que le cadet des Thuram a notamment connu sa première sélection en équipe de France A, en mars 2023. Titulaire indiscutable à Nice et international A, Thuram n’est pas dans le top 10 des salaires niçois. Il le serait s’il avait prolongé une seconde fois son contrat avec le Gym mais ça n’a pas été le cas. À la fin de sa cinquième saison niçoise, il devrait quitter Nice en juin prochain.

 

Ndayishimiye , le joueur clé de Farioli

 

En janvier 2023, le Gym s’est offert Youssouf Ndayishimiye (25 ans), alors que le milieu de terrain évoluait depuis trois ans en Turquie, d’abord à Malatyaspor, puis à Basaksehir, depuis 2021, où il n’avait pas un gros salaire. Le transfert avait été conclu pour 11,5 M€, en raison notamment d’une forte concurrence sur le marché européen, mais le joueur burundais ne jouissait pas à l’époque d’une grande réputation internationale et il est logique que son salaire à Nice, en augmentation par rapport à ses revenus en Turquie, ne se situe pas non plus dans le top niçois. Depuis, Ndayishimiye est de venu l’un des joueurs clés du système de Francesco Farioli, dont l’entraîneur ne se passe jamais dans son onze de départ. La grille des salaires ne dépend pas toujours du temps de jeu et des responsabilités d’un joueur dans son équipe. Que Ndayishimiye perçoive autant que Romain Perraud (110 000 € mensuels bruts également) peut sembler curieux, vu de l’extérieur, mais la doublure de Melvin Bard au poste d’arrière gauche est prêtée gratuitement par Southampton, un club réputé dur en affaires, et le Gym paye l’intégralité de son salaire.

 

 Dante, une nouvelle baisse pour encore prolonger ?

 

En 2019, Dante (arrivé au Gym en 2016) avait prolongé une première fois son contrat à Nice jusqu’en 2021, en échange d’une baisse de salaire, passant alors de 250 000€ bruts mensuels à 150 000€. En décembre 2020, deux mois après s’être rompu les ligaments croisés d’un genou, le Brésilien avait vu ses dirigeants lui prolonger son contrat d’un an, jusqu’en juin 2022, ce qui avait été un immense soulagement pour lui et une grande preuve de confiance de la part de son club, alors qu’il avait 37 ans. En mai 2022, il était à nouveau prolongé d’un an, jusqu’en 2023, et idem l’an passé. À 40 ans, et alors que son contrat s’achève au 30 juin prochain, faut-il s’attendre à une cinquième prolongation de contrat du capitaine des Aiglons? «Dante c’est l’identité de l’OGC Nice et il sait que son avenir est ici, répondait dernièrement Florent Ghisolfi, le directeur sportif du Gym. On est dans le dialogue. À quel moment on avancera, la suite nous le dira. Aujourd’hui, il se sent bien et je pense qu’il veut continuer. On arrive dans la période où cela va se décider.» La formule «Dante sait que son avenir est ici» pose bien le décor et se résume ainsi : ses patrons ne l’imaginent pas ailleurs qu’à Nice, où il jouit d’un contexte professionnel et personnel idéal. Mais cette cinquième prolongation ne serait possible que si Dante baisse une nouvelle fois son salaire - sous la barre symbolique de 100 000€ bruts mensuels ? -, en considérant notamment qu’il aura 41 ans en octobre. Tout cela mérite d’être discuté et c’est le cas actuellement.

 

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